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Kanse est un producteur japonais de musique électronique basé à Tokyo. Il a signé son premier projet sur le label montréalais Liquid Love Records. An Attidude est un solide album de six titres imprégné de la techno originale des années 1980, celle que l’on appellerait « proto-techno ». Kanse explore les racines de l’électro-funk auxquelles il ajoute sa touche en travaillant les textures et les basses d’une manière plus contemporaine. PAN M 360 l’a rencontré pour discuter de ses réminiscences assumées, de son rapport à la nature, de son processus créatif et de la scène techno underground de la métropole japonaise.
PAN M 360 : An Attitude est votre premier album. Qu’avez-vous trouvé difficile et comment avez-vous surmonté ces difficultés ?
KANSE : J’avais créé des morceaux sans penser à les faire écouter, mais c’est la première fois que j’ai fait des morceaux en pensant à les diffuser. J’avais l’impression de ne pas avoir fait assez d’efforts dans mes morceaux auparavant. J’aurais été bloqué si j’avais été seul face à la musique tout le temps, alors j’ai intentionnellement pris du temps pour m’éloigner de la musique ou pour parler avec des amis afin de me rafraîchir. Je pense que le fait de prendre du recul me permet de regarder mes propres morceaux de manière objective, et je me sens plus motivé pour créer, et les idées semblent me venir naturellement.
PAN M 360 : Quel est le dernier livre que vous avez lu pendant que vous travailliez sur An Attitude et qui a particulièrement nourri votre créativité ?
KANSE : Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup lu ces derniers temps. Ma créativité vient principalement de la musique et des événements organisés par les clubs. Les films, les voyages et les rencontres sont également des sources de créativité.
PAN M 360 : Quand j’écoute An Attitude, je ressens l’ambiance « proto techno » de Detroit, représentée par des artistes comme Cybotron. Cela faisait-il partie de vos inspirations et, plus généralement, quelles étaient vos inspirations ?
KANSE : Je pense que ma musique est fortement influencée par la techno classique. J’aime l’électro des années 80, comme Clear de Cybotron. Elle a une atmosphère unique, elle est dansante et intéressante. Les sorties techno des années 80, mais aussi des années 90, m’inspirent également. J’écoute notamment beaucoup Drexciya et DopplerEffekt et je suis très influencé par leurs rythmes de batterie et leurs lignes de basse. Il y a aussi beaucoup d’artistes dans le monde qui continuent à faire des morceaux inspirés de l’électro, leur musique est donc une source de motivation pour moi.
PAN M 360 : Quel est le lien entre votre travail de producteur de musique et la relation que vous entretenez avec la nature ? (Votre photo de profil Bandcamp et la description de l’album font également beaucoup référence à la nature, aux quatre éléments, etc.)
KANSE : J’aime la nature. Lorsque je suis coincé dans la création musicale, je me promène souvent le long de la rivière qui se trouve près de mon appartement. J’ai l’impression que le contact avec la nature est le plus rafraîchissant et qu’il ramène mon esprit à la neutralité. Je ne suis pas directement influencé par la nature dans ma musique, mais j’aimerais m’y essayer un jour.
PAN M 360 : Quel type de matériel utilisez-vous pour produire de la musique ?
KANSE :J’utilise principalement Minilogue, MS-101 et ESX. J’utilise également le 0-coast de MakeNoise à l’occasion. J’utilise Ableton Live comme DAW. En fait, j’utilise du matériel, mais il m’arrive de faire de la musique uniquement avec un DAW [ndlr:une station audionumérique]. Récemment, j’ai acheté un nouveau Elektron Syntakt et j’ai travaillé sur quelques morceaux avec.
PAN M 360 : Que pouvez-vous nous dire sur la scène électronique de Tokyo ? S’agit-il plutôt d’une scène club, d’une scène underground ?
KANSE : Les événements se déroulent principalement dans des clubs et des salles de concert. Je n’ai assisté à aucun événement à l’étranger, mais je pense que la scène musicale de Tokyo est plus underground que celle de l’Europe et de l’Amérique du Nord. J’ai l’impression que la scène musicale de Tokyo est particulièrement forte dans les genres expérimentaux et d’avant-garde. Il semble également y avoir une forte connexion avec le rock indépendant. Il y a beaucoup d’événements qui mélangent différents genres à Tokyo. C’est ce que j’apprécie.
PAN M 360 : Qui sont les principaux acteurs de la scène électronique à Tokyo (crews, artistes, promoteurs…) et peux-tu nous parler de quelques endroits qui contribuent à l’essor de la communauté de la musique électronique ?
KANSE :Il est difficile de répondre à cette question car Tokyo possède Les organisateurs, les DJ et les artistes de chaque événement sont une grande source d’inspiration pour moi. Mes clubs préférés sont VENT à Omotesando, BUSHBASH à Koiwa et SPREAD à Shimokitazawa. Je pense que le magasin de disques Naminohana joue également un rôle important dans le soutien de la scène japonaise des clubs.
PAN M 360 : Quels sont vos prochains projets ?
KANSE : J’ai beaucoup d’idées que je veux mettre en musique, donc je veux juste faire plus de morceaux. Je pense que cet album est un grand pas en avant pour moi en tant qu’artiste. J’aimerais en sortir d’autres à l’avenir. Par ailleurs, j’ai fait de la musique sans trop connaître la scène musicale japonaise, mais j’aimerais m’en approcher et faire des concerts, etc.