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Trois soirs consécutifs à la Maison symphonique, Dead Obies, Alaclair Ensemble, Koriass, Sarahmée, FouKi et son beatmaker Quiet Mike partagent la scène avec l’OSM sous la direction éclairée de Dina Gilbert, et pour cause : ces dernières années, la maestra québécoise a dirigé l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’Orchestre national de Lyon dans le contexte de programmes symphoniques mettant en scène les célébrissimes artistes hip-hop MC Solaar, I AM, Youssoupha, Arsenik, Bigflo & Oli. Au tour du rap keb de fréquenter l’univers symphonique !
Au cours des dernières années, Dina Gilbert a dirigé de nombreux orchestres au Canada tels que l’Orchestre symphonique de Montréal (dont elle fut cheffe assistante de 2013 à 2016), l’Orchestre métropolitain, l’Orchestre symphonique de Québec, le Toronto Symphony Orchestra et le Hamilton Philharmonic Orchestra. La musicienne originaire de la Beauce est aujourd’hui directrice musicale de deux orchestres au Canada, soit l’Orchestre symphonique de l’Estuaire (Québec) et le Kamloops Symphony Orchestra (Colombie-Britannique). Qui plus est, elle est régulièrement invitée à diriger à l’étranger, en Europe comme aux États-Unis.
La revoilà au pays du rap et c’est pourquoi PAN M 360 l’a rencontrée.
PAN M 360 : Vous avez déjà vécu une expérience symphonique avec le hip-hop. Comment voyez-vous celle-ci à Montréal, comparativement à ce que vous avez vécu précédemment?
DINA GILBERT : En effet, j’ai eu la chance de participer à de tels concerts symphoniques avec artistes hip hop en France il y a quelques années, et c’est d’ailleurs à la lumière de ces expériences que j’avais particulièrement hâte à une première rencontre de ce genre avec l’Orchestre symphonique de Montréal. C’est toujours rafraîchissant de trouver un point de rencontre entre deux styles musicaux qui partagent beaucoup plus de points communs qu’on ne le pense.
PAN M 360 : Comment dirige-t-on des artistes hip-hop dans un contexte symphonique?
DINA GILBERT : Dès le début, j’ai été épaté de la distribution d’artistes québécois incroyables de même que par la qualité des arrangements signés par Blair Thomson (qui sera d’ailleurs au piano pour l’occasion). J’ai bien apprécié aussi le fait qu’en plus de l’orchestre « acoustique » nous avons aussi conservé le son des « instrus » créés par les DJ/beatmakers. C’était vraiment intéressant de découvrir la façon de travailler de chaque artiste/de chaque groupe afin de comprendre comment nous allions pouvoir recréer l’expérience avec cette fois-ci, un « méga gros band » d’une soixantaine de musiciens. Lorsque je dirige une symphonie de Beethoven, je n’ai pas d’un « clic » à l’oreille (référence métronomique), mais c’est le cas ici en raison de la superposition des « instrus » des DJ diffusé en même temps que l’interprétation des arrangements symphoniques. Je dois donc constamment assurer une précision millimétrée de ma gestuelle, afin que tout s’imbrique parfaitement avec les repères de chacun afin que le « flow » (ou les paroles) des artistes puissent se poser naturellement sur la musique.
PAN M 360 : Comment conserver le groove tout en mettant en relief toutes les sections et les interprètes de l’orchestre?
DINA GILBERT : Dans certains cas, le mimétisme reste la meilleure façon de comprendre et recréer un groove faisant partie de l’accompagnement (instru) original. J’ai en tête quelques passages où l’incroyable organiste Jean-Willy Kunz doit jouer de façon un peu décalé « dans le fond du beat » et c’est grâce à ce genre de passage que d’un seul coup, tout l’orchestre se met à groover. Blair Thomson a vraiment donné des heures de gloire à chacune des sections grâce à sa relecture qui souligne encore davantage toute l’inventivité de la musique rap. Il faudra y être pour le découvrir…
PAN M 360 : Croyez-vous que les artistes hip-hop peuvent être transformés par une telle immersion?
DINA GILBERT : Certainement, et c’est tellement agréable de travailler avec eux. J’ai vu leur curiosité et leur étonnement au fil des répétitions. Certains me disent déjà qu’ils aimeraient bien avoir l’OSM pour leur petit band de tournée Et déjà, si on fait une reprise, ils voudront certainement qu’on rajoute l’octobasse…
PAN M 360 : Quelles sont selon vous les valeurs ajoutées au rap par une telle expérience symphonique?
DINA GILBERT : Une telle immersion symphonique met en lumière à quel point nos deux univers (orchestre symphonique – musique rap), ont beaucoup plus de similitudes que de différences. Nous sommes tous en quête du bon son, de la bonne couleur, de la précision rythmique, et surtout de vibrer avec le public ce que nous savons faire de mieux : la musique.
L’OSM AU RYTHME DU HIP-HOP EST PRÉSENTÉ LES 29, 30 ET 31 MARS, 20H À LA MAISON SYMPHONIQUE.
POUR INFOS ET BILLETS, C’EST ICI
PROGRAMME
ARTISTES ET OEUVRES
Orchestre symphonique de Montréal
Dina Gilbert, cheffe d’orchestre
Alaclair Ensemble
Dead Obies
FouKi
QuietMike
Koriass
Sarahmée
Blair Thomson, orchestrateur
Hugo Bégin, orchestrateur
Marcella Grimaux, Conception scénique et conception des éclairages
Mathieu Poirier, concepteur des éclairages
Arthur Bourdon-Durocher, opérateur – séquences sonores
Julie Abran, régisseure de plateau
CRÉDIT PHOTO: ANTOINE SAITO