M pour Montréal : N Nao brouille la ligne entre la réalité et les rêves

Entrevue réalisée par Stephan Boissonneault

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L’artiste montréalaise d’ambient-dream-pop Naomie de Lorimier s’est produite au sein de divers projets de l’underground québécois, depuis plusieurs années, notamment avec Klô Pelgag, Joni Void, Laurence-Anne et, plus récemment, Jonathan Personne ainsi que Lumière. Avec son propre projet, N Nao – une collaboration entre son partenaire d’écriture, Charles Marsolais-Ricard, Lysandre Ménard (Lysandre, Helena Deland), Étienne Dupré (Duu, zouz, Klô Pelgag) et Samuel Gougoux (TDA, Corridor, Kee Avil, VICTIME) – Naomie crée une pop onirique obsédante et pertinente ignificative qui touche nos cordes sensibles et notre âme.

Avec son éventail d’échantillonneurs, ses guitares acoustiques et ses « delays » vocaux, la musique de N Nao ressemble au chant d’une sirène, vous attirant tout doucement pour vous montrer un monde imaginaire – mais accessible – de tranquillité et de grâce.

Le simple La plus belle chose est le premier extrait du deuxième album de N Nao, prévu pour mars prochain. Avant sa prestation à M pour Montréal le 16 novembre au Ministère (avec Bibi Club, Valence, et Witch Prophet), nous avons parlé avec Naomie de cette version de son nouveau simple, des rêves lucides et de sa nouvelle étiquette, Mothland.


PAN M 360 : Bonjour Naomie. Félicitations pour ton nouvel extrait. Qu’est-ce qui a mené à cette version « bigger band » de La plus belle chose?

Naomie de Lorimier : Quand j’ai sorti l’EP, la version acoustique devait être la démo pour la version album. Je n’étais donc pas censée sortir la version plus ancienne avec guitare et voix. Mais j’ai senti que je devais le faire parce que… je ne sais pas trop. Parfois, on sent qu’il faut faire quelque chose! J’aime vraiment ces enregistrements maison en direct avec peu d’instruments. Cette nouvelle version a en fait deux ans, mais je viens juste de la sortir.

PAN M 360 : La dernière version est magnifiquement mixée,  très apaisante et très transe. J’adore les échantillonnages de cordes.

Naomie de Lorimier : Merci! Cet échantillonnage de cordes est né d’une conversation entre moi et Charles Marsolais-Ricard, qui est comme la moitié de N Nao. On fait souvent des jams et il a des idées d’échantillons à mélanger avec mes textes. C’est très intéressant d’avoir cette relation avec lui.

PAN M 360 : Il est donc le cofondateur de N Nao avec toi?

Naomie de Lorimier : Exactement. Il est là depuis le début. Ce sont mes chansons, c’est mon écriture, mais Charles est la première personne qui a entendu une chanson de moi.? Donc il est vraiment important dans l’histoire du projet.

PAN M 360 : Et pour le processus créatif aussi?

Naomie de Lorimier : Oui, exactement. Nous parlons toujours de musique. Nous vivons ensemble et nous aimons les rebondissements et les concepts; il est comme un maître en histoire de l’art, si je peux dire, donc d’un point de vue conceptuel, c’est lui le noyau.

PAN M 360 : Dans votre musique, vous utilisez beaucoup de sons trouvés comme échantillons. S’agit-il d’enregistrements que vous faites vous-même ou que vous puisez dans une bibliothèque d’échantillons?

Naomie de Lorimier : Je joue vraiment avec les bandes. J’ai un Tascam quatre pistes et, depuis le début du projet, j’ai enregistré sur des bandes. Juste des choses de mon quotidien, quand je me promène dans la forêt, je suis dans un parc ou quand je fais du skate. Pour moi, les cassettes sont super démocratiques. On peut en acheter une pour un dollar chez Renaissance et j’ai plusieurs magnétophones. Donc je les utilise comme des « enregistrements de terrain », dans notre musique. Et comme nous avons aussi un studio à la maison. Beaucoup de pièces de l’album, peut-être la moitié, sont faites maison.

PAN M 360 : Cela fait donc partie intégrante de votre processus artistique?

Naomie de Lorimier : Oui, c’est très important pour moi. J’aime collectionner des choses comme des fleurs, des pierres, des sons. Et vous savez, la vidéo, donc tout cela fait partie de la même archive. Comme de l’archéologie archivistique? Les enregistrements sur le terrain ressemblent plus à une routine quotidienne, peut-être à une sorte de rituel. Parce que je suis surtout inspirée par mes rêves. Et mes recherches sont vraiment subconscientes. Donc, c’est un peu comme si je le faisais sans savoir quel sera le résultat. Et puis, quand je réécoute mes trucs, j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui les ai faits. C’est un peu comme avec mes vidéos parce que je tourne en 8 mm. Donc, quand je les regarde deux ans plus tard, j’ai l’impression que c’est arrivé dans un rêve.

PAN M 360 : Tu as dit que tu es en quelque sorte inspirée par tes rêves. Alors, est-ce que tu aimes écrire tes rêves au réveil? Ou est-ce que tu te souviens des sentiments ou des pensées qu’ils contiennent?

Naomie de Lorimier : C’est une question très intéressante parce qu’on peut devenir meilleur, pour se souvenir de ses rêves. Si vous les expliquez à quelqu’un et si vous parlez de vos rêves dans votre vie quotidienne, vous relierez d’une certaine manière votre conscient et votre subconscient. Comme, en ce moment, nous parlons de rêves. Alors peut-être que dans mon rêve, je me souviendrai de cette conversation et ce sera comme une sorte de miroir. Donc j’aime les raconter à mon compagnon quand je me réveille. Mais aussi, quand j’étais à Concordia, j’ai essayé d’appliquer des techniques. Par exemple, quand on se réveille, on ne boit pas de café, on retourne à ses rêves et on essaie de faire un rêve lucide.

PAN M 360 : Oui, le rêve lucide m’a toujours échappé…

Naomie de Lorimier : J’ai l’impression que ce genre d’entraînement, c’est pour devenir plus poreux, comme la frontière entre mon domaine conscient et mon domaine subconscient. Ainsi, lorsque je suis inconsciente, je sens que je peux retourner à cet état. Comme lorsque je joue de la musique et que je compose, j’essaie de revenir à cet état.

PAN M 360 : Donc vous faites souvent des rêves lucides?

Naomie de Lorimier : C’est difficile de devenir un « rêveur lucide », car cela demande beaucoup d’entraînement. Mais une fois j’ai rêvé d’une installation, et j’ai vraiment eu l’impression de l’avoir compris. Et après, je l’ai refaite dans la vraie vie, dans mon cours de sculpture. Et c’est à ce moment-là que je m’en suis le plus rapprochée. Mais, oui, je ne suis pas encore très bonne. C’est super difficile de voler dans un rêve, par exemple.

PAN M 360 : Maintenant que tu fais sur étiquette Mothland, est-ce que change ta démarche artistique d’une quelconque manière?

Naomie de Lorimier : Ma pratique artistique n’a pas vraiment changé. Mais peut-être que je suis peut-être plus confiante, maintenant, grâce à ces gens vraiment enthousiastes, qui ont confiance en ce que je fais. Quand j’aime, je leur parle. Je me sens plus entourée. Et avoir des gens autour de moi me donne envie de consacrer plus de temps à mon art. C’est donc très agréable.

PAN M 360 : Je t’ai vue en concert plusieurs fois et, chaque fois tu portes la même robe et tu finis par vaporiser de l’eau dessus. C’est un peu comme du théâtre, d’une certaine façon.

Naomie de Lorimier : Oui! J’aime appliquer ma formation artistique à mes performances musicales et j’aime brouiller la ligne entre ce qui est réel et ce qui est, en quelque sorte, un rêve. Pour que le public se dise « Qu’est-ce que je viens de voir? »! Avec l’eau, c’est comme si je me nettoyais, un peu comme quand on prend un bain; ça peut être sensuel d’une certaine façon. Et je suis comme une nageuse, donc quand je le fais sur scène, je me sens rafraîchie. Et oui, je le fais quand je chante Water and Dreams. J’ai donc fait le lien avec cette chanson!

N NAO JOUE LE 16 NOV. 16 NOVEMBRE AU MINISTÈRE AVEC BIBI CLUB, VALENCE, ET WITCH PROPHET. BILLETS ICI!

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