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Cette année, PAN M 360 vous présente Igloofest sous un nouvel angle : celui des coulisses de l’événement, en mettant en lumière des travailleur.euses de l’ombre. On commence cette courte série d’entrevues avec Stéphanie Cléroux, directrice des services de production chez Multicolore, entreprise mère derrière Igloofest, Piknic Electronik (et d’autres projets bientôt annoncés).
Montréal est internationalement reconnue comme la ville des festivals. À l’année longue, les événements s’enchaînent. L’hiver, c’est bien évidemment Igloofest qui mène la danse. Depuis seize éditions, bien installé sur le Quai Jacques-Cartier dans le Vieux-Port, Igloofest fait vivre une expérience unique à des milliers de festivaliers, quatre fins de semaine du mois de janvier et février. Une expérience rendue possible grâce au travail de Stéphanie Cléroux et de ses équipes. PAN M 360 vous propose de plonger dans les rouages d’Igloofest en compagnie de la directrice des services de production du festival.
PAN M 360 : Quel est le rôle d’une directrice des services de production au sein d’une organisation comme Multicolore ?
Stéphanie Cléroux : Je suis responsable de monter les équipes de production chez Multicolore, ça comprend autant la technique, l’aménagement, l’accueil des commanditaires aussi qui viennent sur le site, que toute la logistique d’accueil des festivaliers, donc sécurité, animation et personnel d’accueil. On est vraiment 360, du moment où les festivaliers arrivent sur le site et ensuite profitent de l’expérience dans sa totalité.
Mon rôle c’est principalement de donner des paramètres très clairs aux équipes selon les objectifs fixés pour le développement de l’événement, tout en intégrant aussi les paramètres de nos commanditaires qui viennent bonifier l’expérience sur le site. On est un festival de musique, donc on doit aussi s’assurer qu’on offre vraiment la meilleure expérience pour les festivaliers, tant au niveau de ce qu’ils voient sur scène que des façons dont ils profitent du site.
PAN M 360 : Souvent, quand on arrive sur un site de festival et qu’on le découvre, avant même d’avoir entendu la musique, le premier élément qui importe c’est l’esthétique, l’ambiance, les décors. Comment tout cela est pensé pour Igloofest ?
Stéphanie Cléroux : En ce qui concerne l’expérience visuelle du festival, on a une signature qui nous distingue avec les conteneurs blancs. On a aussi ce qu’on appelle les toc, là, qui sont les grandes bindos qu’on utilise un peu partout sur le site qui sont illuminés, ça fait partie de l’iconographie d’Igloofest. Puis on a notre marque qui est complètement déjantée avec les Yetis et d’autres personnages qui apparaissent dans l’iconographie du festival. On s’assure de donner une espèce de vibe un peu loufoque à travers nos différentes interventions artistiques.
Cette année, on a beaucoup travaillé les visuels sur la scène principale, qui est plus grande que les années précédentes. On a collaboré avec un VJ invité qui est avec nous sur les 12 soirs de l’événement. C’est un contenu qui se marie bien avec notre image de marque, mais qui est quand même pour la scène principale donc on est moins dans le loufoque pour ça. Mais on est quand même dans une esthétique qui fait du sens pour l’événement.
PAN M 360 : Qui est en charge de toute l’esthétique sur le site ?
Stéphanie Cléroux : L’équipe créative. C’est elle qui a la responsabilité de créer tous les éléments qu’on doit placer sur le site. Elle doit aussi s’assurer que même si on reçoit un commanditaire dont l’image de marque est complètement différente à la nôtre, qu’on arrive à trouver un mariage entre nos deux entités pour que l’activation vienne faire sens dans notre univers, à la fois pour l’esthétique mais aussi pour les festivaliers.
Ensuite, on a l’équipe bon aménagement et site, eux leur focus c’est de livrer cet environnement-là, de livrer la vision créative de notre équipe, mais aussi de s’assurer avec l’équipe logistique que ça fait du sens pour les festivaliers. Dans les espaces du site, tout est calculé : la grosseur des entrées, des sorties, les corridors de circulation… On s’assure qu’il n’y ait jamais d’embouteillage. C’est vraiment un travail de collaboration entre l’équipe de création et l’équipe de logistique.
Puis à travers tout ça, il y a l’équipe qui est technique qui vient s’imbriquer dans tout. Dans nos infrastructures, tout est interrelié. Donc à chaque fois qu’on dépose un conteneur, dedans il y a des câbles, des éléments pour de l’éclairage, tout est vraiment intégré. À travers la technique, on a différentes spécialités comme éclairage, effets spéciaux, vidéo.
PAN M 360 : Quels sont les défis propres à Igloofest ? On pense en premier lieu aux conditions météorologiques.
Stéphanie Cléroux : Le quai Jacques-Cartier principalement, étant près du. Un micro climat qui se crée dans ce dans ce lieu-là tant qu’on est exposé à tout, du moment où on s’installe jusqu’au moment où on quitte. On va vivre toutes les conditions météo possible. C’est à dire qu’il va pleuvoir, il va neiger, il va grêler, ça va geler, il va y avoir des accumulations d’eau, ça met vraiment à rude épreuve la planification pour livrer l’événement. Ça impacte aussi la sélection d’équipements techniques, il faut absolument aller dans quelque chose qui est un petit peu plus spécialisé, adapté pour les conditions météo dans lesquelles on travaille. Au fil des 16 années du festival il y a des choses qui ont été testées et on sait qu’on ne peut plus aller là. Par exemple, avant il y avait des sculptures sur glace Igloofest, maintenant, avec les changements climatiques c’est plus possible. La météo est un gros défi.
PAN M 360 : La mitigation du bruit à l’extérieur du site du festival est-elle un autre défi ?
Stéphanie Cléroux : Pour nous, c’est vraiment important de s’assurer que on ait une très bonne expérience sonore sur le dancefloor pour nos festivaliers mais qu’on ait le moins d’impact possible sur les résidents du Vieux-Port. On travaille avec Q audio et certains résidents du quartier, deux particulièrement, qu’on visite chaque fois qu’on fait des tests de sons. On s’en va écouter dans leur maison comment ça se passe pour eux et il y a parfois certains ajustements qu’on peut faire directement sur le champ en ajoutant certaines fréquences. On est proactif. Il y a aussi une boîte courriel pour les plaintes. Mais on essaie toujours de s’ajuster le plus possible en temps réel pour s’assurer que tout se passe bien. On a des lectures de de décibels aussi, sur scène, à l’entrée et la sortie du site pour s’assurer qu’on respecte bien les règles qui sont établies par la ville de Montréal.
PAN M 360 : Enfin, la question de la circulation au sein du site me semble importante elle aussi. D’un point de vue de confort du festivalier, mais aussi de sécurité.
Stéphanie Cléroux : Pour la circulation des festivaliers, c’est sûr que c’est quand même spécial d’avoir un grand festival qui peut accueillir plusieurs milliers de personnes sur un quai, duquel on ne peut sortir que d’un seul côté. Donc dans nos plans de mesures d’urgence, c’est vraiment important pour nous d’assurer que les festivaliers puissent sortir du site dans le cas d’un événement qui le nécessiterait. C’est sûr que ça amène beaucoup de contraintes sur l’aménagement, la circulation est quand même un enjeu important au niveau de la gestion des mesures d’urgence. Fait que pour ça on travaille avec le service Incendie de Montréal qui nous accompagnent aussi beaucoup à bien définir les paramètres et s’assurer qu’on respecte toutes les règles en ce sens-là.
PAN M 360 : Comment le site du festival a-t-il évolué depuis ses débuts ?
Stéphanie Cléroux : Si on retourne à la genèse de cet événement-là, la scène principale était positionnée où cette année on a notre scène secondaire donc c’est le site était très petit. Au fil des éditions, c’est sûr qu’on gagne du terrain. Il faut savoir que sur le Quai Jacques-Cartier, on cohabite avec le Cirque du Soleil qui une année sur deux, vient avec une nouvelle création et installe avant notre arrivée certaines infrastructures de support, ce qui crée quand même une contrainte physique sur le site. Donc pour nous, chaque fois qu’il y a qu’il y a une phase de croissance, il y a aussi une phase de négociation avec cet autre producteur pour voir comment on minimise nos impacts, comment eux peuvent venir s’installer dans le lieu sans qu’on ait d’impact sur leur séquence de montage et sur leur déploiement. On collabore. C’est beaucoup par les phases de croissance qu’on développe le site, qu’on va chercher un petit peu plus de pieds carrés. Dans nos objectifs, c’est sûr qu’on souhaiterait grandir ce site-là, c’est vraiment un objectif qu’on a pour les années à venir.
PAN M 360 : Quelles sont les grandes tendances et évolutions de l’industrie des festivals de musique ? Comment on fait pour se garder au courant des nouveautés ?
Stéphanie Cléroux : Ce qui se change assez rapidement en fait, ce sont les équipements techniques, je parle autant du son que de la vidéo. C’est surtout les artistes, en fait, qui nous font des requêtes, on voit leurs besoins techniques changer. C’est sûr qu’ils demandent souvent la meilleure qualité, puis une qualité qui est reconnue internationalement parce qu’ils se promènent au Québec, mais parfois ailleurs. C’est par là que je vois que je vois une évolution. Au courant des dernières années, ce qu’on a vu arriver, ce sont des écrans LED. C’est ce qui nous donne beaucoup de luminosité, de définition. On est capable d’aller chercher une finesse dans la qualité du contenu avec ça.
Sinon je te dirais qu’au niveau des processus, on a de meilleurs outils de prédiction, c’est-à-dire qu’on a beaucoup d’outils de dessin technique maintenant. Ils nous donnent des rendus avec lesquels on est capable de voir le show avant qu’il soit produit, donc ça nous permet d’éliminer certains questionnements parce qu’on arrive à aller chercher un détail en dessin technique. On peut faire des vues 3D, même en réalité augmentée, on peut aller jusque-là dans notre prévisibilité.
En tant que festival extérieur on voit aussi une grande évolution au niveau des conditions météorologiques. On l’a vu cet été il y a eu beaucoup de pluie, une alerte tornade, du smog… Ça nous demande d’ajuster beaucoup de paramètres. Quand il s’agit d’un événement extérieur, on doit faire évoluer nos façons de gérer le risque, de gérer les mesures d’urgence parce qu’on est sujet à tout. Igloofest et Piknic sont des événements récurrents qui ont beaucoup de dates. S’il pleut une journée, l’impact est moins grand que s’il pleut une journée sur un festival de deux jours. D’où la question de la gestion du risque. C’est une nouvelle réalité dans laquelle on est.
PAN M 360 : Quel est l’élément de l’expérience Igloofest à ne pas manquer cette année ?
Stéphanie Cléroux : Cette année, on a travaillé sur deux choses : intégrer un nouveau format de scène, donc on est allé chercher une scène qui est plus grande, qui nous permet aussi plus de choses au niveau de l’accueil des artistes et on est revenu aux sources avec notre scène secondaire. On a démarré dans ce petit espace-là, derrière le Pavillon Jacques-Cartier et on est revenu recréer cette expérience qui est beaucoup plus intime, plus feutrée, tandis qu’à la scène principale on a l’espace pour accueillir le plus de festivaliers possibles.
Cette année on, parmi les nombreux commanditaires, on a par exemple le Dépanneur Vidéotron qui est un peu notre service à la clientèle qui répond à tous les petits besoins du festivalier Igloofest. Si vous avez froid puis que vous avez un nez qui coule, ils ont des mouchoirs. Si vos lèvres sont gercées parce qu’il fait trop froid, ils ont des baumes à lèvres. Ils sont vraiment aller chercher tous les petits inconforts que le festivalier d’hiver peut avoir et offrir une solution.
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Crédit photo : ME Laurin