Love You More : arôme des années 80, nostalgie « mature »…

Entrevue réalisée par Jade Baril
Genres et styles : folk-pop / indie pop / post-punk

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Composé du chanteur Daniel Grigsby, du guitariste Jonathan Barriault et du claviériste et réalisateur Rodrigo Rubilar, le trio montréalais Love You More vient de rendre publique la chanson Full of lies, soit la première d’une série de quatre que le groupe lancera à des intervalles de quatre semaines au cours de la belle saison. 

Plus précisément, les chansons The Colors Match, Swipe to Reload et This Time sortiront respectivement  le 25 juin, le 23 juillet et le 13 août.

Le style post punk / folk pop  de Love You More plaira aux amoureux des années 80. Elle fera remonter dans le temps chez les uns, ce sera chez les autres ce  sentiment de n’avoir jamais pu vivre cette période aux mille et un mouvements musicaux. 

PAN M 360 : Pouvez-vous décrire votre rôle au sein du groupe et raconter comment celui-ci a pris forme?

Jonathan Barriault : Je suis le guitariste du groupe. Love You More est né au courant de l’année 2019. Depuis plusieurs années, Daniel et moi faisions de la musique ensemble, mais c’étaient surtout des séances d’improvisation entre musiciens sans se prendre au sérieux. À un certain point, nous avons eu le goût réaliser quelque chose de plus « professionnel » et c’est à ce moment que j’ai eu l’idée de contacter Rodrigo. Je le côtoyais depuis longtemps. Nous nous sommes rencontrés à l’école il y a de ça quelques années et nous avions toujours gardé contact. Je connaissais aussi ses habiletés de musicien, donc nous avons commencé à répéter avec Rodrigo. Et voilà, le groupe a pris forme ainsi. 

Rodrigo Rubilar: De mon côté, je m’occupe de l’enregistrement et de la réalisation. C’est sûr que ces éléments représentent un effort collectif, mais je m’y consacre afin d’enregistrer tout ce qui concerne la technique, la réalisation et le mixage. Plus spécifiquement, j’ai joué des synthétiseurs. Pour la partie composition, nous travaillons  à trois.

Daniel Grigsby : Je suis le chanteur. J’ai aussi joué de la basse sur quelques pièces, de la guitare rythmique et de la batterie. Cependant, Jonathan a produit la majorité des parties de guitares et je me suis plus consacré aux autres éléments.

PAN M 360 : Vous avez réalisé, en invitant Rodrigo lors d’une soirée d’improvisation entre musiciens, que votre projet avait le potentiel de devenir sérieux?

Jonathan Barriault : C’était le but en invitant Rodrigo parce que je savais qu’il allait contribuer grandement au groupe. Je le connaissais en tant qu’ami, mais également comme musicien. J’avais ce pressentiment que, grâce à lui, tout allait s’enligner pour que le projet devienne sérieux. Mais surtout, c’était d’avoir la capacité d’enregistrer adéquatement. C’était difficile pour Dan et moi de le faire ça à deux. Donc, avec Rodrigo, cela a été plus simple et agréable. De plus, il a introduit les synthétiseurs à notre musique, qui fut une excellente idée.

PAN M 360 : Quels mouvements musicaux ou artistes vous ont inspiré pour arriver à votre son?

Jonathan Barriault : Je ne sais pas trop, mais le nom Love You More vient d’une chanson de John Martyn (1948-2009) que Daniel a découverte.

Daniel Grigsby : Nous avons beaucoup écouté du smooth adult contemporary des années 1980, comme John Martyn d’ailleurs. Un mouvement musical un peu moins populaire qui se passait dans la même période que le punk était à son apogée. C’est un style plus délicat tout en ayant mis de l’avant des pédales de chorus et de la guitare. Ce n’est pas vraiment du post-punk, mais ça se rapproche. C’est ce style de musique d’ambiance, qui, jusqu’à tout récemment, était un peu oublié des années 80 qui nous interpelle. 

Rodrigo Rubilar : En ce qui me concerne, je suis plus porté à écouter n’importe quel genre musical, tant qu’il y a une progression mélodique. 

PAN M 360 : Les chansons ont-elles pris une direction qui n’était pas prévue lorsque vous avez commencé à écrire?

Jonathan Barriault : C’est une bonne question. En général, les chansons prennent forme surtout en studio, qui est aussi notre cas puisque nous ne les avons pas encore jouées live. Peut-être qu’éventuellement nos pièces évolueront. Nous avons construit chacun des morceaux à partir de croquis de session d’improvisation entre Daniel et moi, lui à la batterie et moi à la guitare. À ce moment-là, peut-être qu’on jouait plus fort, moins délicatement. Mais, avec ce que Rodrigo a apporté au groupe, c’est devenu plus du 80’s d’ambiance dont Daniel parlait plus tôt.

Rodrigo Rubilar : Les pièces sont construites de façon qu’elles débutent par une introduction à la guitare, qui est l’idée la plus ordinaire possible. Et ça évolue tout au long de la chanson. Ce qui arrive dans chacune des chansons, ce sont les dernières secondes où l’accent est sur la voix et les textes. C’est pour cette raison que les trois ensembles, dans la manière que nous interagissons, soit à distance ou face à face, nous nous influençons de manière positive pour créer un meilleur son.

Jonathan Barriault : Tu as un bon point. On parle souvent en musique de ce qui vient avant, soit les textes, la voix ou les instruments, et nous étions plus à l’aise de commencer avec une structure instrumentale et par la suite ajouter les voix. 

Daniel Grigsby : Nous n’aurions jamais pu prédire que certaines de nos pièces seraient aussi complexes qu’elles le sont maintenant. C’est probablement la surprise la plus chouette. 

PAN M 360 : En quoi est-ce un défi de produire de la musique en pandémie?

Jonathan Barriault : Nous avions déjà passé à travers tout ce qui concerne la structure des pièces et les voix. L’enregistrement était en majorité complété. Ce fut plus difficile pour la post-production de Rodrigo. Il nous envoyait des suggestions et nous communiquions en ligne. Il s’est tapé la grosse partie du travail de studio finalement avec Daniel et moi qui nous lamentions.

PAN M 360 : À quel moment avez-vous débuté à produire vos chansons?

Jonathan Barriault : Nous avons commencé au courant de l’année 2019. Il nous a fallu consacrer un peu plus de temps afin de déterminer la façon dont nous allions faire paraître nos chansons. Nous avons aussi dû discuter de la production. Finalement, nous avons pris la décision de nous auto-produire. Nous aurions pu faire paraître nos pièces un peu plus tôt, mais nous voulions être sur la même longueur d’ondes avant tout. Donc, tout ce processus et  la communication à distance ont causé du retard.

Rodrigo Rubilar : Il faut préciser qu’on produit tout, jusqu’à l’esthétique qu’on peut voir sur SoundCloud. Nous utilisons les outils que nous connaissons dans chacune des sphères de la production de musique. 

Jonathan Barriault : Quelquefois, on se donne corps et âme sur certaines choses que nous n’aurions pas à gérer si nous avions décidé d’être avec un label. C’est pour cette raison que le processus a été plus long que prévu. Malgré tout, ça rend l’expérience intéressante.

PAN M 360 : Comment s’est passé l’enregistrement dans un studio maison? 

Rodrigo Rubilar : Nous avons fonctionné de manière à ce que que tout soit enregistré séparément. À un moment, nous avons enregistré seulement de la batterie dans un ancien local de répétition tandis que les trames de guitares ont été jouées dans un petit espace chez moi. On enregistrait avec l’équipement que j’avais en ma possession. Nous avons tous un peu d’équipement, mais j’ai été assez malade pour mettre tout mon argent là-dessus. 

La grosse différence d’avoir enregistré dans un studio maison plutôt que dans un studio officiel est d’avoir pu travailler progressivement en prenant le temps de travailler chacun des éléments, que ce soient les notes de synthétiseurs, la voix de Daniel ou bien la guitare. De cette façon, nous pouvions retravailler chacune des parties d’une chanson, versus être dans un studio où nous aurions fait une prise de son de groupe. Par contre, la dernière pièce qui sera partagée, This Time, est une prise de son de groupe. Nous l’avons enregistrée chez moi, en une seule prise, lorsqu’on pouvait encore se réunir. Il y avait même certains de nos amis qui étaient présents dans le salon. Nous avons enregistré la partie instrumentale en  entier, nous avons ajouté la partie vocale  par la suite. 

PAN M 360 : Quels sont vos prochains plans?

Jonathan Barriault : Nous sommes présentement à promouvoir  notre première chanson. Nous contactons le plus de gens possible dans notre entourage afin de faire connaître le tout. Pour la suite des choses, nous avons déjà d’autres pièces qui sont presque terminées, qu’il faudrait éventuellement achever mais… on est plus dans le lancement de ces quatre pièces. Nous allons, par la suite, nous lancer dans le prochain album ou prochain EP.. 

Rodrigo : Il y a des remixes un peu particuliers qu’on va sortir bientôt. C’est une idée que nous avons eue de reprendre des chansons et de les retravailler de manière à ce qu’elles sonnent un peu impressionniste. L’ambiance recherchée est d’écouter la musique au bord d’un lac, assis à contempler un feu de camp et la nature, pendant que notre musique joue derrière dans une petite radio. Ce sont des expériences qu’on fait en ce moment, je ne sais pas si nous allons en reprendre toutes les chansons.

PAN M 360 : Quelle impression ou sentiment voulez-vous laisser à travers ces 4 chansons?

Jonathan Barriault : C’est l’idée de nostalgie et aussi l’idée de légèreté, c’est-à-dire une nostalgie plus mature, sans ce côté sombre qui peut nous habiter quand nous sommes plus jeunes.

Daniel Grigsby : Nous voulions faire ressentir ce que nous avons ressenti des chansons qui nous ont influencés. Ledit sentiment est vraiment une mélancolie mature. Jonathan et moi étions dans des groupes punks auparavant, et le sentiment que nos pièces expriment plus de maturité avec une certaine dose d’humour puisque, ultimement, la vie ne devrait pas être prise au sérieux.

PAN M 360 : Avez-vous un souhait?

Daniel Grigsby : Je souhaite tout simplement que les gens aiment notre musique. Je suis vraiment excité que notre première chanson ait paru et de voir la réaction des autres. Heureusement, les choses vont changer et nous allons pouvoir monter un spectacle. Nous avons vraiment hâte!

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