renseignements supplémentaires
Juan Carmona est une figure emblématique de la guitare flamenca contemporaine. Le maître français revient à Montréal après sa dernière performance au Festival de jazz en 2019.
Juan sera en concert au Le National le 13 juillet à 20h.
PAN M 360 : Merci Juan d’être là. Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur ce que vous allez présenter lors du spectacle du Festival International Nuits d’Afrique?
Juan : Bien sûr. Je présenterai le matériel de mes deux derniers albums, Zyriab 6.7 et Perla de Oriente. Zyriab a été réalisé en collaboration avec Istanbul Strings, un orchestre phénoménal avec lequel c’est un plaisir de travailler. Comme il est difficile de jouer avec un orchestre en tournée, partout où va Zyriab, j’invite un artiste de ce pays. À ce spectacle, je jouerai avec le maestro Youba Adjrad, un chanteur algérien vivant maintenant à Montréal, qui est tout simplement incroyable. J’ai travaillé avec lui plusieurs fois auparavant et j’ai vraiment hâte de ce concert.
PAN M 360 : Il me semble qu’il y a beaucoup de points de convergence entre le flamenco et la musique maghrébine. Dans le processus de réalisation de ces albums avez-vous eu des révélations sur ces points de confluence ?
Juan : Ma première rencontre avec la musique orientale, ça a été avec la musique du Maroc. Puisque je suis parti un jour au Maroc faire un masterclass au conservatoire de Marrakech et la révélation, j’ai été très étonné de voir les similitudes qu’il pouvait y avoir entre la musique arabo-andalouse et le flamenco. À Marrakech, il y a des gens qui dansent d’une façon qui est très très très proche de la danse flamenca, puisqu’il y a les tapements des pieds, pareil, les rimes, c’est beaucoup des six suites aussi. Il y a beaucoup de similitudes et moi ça a été une révélation et à partir de là j’ai composé une oeuvre qui s’appelle Oria, qui mélange la musique arabo-andalouse du Maroc avec le gnawa de Marrakech, avec beaucoup d’excellents musiciens et le flamenco et ça a été ma première rencontre. C’est une très belle œuvre d’ailleurs, j’en ai fait un disque et le disque était au Grammy Award à Los Angeles.
PAN M 360 : A votre niveau de virtuosité, comment maintenez-vous la forme en tournée ?
Juan : C’est une très bonne question. Je compare souvent un soliste comme ça à un sportif, tu sais, un sportif il a des performances parce qu’il est constamment en train de s’entraîner et le jour où il ne s’entraîne pas, le sportif ne peut pas avoir les mêmes performances, c’est impossible. Le musicien soliste c’est exactement pareil, si j’ai pas 8 heures à 9 heures de guitare c’est pas possible tu sais moi je crois pas beaucoup au don, tu sais, je crois la prédisposition mais la prédisposition s’il n’y a pas le travail ça fonctionne pas donc la virtuosité la technique, le son tout ça c’est travail, c’est travail, c’est travail, constamment. C’est jamais acquis.
PAN M 360 : Eh bien, je pense que cela se voit clairement dans votre jeu magistral. Le flamenco est une tradition incroyablement riche mais trouvez-vous que dans le monde moderne, il est peut-être moins reconnu ?
Juan : J’ai la chance de voyager dans le monde entier. Dernièrement, on avait fait une tournée aux États-Unis, on est allé jusqu’en Nouveau-Mexique, ensuite on est allé à Vancouver aussi. Le flamenco, c’est mondial. Je suis allé en Chine, je suis allé en Sibérie, je suis allé à Hawaï. Je suis allé dans tous les pays du Maghreb, en Europe. Non, le flamenco, c’est une musique, c’est une tradition qui date fin 18e, début du 19e siècle. Et ce n’est pas un phénomène de mode, ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a des aficionados aux quatre coins du globe. Partout où je vais, il y a un grand enthousiasme pour cette musique. Partout où je vais, il y a du flamenco.