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Voilà la première signature de la nouvelle maison de disques Yokobok de Ousmane Traoré (anciennement de Dubmatique), le Maghrébin au cœur montréalais dévoilera ce troisième enregistrement le 23 avril prochain. Tous les espoirs sont permis pour ce rappeur dont la sensibilité ouvertement exprimée est un gage de succès.
PAN M 360 : Comment expliquerais-tu le style de Jeune Rebeu aux gens qui ne te connaissent pas?
Jeune Rebeu : En fait, je pense être le premier d’une longue lignée de rappeurs qui assument leur sensibilité. À ce titre, je trouve qu’au Québec nous sommes peut-être 10 ou 15 ans en arrière sur la France ou les États-Unis. J’aimerais que cette vision du rap soit beaucoup plus démocratisée ici. J’aime la culture de la rue, qui est dure, mais il y a place à la sensibilité autant chez les fans que chez les rappeurs. Et tu n’es pas obligé d’être ce genre de personne pour être un vrai.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui caractérise ton troisième album?
Jeune Rebeu : Clairement, les compositions de Sony Black (Camaro, Corneille). Ce mélange entre le côté festif et sentimental, je crois que ça résume bien la trilogie, mais c’est aussi dans son écriture très relié au présent.
PAN M 360 : Comment décrirais-tu ton évolution dans ta trilogie du volume 1 au volume 3?
Jeune Rebeu : Je crois que j’ai changé d’état d’esprit. Avant, je voulais tout essayer. Business 1 parle beaucoup de l’avenir, le second du passé et le troisième, du présent. Le premier élabore sur ma clique et qu’on essaie de réussir, le deux c’est surtout dans le passé et rattaché à une fille. Alors que dans le troisième on parle du présent et un peu du passé, mais qui impacte aujourd’hui. Je n’aurais jamais cru faire une trilogie à la base. Étonnamment, c’est devenu quelque chose de marquant au niveau personnel. C’est le meilleur chemin que j’aurais pu prendre, la trilogie représente parfaitement ma personne.
PAN M 360 : En quoi ta signature avec le studio de Ousmane — Yokobok — a-t-elle changé ton processus créatif?
Jeune Rebeu : En fait, B&S 3, je l’avais écrit avant de signer avec Ousmane, mais les processus étaient plus longs au niveau de la promotion, c’était plus long puisqu’on avait une ambition plus grande. Mais maintenant que je travaille avec Sony Black (Corneille, Camaro), les ambitions sont plus grandes, donc que ça prenne plus de temps, ça me va.
PAN M 360 : On va d’ailleurs profiter de la présence d’Ousmane pour lui poser une petite question, comment êtes-vous tombé sur Jeune Rebeu?
Ousmane Traoré : Je suis toujours resté à l’affût de ce qui se passait dans le hip-hop après les années 90. Advenant à ça je travaillais avec le collège de Maisonneuve, je faisais des activités afin de trouver des artistes pouvant cadrer dans mon projet. Puis en cherchant des artistes, de fil en aiguille je suis tombé sur Jeune Rebeu, en fait je suis tombé sur le cul. J’ai découvert une nouvelle école, une nouvelle sensibilité…Jeune Rebeu, vient du quartier dit le Texas, donc je me suis dit : qu’est-ce qui passe au Texas? J’ai vu que c’était Jeune Rebeu le shérif. En voyant ça, j’ai toute suis mis en branle un processus pour faire de Jeune Rebeu ma première signature. J’en suis fier encore aujourd’hui puisque ça fonctionne, l’artiste s’épanouit, et nous on a plein de projets d’avenir pour lui.
PAN M 360 : Qui sont tes modèles ?
Jeune Rebeu : J’en ai mentionné quelques-uns précédemment (Dinos et Luidji), mais à eux on peut ajouter Drake, mais ce que tous ces gars-là ont en commun c’est qu’ils acceptent et partagent leur sensibilité dans leur musique, et c’est ce que je fais aussi.
PAN M 360 : Malgré ton inspiration, comment te distingues-tu du rap français ?
Jeune Rebeu : C’est quelque chose de profond. Dans mes valeurs, je suis clairement canadien, car oui je suis un mix, mais dans ma personnalité on va sentir mon appartenance à ici.
PAN M 360 : Quel est ton processus créatif ?
Jeune Rebeu : Pour moi, tout commence avec l’instru. Je ne suis pratiquement jamais inspiré sans instru, je peux écouter une centaine de pistes et en garder que deux. Je laisse vraiment le beat m’inspirer, et si ce n’est pas vraiment la direction que je souhaite, il sera mis de côté. C’est vraiment les instruments qui vont diriger la chanson, ce qui va sortir de ma bouche va seulement s’y greffer.
PAN M 360 : Récemment, on voit une plus grande démocratisation du rap keb. Des rappeurs comme FouKi et Loud passent à la radio populaire, comment tu entrevois ça, cette émergence?
Jeune Rebeu : Je crois que c’est une bonne chose… Eux ils ont la recette pour passer à la radio.
PAN M 360 : Crois-tu que tu as des barrières supplémentaires à franchir pour accéder aux médias traditionnels puisque tu es maghrébin?
Jeune Rebeu : Je n’ai pas réponse à cette question, mais je ne crois pas. Ça va dépendre aussi de comment tu fais la promotion dans tes chansons aussi. Si tu incites à la violence ou aux choses dites incorrectes, ça va être drôlement plus complexe. Je crois qu’avec mon style, je suis susceptible de passer à la radio et commercialiser ma musique et je m’en n’en empêcherai pas.
PAN M 360 : Quelle est ta prochaine étape dans ta carrière?
Jeune Rebeu : Le but c’est clairement de s’installer dans le game montréalais. J’aimerais aussi faire des featurings avec des gars d’ici pour affirmer ma présence, car je crois que d’avoir fait une trilogie sans être vraiment connu dans la ville, c’est très disproportionné. Je vais aussi regarder pour m’exporter à l’international.
PAN M 360 : Avais-tu des idées d’artistes avec lesquels tu voudrais collaborer?
Jeune Rebeu : À Montréal, j’aime bien Boris Levrai et David Campana. Du côté français, Dinos ou Luidji, mais bon, ce n’est clairement pas demain que ça va se faire.