Émergent aux Nuits d’Afrique: le judaïsme métissé de Kallisto

Entrevue réalisée par Frédéric Cardin

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En avril dernier, Productions Nuits d’Afrique tenait la 16e édition de son concours annuel des Sylis d’or de la musique du monde Made in Montréal. Une compétition devenue incontournable dans le paysage de la métropole. Parmi les nombreux groupes qui ne se sont pas rendus en finale, nous, chez Pan M, en avons remarqué quatre que nous souhaitons mieux faire connaître au grand public. Le contexte étant ce qu’il est dans les concours, on oublie trop facilement et rapidement les semi-finalistes. 

La  musique traditionnelle est-européenne, gitane, balkanique et klezmer juive, ne manque pas de bons défenseurs à Montréal. Si on y ajoute un peu de blues et d’influences du Proche et Moyen Orient, on obtient un jeune ensemble qui s’appelle Kallisto et qui offre une vision rafraîchissante de certains lieux communs associés à cette musique. Rien à voir avec les Lost Fingers. 

Lors du concours des Sylis d’or 2023, nous avons remarqué ce groupe formé d’excellents musiciens, Arthur Prieur (violoncelle), Edy Silva (flûte), Hugh Lapham (contrebasse), Jean-François McDonnell (guitare) et Josée MacInnis (clarinette et clarinette basse). Cohérence du jeu d’ensemble, impeccable technique et heureuse mixture d’influences originales à l’intérieur d’une architecture musicale déjà hyper représentée sur la scène montréalaise, voilà ce que nous avons retenu du passage de Kallisto aux Sylis d’or, malheureusement pas plus loin que les demi-finales. 
Rencontre avec un de nos coups de cœur des demi-finales des Sylis d’or 2023, Kallisto.

Entrevue réalisée par Frédéric Cardin

Pan M 360 : Bonjour gang! Kallisto, un heureux mariage de klezmer/manouche/blues/Balkans/Moyen-Orient… Comment en êtes-vous arrivés là?

Kallisto : (Josée MacInnis) Je suis arrivée à Montréal il y a 5 ans (en 2018) et je cherchais des musiciens pour faire ce que j’ai toujours envie de faire, bien sûr, c’est-à-dire jouer! Je suis tomber sur un band de rock algérien avec qui j’ai un peu jammé, mais le groupe s’est séparé juste avant la pandémie. Puis, j’ai eu envie de faire partie d’un groupe de musique du monde. J’ai un doctorat en musique classique, mais j’aime le jazz et j’aime le world. J’étais portée sur le manouche et j’ai eu des colocs musiciens (flûtiste et violoncelliste) qui sont embarqués. Puis, comme je suis juive, j’ai eu également envie d’explorer ces racines musicales avec le klezmer et la musique d’Europe de l’est. D’autres musiciens se sont ajoutés et ça a donné Kallisto.

Pan M 360 : Le retour vers vos racines juives, c’est arrivé tard? Pourquoi?

Kallisto : Disons que là où j’habitais avant (London en Ontario, la Nouvelle-Écosse), les occasions étaient plutôt rares. Montréal à été un catalyseur pour moi. Et ça a nourri mon processus créatif et artistique.

Pan M 360 : Le reste est venu comment?

Kallisto : Il y avait beaucoup de musique dans ma maison familiale. Ma mère est chanteuse lyrique. Puis, pendant que j’étais à London, j’ai côtoyé un groupe de musique trad greco-turque/Arménie, avec du oud et de la contrebasse. J’ai joué quelques années avec eux. L’éveil des traditions juives a doucement commencé à ce moment car certains musiciens étaient juifs eux aussi, mais de la branche séfarade (Afrique du Nord), alors que mes racines à moi sont plutôt ashkénazes (Europe de l’Est). Montréal à finalement permis à tout cela de s’épanouir!

Pan M 360 : Quel bilan faites-vous de votre passage au concours?

Kallisto : Ce fût une très bonne expérience. On avait besoin de ce stress et de cette pression pour performer devant un public attentif et un jury. C’est une bonne façon de progresser vers un statut professionnel.

Pan M 360 : Les groupes participants doivent également être en mesure de mobiliser des fans pour les appuyer et les aider dans la portion du vote populaire. Que pensez-vous de cette nécessité?

Kallisto : Dans une perspective de musique classique, mais ce n’est là que mon opinion, il est plus simple et plus fiable de compter uniquement sur le vote des juges. Nous sommes alors en contrôle de notre partie de l’équation, soit la musique et le jeu sur scène. Nous répétons et travaillons notre produit, et savons que si quelque chose cloche, nous aurons une rétroaction, basée sur des barèmes fiables et mesurables. C’est plus difficile avec le public. Toutes sortes de choses peuvent venir influencer le vote. Un soir de tempête et vlan, notre soutien est famélique à côté de ceux de la veille. Ou encore, si nous avons des types de publics différents, ça peut modifier le résultat. Prenez par exemple le band de Salsa (La Tribu) : wow! D’abord, ils sont, genre, 12 sur scène, et ils font venir un paquet de gens qui font de la danse (salsa) et qui sont motivés à les encourager pour un soir ou deux. C’est fantastique! C’est un avantage, et ils le méritent. Mais nous, c’est différent : notre public est plutôt constitué d’amis musiciens. Or, ceux-ci vont à des dizaines de concerts dans une année. C’est plus difficile de les motiver à venir à celui-là en particulier. Cela dit, je comprends tout à fait l’idée derrière cet aspect du concours : on ne veut pas avoir uniquement des ensembles qui jouent en vase clos, principalement pour quelques amis. On veut développer des groupes qui pourront propulser la scène world montréalaise autant en qualité qu’en renommée. C’est très bien ainsi.

Pan M 360 : Que manque-t-il en ce moment pour que vous puissiez continuer votre progression?

Kallisto : Des lieux pour jouer qui soient quelque part entre les bars ou l’on passent le chapeau et les grandes salles officielles. Il manque ça à Montréal. Le Divan Orange était ce genre de lieu mitoyen ou l’on pouvait être payés, être professionnels tout en pouvant se payer la salle et prendre moins de risque d’avoir une salle vide quand on est moins connus. Il y avait d’autres lieux comme ça, mais il n’en reste plus….

Pan M 360 : Eh bien je vous souhaite de passer directement au niveau suivant et de jouer, genre, à la salle Bourgie!

Kallisto : Ce serait bien en effet… Merci!

Crédit photo : Nathalie Maynard

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