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L’album des LBDA, Right Back, sorti en 1999, constituait une coda appropriée pour un groupe qui a perdu son énigmatique leader, Bradley Nowell, en raison d’une overdose d’héroïne juste avant que des légions de fans obsédés, de l’extérieur de leur fief de la Californie du Sud, n’entendent parler de Sublime pour la première fois.
Mais les mélomanes qui les ont suivis d’assez près pour s’enticher des LBDA ont longtemps déploré que le groupe se soit retiré dans une relative obscurité après la sortie malheureuse de son deuxième album studio, Wonders of the World, le 11 septembre 2001. Le groupe a implosé peu de temps après en raison d’un mélange de conflits de personnalités, de problèmes de consommation et de l’effondrement général en cette période de fin du monde.
Le leader des LBDA, Opie Ortiz – dont les premiers faits d’armes ont été le dessin de l’omniprésent logo en forme de soleil de Sublime en guise de tatouage pour Nowell et par la suite d’être le bel édenté figurant sur la couverture de Robbin’ The Hood – et ses amis, ex-amis et camarades de groupe allaient former et abandonner une foule de projets, comme celui du groupe de collaborateurs de Hepcat, Dubcat, et Long Beach Shortbus, avec la perspective d’une réunion des LBDA de moins en moins probable au fur et mesure que passaient les décennies.
L’histoire d’hier à aujourd’hui est trop chargée pour qu’on s’y attarde. La bonne nouvelle est simplement que les LBDA sont de retour avec un troisième album éponyme qui frappe, mêlant le reggae roots et un ska tempéré, et n’a rien à voir avec la nostalgie. Des noms comme Miguel Happoldt, Jack Manness, Marshall Goodman et Tim Wu (que beaucoup connaissent en tant que membres de Sublime ou des LBDA) sont de retour, tout comme le chanteur/compositeur Ortiz.
Et si les regrettés frères Ikey et Aaron Owens sont peut-être mieux connus pour leur travail avec Jack White et Hepcat, respectivement, les LBDA faisaient partie de la famille, et leur décès, comme l’explique Ortiz, a été le point de départ de l’histoire des Long Beach Dub Allstars, qui a redémarré le 29 mai.
PAN M 360 : Je vais commencer par vous demander, pourquoi maintenant, après toutes ces années ?
Opie Ortiz : Je pense que c’est arrivé quand nous faisions des enregistrements de bébés ici et là. Miguel et moi, on travaillait sur des morceaux. Miguel enregistrait constamment différentes personnes pour différents morceaux. Nous nous occupions à de petites choses. En fait, nous voulions recommencer à faire de la musique, alors Miguel, Marshall et moi avons décidé de sortir quelques chansons.
Nous travaillions avec Aaron et Ikey Owens. Ils faisaient partie intégrante des Long Beach Dub Allstars et de Dubcat, une autre formation avec laquelle nous avons enregistré, et ils sont décédés de façon très rapprochée autour du 25e anniversaire de Skunk Records.
Nous avions travaillé sur des pistes avec eux et pour être honnête, je voulais être sûr que ces pistes soient utilisées pour le projet LBDA, car c’est à cela que nous avions tous consacré notre temps, vous savez.
Cela dit, avec leur décès, il a fallu pousser un peu pour terminer les pistes. Nous avions cinq pistes sur lesquelles nous avions travaillé, et il y en avait d’autres sur la table qui n’étaient pas assez avancées. Nous avons aussi fait quelques concerts, ce qui nous poussait aussi. Nous avons fait quelques festivals et ç’a été le début de notre retour.
Aaron Owens a en fait écrit le motif de guitare [pour la chanson Owens Brothers de l’album commémoratif] et me l’avait envoyé en disant : « Regarde, ça, c’est pour toi. » J’ai laissé passer un peu de temps, puis j’ai commencé à écrire sur eux dans la chanson et c’est arrivé comme ça.
PAN M 360 : Il y a une certaine nostalgie dans ce disque, en même temps qu’un sentiment d’épanouissement, comparativement aux projets précédents des LBDA.
OO : Si vous écoutez la chanson Breakfast Toast, c’est comme si cela s’était passé une nuit, vous voyez ce que je veux dire ? Je reprends juste quelques trucs qui se passaient, des petites choses amusantes, et c’est mon analogie. Certains pourraient dire que ce temps est perdu à jamais, mais quand on est là dans l’instant, rien n’est perdu. Tout est parfait. Alors vous trinquez à ne rien faire et faites la fête. (rires)
All Gone Crazy, c’est comme si votre copine vous rendait fou d’une certaine manière et que vous deviez… pas nécessairement la faire se tenir tranquille, mais deviez lui dire, « sais-tu quelle heure il est ? » De drôles de petits rappels que nous devons avoir ma copine et moi.
J’y ai travaillé pendant un moment, puis elle s’est mise à fredonner une autre air dessus. « Qu’est-ce que tu fais ? Tu veux me ruiner ! », lui ai-je alors demandé. Elle m’a fait remarquer que cela lui rappelait une chanson de ce groupe appelé Dry & Heavy. J’ai donc fini par en faire une interpolation dans Gone Crazy, et c’est arrivé comme ça. Je ne l’ai pas forcée, mais elle a pris forme ainsi. Elle m’a donc un peu aidé. Elle m’a aidé avec Owens Brothers. Ma fille aussi m’a aidé, « tu devrais utiliser tel mot au lieu de tel autre », ce genre de choses. Des petites nuances.
PAN M 360 : Vos enfants sont-ils conscients de l’héritage de votre groupe ? Celui-ci est-il important à leurs yeux ?
OO : Oui, ils en sont très conscients. Mon salon rend hommage à la musique et les plaques de Sublime y sont. J’ai aussi beaucoup de photos de Brad, et de tout le monde de cette époque. Ils savent donc très bien qui est qui et pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Ils rigolaient en disant : « Comment se fait-il que tu n’aies pas sorti de musique depuis si longtemps, papa ? » Eh bien, voyez-vous, je vous ai élevés !
PAN M 360 : Je suis un adepte old-school de Sublime et un grand fan des deux premiers albums de LBDA, et c’était excitant à l’époque de voir et d’entendre votre groupe faire tourner les choses et continuer. Cela dit, le nouveau disque se tient très bien et montre où les LBDA se dirigeaient à l’époque. Comment les décisions créatives prises aujourd’hui ont-elles permis de combler ce fossé ?
OO : Je pense que ça tient au fait que nous avions quelques chansons écrites qui étaient prêtes, et d’autres que nous allions faire selon la bonne vieille méthode des Dub Allstars où, disons, j’ai le refrain, et nous demandons à Moises des Tomorrow’s Bad Seeds, Jack et Tim, et ils réussissent à assembler Easy en une nuit. Ça, ce sont les vieux LBDA, quand nous sommes quatre ou cinq types dans une pièce et que nous cherchons des idées, que nous y allons et écrivons.
C’est ainsi que la pièce Lonely End [de l’album Wonders of the World] est née, et pour beaucoup des chansons des Dub Allstars, c’était notre formule. Cette fois-ci, nous avons fait nos devoirs avant, nous avons préparé les chansons et nous avons décidé qui (pouvait nous aider). C’a été un processus assez rapide.
PAN M 360 : Le premier disque est sorti à la fin de l’année 1999, quand tout le monde était paranoïaque, et le deuxième le 11 septembre 2001. Et voilà que cet album sort en plein milieu d’une pandémie mondiale et d’une révolution sociale, des réflexions à ce sujet ?
OO : J’essaie de ne pas y penser. Croyez-vous que Picasso ou Salvador Dali se souciaient, à leurs débuts, de savoir si quelque chose se passait dans le monde extérieur ? (rires) Probablement que pour eux, « ce qui se passait, c’était leur prise de conscience. »
Bien sûr, qu’il faut en être conscient, dans une certaine mesure. Et le 11 septembre, oui, nous avons été plutôt étouffés par toute l’histoire. Celui-ci devait être lancé le 17 avril et [la direction du groupe] a décidé d’attendre parce qu’il semblait que ce truc allait prendre des proportions. Je pense que cette musique est encore plus nécessaire maintenant. Elle peut vraiment aider les gens. En 2001, nous étions tous tellement désemparés par ce qui était arrivé que nous n’écoutions même pas de musique. Mais quand on y repense, on se rend compte que Wonders comptait quelques-unes de nos meilleures pièces.
C’est drôle de penser au passé, mais maintenant que je considère cet album, je sens qu’il est plus accompli, et qu’il raconte une bonne histoire. Même si après tout, ce n’est qu’un peu de reggae et de ska.