La douce poésie de Maude Audet

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier

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L’autrice-compositrice-interprète, Maude Audet, a dévoilé vendredi dernier son cinquième album, Il faut partir maintenant.

Après un court passage en anglais avec Translations (2021), la Québécoise propose un nouveau projet de onze titres lumineux et poétiques. Comme à l’habitude, elle puise une grande partie de son inspiration dans les années 1960 et 1970, une époque qu’elle chérit éperdument. Cette fois-ci, Maude Audet appose sa voix à des arrangements orchestraux qu’elle a conjointement concoctés avec Mathieu Charbonneau (Avec pas d’casque).

Majoritairement crée pendant la pandémie, Il faut partir maintenant est le résultat de nombreuses remises en question et du cheminement personnel de l’artiste. Les textes y sont soignés, simples et dégagent à la fois la douleur et l’espoir vécus par Maude Audet au cours des dernières années. Le projet se clôt sur J’ai si peur, une collaboration avec Mara Tremblay. Avec douceur et sensibilité, ce titre aborde la crainte des femmes face aux féminicides et représente un moment fort de l’album.

Crédit photo : Fred Gervais

Maude Audet transportera son cinquième opus sur la scène du Gesù le 20 avril prochain.

PAN M 360 : Que raconte votre album ll faut partir maintenant?

MAUDE AUDET : Les thèmes que j’aborde dans ce projet sont à la fois personnels et universels.  C’est un peu ma façon de composer de partir de quelque chose de moi-même. Les premières fois que je commençais à écrire sur des sujets personnels, je touchais davantage les gens. Au bout du compte, on vit un peu tous les mêmes choses, même si nous sommes tous différents. On a tous des peines d’amour, des deuils et des moments difficiles. C’est sûr que d’un album à l’autre, c’est toujours un défi de se renouveler et de ne pas répéter les mêmes choses. C’est un album qui a commencé à être composé pendant la pandémie. On a tous traversé des choses, on s’est tous retrouvés, par moments, isolés, plus qu’on l’aurait voulu. Il y a des habitudes qu’on a réalisé qu’on ne voulait pas garder pour la suite des choses.  Je me suis beaucoup remise en question pendant la pandémie concernant la personne que je souhaite être et mon avenir. Ces questionnements sont au cœur de ce disque-là, c’est certain.

PAN M 360 : Comment s’est déroulée votre création pendant la pandémie?

MAUDE AUDET : Le fait de ne pas pouvoir aller en studio pendant une partie de la pandémie m’a en quelque sorte permis de peaufiner davantage mes morceaux, et c’est tant mieux. Ça fait que lorsque je suis arrivée en studio, j’avais des idées encore plus grandes qu’à l’habitude. J’ai travaillé beaucoup avec l’orchestration pour cet album, et c’était vraiment beau d’enfin se retrouver au studio et de créer avec de vrais humains. Ça s’est vraiment bien passé.

PAN M 360 : Parlez-moi de vos influences musicales et de votre attachement aux années 1960 & 1970?

MAUDE AUDET : J’adore ces années-là. J’aime le côté folk de cette époque. J’aime aussi une panoplie d’artistes contemporains qui s’inspirent aussi de cette époque-là, comme Lana Del Rey, Weyes Blood, Father John Misty. Je m’inspire beaucoup de ça, mais je trouve que ma musique fait tout de même 2023 parce que j’y incorpore des éléments actuels. C’est sûr que ça reste de la musique très organique, je trouve que ça rend ma musique intemporelle. Je suis aussi une adolescente des années 90, donc il y a un côté plus brut dans ma façon de composer. Ça vient probablement de mes influences grunge, même si ma musique n’est pas dans ce style musical du tout.

PAN M 360 : Vous avez mentionné des artistes comme Lana Del Rey qui font dans ce genre musical et qui connaissent leur lot de succès. Quelle est la place de ce type de musique aujourd’hui?

MAUDE AUDET : Je suis fort probablement une mauvaise juge, mais j’adore cette musique-là. Prenons Lana Del Rey par exemple, elle a des millions d’auditeurs, elle est extrêmement prolifique aussi, elle fait presque un album par année et ses fans sont toujours là à l’attendre. C’est une artiste qui se réinvente vraiment beaucoup, puis qui puise aussi dans quelque chose de très urbain, malgré le fait qu’elle est inspirée par les années 1960 & 1970. Dans ce type de musique, il y a du réconfort et je pense qu’on en aura toujours besoin. Je ne dis pas que les autres genres ne l’apportent pas, au contraire, il y a des artistes de rap ou de hip-hop qui ont des textes extraordinaires. Je trouve qu’il se fait vraiment de bonnes choses dans tous les genres en ce moment, il faut juste comme choisir son créneau et choisir ce qu’on aime.

PAN M 360 : Votre nouveau titre On ne se dira plus que je t’aime m’a particulièrement interpellé sur votre nouvel album. Comment est née cette chanson?

MAUDE AUDET : Quand je l’ai composée, j’avais en tête le deuil, mais finalement, ça parle plus du souvenir de quelqu’un avec qui on a partagé des choses par le passé et de son absence. Il y a plusieurs façons d’interpréter ce titre, ça pourrait parler d’une peine d’amour ou bien de quelqu’un qui n’est plus présent dans notre vie, mais qu’on a aimé beaucoup. Aussi, ça parle beaucoup de la forêt, de la nature. Plus je vieillis, plus je suis apaisée par la grandeur de la nature et c’est un peu devenu un refuge pour moi dans les moments difficiles. C’est pour ça que j’aborde ce thème dans On ne se dira plus que je t’aime.  

PAN M 360 : Pour une première fois, vous assurez la coréalisation d’un de vos projets. À quoi ressemble votre processus créatif?

MAUDE AUDET : J’ai toujours été très impliqué dans la production, et je l’ai été encore plus pour cet album. Souvent mes compositions débutent avec de la guitare. Ensuite, j’y ajoute des chœurs et d’autres instruments. Je développe mes propres maquettes et mon collègue Mathieu Charbonneau m’aide à faire vivre mes idées. Je suis entourée de plusieurs excellents musiciens.

PAN M 360 : Il faut partir maintenant termine avec J’ai si peur, une collaboration avec Mara Tremblay. Quelle est l’histoire derrière ce titre?   

MAUDE AUDET : J’ai si peur, c’est une chanson qui parle des féminicides. À un certain moment pendant la pandémie, on avait l’impression qu’il y en avait deux par semaine. À chaque fois que je voyais un tel évènement aux nouvelles, je me disais que ça n’avait pas de sens qu’il y ait des femmes qui subissent encore cette violence-là. C’est ce qui m’a inspiré pour la création de ce titre. Au départ, cette chanson n’était pas censée être un duo. Un jour, j’ai eu l’idée que cette chanson pourrait devenir un mini-chœur de femmes qui se soutiennent. J’ai pensé à Mara parce que c’est une de mes artistes préférées au Québec. Aussi, les thèmes de ma chanson ressemblent à certaines idées que Mara Tremblay a abordées par le passé. Elle a accepté de se joindre à moi et j’étais vraiment contente. Je l’avais déjà croisée par le passé, et j’ai pris une chance en lui demandant. C’est assez incroyable quand une personne qu’on admire accepte de collaborer avec nous.

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