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Le groupe indie-rock torontois Kiwi Jr. est sur le point de reprendre la route, avec sous le bras Chopper, son troisième album paru en août dernier. Ce groupe est surtout connu pour ses airs pop-rock ensoleillés, aux paroles quelque peu surréalistes et sardoniques. Or, il s’est réinventé avec Chopper. Plutôt que d’être axé sur des riffs joyeux et des pièces instrumentales édifiantes, comme on en a entendu sur les albums précédents – Football Money (2019) et Cooler Returns (2021) –, Chopper s’avère plutôt sombre et nocturne (lors d’une entrevue, les membres du groupe l’ont appelé « Kiwi dans la nuit »). Voici donc une parution prometteuse que les fans ne voudront pas manquer.
Kiwi Jr. est formé de Jeremy Gaudet (guitare et chant), Mike Walker (basse), Brohan Moore (batterie) et Brian Murphy (claviers et guitare). Dans ce dernier opus, le groupe a mis des synthés dans ses compositions, pour la première fois. Brian Murphy est donc passé de la guitare principale aux synthés. Ils ont également collaboré avec le réalisateur Dan Boeckner, connu pour son travail avec Wolf Parade, Handsome Furs et Divine Fits. En s’écartant de sa formule à succès, Kiwi Jr. fait mouche. Chopper élargit le son du groupe, tout en complétant le caractère fluctuant, volatile et ample des chansons. PAN M 360 a discuté avec le chanteur-guitariste Jeremy Gaudet, une semaine avant le spectacle de Kiwi Jr. au marathon M pour de Montréal, dans le Mile-End.
PAN M 360 : Avec la sortie de Chopper, une tournée européenne derrière la cravate et un tas d’autres spectacles à venir, comment vous sentez-vous en ce moment?
Jeremy Gaudet : Plutôt bien! Nous sommes toujours aussi enthousiastes à l’idée de promouvoir l’album, cela ne fait que deux mois, donc il est encore tout frais pour nous et nous nous amusons toujours autant sur scène.
PAN M 360 : Avez-vous découvert quelque chose de nouveau en jouant sur scène, ces derniers temps?
JG : C’est très différent parce que nous avons Brian qui joue des claviers; il ne l’avait jamais fait avant cet album. Nous avons ajouté tellement d’éléments sur l’album. L’un de nous devait s’occuper des synthés. C’est un truc stimulant à essayer.
PAN M 360 : Vous avez mentionné que la blessure à la tête de votre producteur Dan, le deuxième jour de l’enregistrement, a changé le cours du disque en le rendant plus axé sur les synthés. Est-ce que cette réorientation aurait pu se produire d’une autre manière?
JG : C’est juste une histoire drôle que nous racontons aux gens; nous avions toujours prévu d’avoir des synthés sur le disque, c’est pourquoi Dan voulait le réaliser. Le traumatisme crânien a été un moment très marquant, et ce qui était intéressant à ce sujet, c’est que nous avons mis à la poubelle presque tout ce nous avions fait durant les deux premiers jours. Puis nous sommes passés en mode synthé, alors que normalement on enregistre d’abord toutes les pistes de base. C’est un peu ce que cette blessure a fait à Dan, genre « Au diable ces pistes »!
PAN M 360 : Y avait-il des artistes dont vous vouliez vous inspirer, comme point de départ pour votre première incursion dans les synthés?
JG : Oui, tout un tas. Destroyer, beaucoup de trucs pop comme The Weeknd. Des trucs des années 80, comme Rod Stewart. Aussi beaucoup de trucs de Dan, comme Handsome Furs. Deftones a beaucoup d’infrabasses aux synthés; c’est ce que nous avons fini par essayer, pour renforcer certains refrains. Nous écoutons beaucoup de musiques différentes, juste pour voir quelles sont les tonalités que nous aimons.
PAN M 360 : On a l’impression que votre public s’est développé beaucoup plus rapidement que la moyenne des groupes indés canadiens. Est-ce que vous avez l’impression que cela s’est produit rapidement aussi, ou est-ce ce à quoi vous vous attendiez?
JG : Je n’ai pas vraiment d’échelle de mesure pour ça, mais c’est toujours agréable d’avoir plus de gens à ses concerts que ce à quoi on s’attendait. Quand nous étions en Europe, nous étions inquiets lorsque nous jouions dans des endroits comme Bruxelles, et que nous ne connaissions pas une seule personne là-bas à ajouter à la liste des invités. Mais ensuite, vous arrivez au concert et c’est plein, et vous vous dites « Comment est-ce arrivé? ». C’est plutôt sympa. Il faut qu’on retourne là-bas.
PAN M 360 : Vous avez mentionné que vous avez pratiquement écrit les dix chansons de Chopper l’une après l’autre, par opposition à une approche plus « naturelle ». Cette façon de travailler était-elle nouvelle pour vous?
JG : C’était la première fois que je pouvais me permettre de faire ça. Normalement, oui, on choisit des trucs lors des répétitions, on les met de côté et, après un an, on a tous ces riffs et ces « demi-chansons ». Et quand on arrive à la création de l’album, on récupère et on assemble toutes ces pièces détachées. Avec cet album, c’était une expérience différente.
PAN M 360 : En ce qui concerne l’écriture de vos chansons, vous êtes de plus en plus connus pour la poésie énigmatique de vos textes. Je me demandais si vous pouviez raconter un peu l’histoire derrière les paroles de Downtown Area Blues.
JG : En général, je dis aux gens que j’ai écrit les titres des chansons au départ, pour ce disque; c’est certainement le cas pour beaucoup de chansons. Mais pour celle-ci, j’ai eu une idée : je pensais que l’album avait besoin d’une autre chanson uptempo, et j’ai eu l’idée d’une séquence de rêve où je me retrouvais littéralement piégé dans un entrepôt, en ville. Nous avons un entrepôt où nous mettons tout notre matériel et nos articles, lorsque nous ne jouons pas; c’est un endroit cauchemardesque, donc j’ai eu cette idée. Et puis, c’est terrible de se trouver au centre-ville de Toronto la nuit. Si vous allez à un match des Raptors ou des Bluejays, ou autre chose en plein centre-ville et que vous essayez de rentrer chez vous, ça devient un scénario de chaos et de cauchemar. C’est l’idée de la chanson; son thème est le réveil. Cela peut être n’importe quoi, de l’insomnie – ne pas pouvoir dormir et devoir attendre le matin pour savoir ce qui se passe – à être littéralement piégé dans un entrepôt et devoir attendre que quelqu’un vienne vous libérer.
PAN M 360 : Vous considérez-vous comme un cinéphile? Y a-t-il des films qui vous ont inspiré lorsque vous avez travaillé sur Chopper?
JG : J’aime les films, mais je ne me qualifierais jamais de cinéphile. Je sais que lorsque nous réalisions la maquette, nous parlions beaucoup des films de Michael Mann. Ce genre d’ambiance de paysage urbain solitaire, les impressions nocturnes.
PAN M 360 : Vous avez aussi d’autres références cinématographiques là-dedans, non? Comme celle du blouson « scorpion » dans Drive?
JG : Cette phrase est mal interprétée par les gens. Je me souviens de la sortie de ce film, pendant des années les mecs branchouilles ont porté ce blouson comme costume d’Halloween. Et au bout d’un moment, c’est devenu le signe que ce type est soit un trou du cul ou un fanatique. Donc c’est de là que ça vient!
PAN M 360 : Qu’est-ce qui se prépare pour Kiwi Jr. en 2023?
JG : Nous avons un tas de concerts, mais ils n’ont pas encore été annoncés. Nous sommes en train de mettre les choses en place, mais nous allons sur la côte ouest pour une semaine, à la fin du mois, avec Cloud Nothing. C’est notre prochain concert. On pense toujours au prochain album, mais on est toujours en mode Chopper.
IMPORTANT : Kiwi Jr. devait se produire à M pour Montréal le vendredi 18 novembre; le concert aura lieu lors du « Volet pro » le samedi 19.