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Après une longue pause pour les raisons que l’on sait (et qui reviennent à l’ordre du jour, misère…), la salle Bourgie a repris l’automne dernier sa présentation de l’intégrale des fameuses cantates sacrées de Johann Sebastian Bach, soit pour une 7e année, projet monumental mis de l’avant à la salle Bourgie par Arte Musica et sa directrice artistique Isolde Lagacé.
Le prochain chapitre de cette intégrale implique Arion Orchestre Baroque, qui interprétera les samedi 18 et dimanche 19 décembre quatre cantates sacrées: Wahrlich, wahrlich, ich sage euch , BWV 86, O Ewigkeit, du Donnerwort, BWV 60, Erfreute Zeit im neuen Bunde, BWV 83, Bringet dem Herrn Ehre seines Namens, BWV 148.
Les solistes seront Marie-Andrée Mathieu, mezzo-soprano (Québec), Nicholas Scott, ténor (Royaume-Uni), Alexander Dobson, baryton (Canada et Royaume-Uni), Andréanne Brisson Paquin, soprano (Québec). Ils et elles pourront jouir d’un accompagnement rigoureux et fervent, trompette, cors, hautbois, violons et cordes sont prévus à l’instrumentation de ce superbe programme dirigé par Mathieu Lussier, nouveau directeur artistique d’Arion Orchestre Baroque, qui s’est prêté au jeu des questions de PAN M 360.
PAN M 360 : Racontez-nous ce qui a mené Arion Orchestre Baroque à ce programme de décembre.
Mathieu Lussier : Arion embarque de nouveau dans cette belle aventure des cantates de Bach à la salle Bourgie, en fin de parcours – car il ne reste que quelque concerts pour compléter cette intégrale. En termes de choix d’oeuvres, j’ai eu peu à faire en tant que directeur artistique car cela fait partie d’un « master plan » d’Isolde Lagacé.
PAN M 360 : On se doute bien que les cantates au programme impliquent des orchestrations idéales pour Arion!
Mathieu Lussier : Une partie des cantates qui restaient à présenter dans l’intégrale impliquent des effectifs orchestraux richement développés et, bien sûr, Arion se spécialise dans ce créneau. Je me trouve à la direction de ce programme avec bonheur, qui fait toutefois partie de plans révisés; ce programme a été reporté deux fois, programme pour lequel j’avais prévu un chef invité. On a donc dû changer nos plans mais il y a pour moi quelque chose d’excitant à l’idée de faire les cantates de Bach. Il y a un effet de communion autour de la musique de Bach, les gens viennent à Bach avec une immense confiance. C’est en même temps un paradoxe, car la musique de JS Bach est la plus exigeante de son époque.
PAN M 360 : Une septième année de cantates de Bach à la Salle Bourgie laisse forcément moins de choix pour les derniers programmes de l’intégrale. Comment ce choix s’est-il fait?
Mathieu Lussier : Il faut s’effacer devant le grand tout! En fait, il restait une douzaine de cantates parmi lesquelles je devais en choisir trois, s’ajoutant à celle choisie par Arte Musica. Or, heureusement, les cantates de ce programme offrent des rôles très importants à Marie-Andrée Mathieu et Nicholas Scott. Ce sont des airs d’une grande virtuosité! C’est intéressant parce qu’on associe souvent les cantates de Bach aux sopranos et aux basses, et là ce sont les voix du milieu qui ont la part du lion. Ce qui rattache ces cantates, ce sont les individualités, il y a par exemple de grands solos de violon et de hautbois. C’est une sorte de cadeau à nos musiciens, soit la violoniste Noémy Gagnon-Lafrenais et le hautboïste Daniel Lanthier. Prévu en septembre à l’origine, ce programme n’est donc pas directement lié à Noël, mais il comporte tout de même quelque chose de très festif.
PAN M 360 : Depuis que vous avez pris la codirection artistique d’Arion aux côtés de Claire Guimond, votre rôle de chef change-t-il la donne dans la facture de l’orchestre?
Mathieu Lussier : C’est le deuxième de trois programmes de notre saison que je vais diriger, c’est peut-être la nouveauté depuis que j’ai pris la direction artistique d’Arion, (la directrice artistique émérite et membre fondatrice) Claire Guimond étant flûtiste et n’étant pas cheffe, m’a demandé que la formule des chefs invités qui a fait la signature d’Arion, soit honorée. Et c’est ce que je vais faire, bien sûr. Ceci dit, avec la pandémie et toutes les incertitudes, j’ai dirigé une immense partie des activités d’Arion depuis un an et demi. Mais nous souhaitons maintenir la formule distinctive de l’orchestre, d’autant plus qu’elle plaît à ses interprètes et à leur public. Effectivement, c’est très stimulant que d’être exposé à des visions artistiques différentes de chefs différents, et c’est pourquoi je ne dirigerai pas plus de la moitié des productions annuelles.
PAN M 360 : En tant que chef et codirecteur artistique, vous n’êtes pas débarqué en terre inconnue. Quelle était votre relation avec Arion auparavant?
Mathieu Lussier : Pendant une quinzaine d’années, de 1998 à 2013, j’ai été bassoniste au sein de l’orchestre, que je connais donc de l’intérieur. C’est aussi avec Arion que j’ai fait mes premières armes en tant que chef d’orchestre, soit à partir de 2008. Pour moi, c’est un beau cadeau de la vie que de me faire confier ce poste, et ça s’est produit en même temps que mon arrivée comme vice-doyen à la faculté de musique de l’Université de Montréal. Alors j’ai deux assiettes remplies dans deux domaines différents. Pour Arion, j’arrive à un moment de ma vie où j’ai établi beaucoup de choses comme instrumentiste, plusieurs disques derrière moi, alors toutes ces perches que je tends me procurent des réponses rapides. Je pense à des partenariats avec des solistes qui me touchent et qui me rendent heureux de les mettre en valeur. Je pense aussi à un partenariat de trois ans avec le Centre de musique baroque de Versailles pour qu’Arion soit à Montréal, avec des moyens plus modestes, un porte-étendard de tout ce qui se fait en France pour la revalorisation du patrimoine baroque. Je suis très enthousiaste de ça, cet appétit de découverte chez les musiciens comme chez le public, cette confiance pour ces programmations d’Arion qui sortent des sentiers battus. Je ne boude pas mon plaisir, j’aime programmer Vivaldi, Haendel ou Telemann comme des côtés plus obscurs qui font aussi le bonheur de l’auditoire chez Arion. Un beau vent de fraîcheur souffle sur Arion, je suis toujours en lien avec Claire (Guimond), nommée récemment directrice artistique émérite de l’orchestre. Arion est donc la couleur dominante de ma carrière d’artiste qui se poursuit, sans oublier Pentaèdre avec qui je continue ou autres projets ponctuels.
PROGRAMME
J.S. BACH
Wahrlich, wahrlich ich sage euch, BWV 86
O Ewigkeit, du Donnerwort, BWV 60
Erfreute Zeit im neuen Bunde, BWV 83
Bringet dem Herrn Ehre seines Namens, BWV 148
INTERPRÈTES
Arion Orchestre Baroque
Mathieu Lussier, chef
Solistes :
Andréanne Brisson Paquin, soprano
Marie-Andrée Mathieu, Mezzo soprano
Nicholas Scott, ténor
Alexandre Dobson, Baryton