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Il y a un tout petit festival que vous devez absolument découvrir, mélomanes de tout acabit que vous êtes! Ça s’appelle Garage Concert et ça a lieu, oui, dans un garage. Pour être précis, dans celui de Ziya Tabassian, percussionniste de haute volée qu’on a entendu dans l’Ensemble Constantinople, entre autres, et plus récemment dans le Trio Regard Persan. 2023 verra se dérouler la 9e édition de l’événement (neuf! Et je parie que vous n’en aviez jamais entendu parler!) avec 9 concerts. Que des musiciens du plus haut niveau possible, des maîtres et maîtresses de leurs instruments, et tous Montréalais (d’adoption pour la plupart).
Certains et certaines, on les connaît un peu mieux : Monica Freire (de retour au Québec!) et le maître du oud syrien Nazih Borish (15 août), Didem Basar au kanun (le 16 juillet), Vincent Lauzer à la flûte à bec (le 18 juillet). Mais pour plusieurs autres, ce sera l’occasion de plonger dans des mondes sonores fortement incarnés, avec Maryam Tazhdeh au tar (en duo avec Didem Basar le 16 juillet), Zizhou Wang au guzheng (un instrument de table à cordes pincées de Chine, le 13 juillet), Anjana Srinivasan au violon traditionnel carnatique (du Sud de l’Inde, le 10 août), l’ensemble ‘’Gangster Yiddish’’ Orkestar Kriminal (le 20 juillet), Alex Tibbits à la ‘’harpe bionique’’ (le 8 août), LiKouri en chanson (ce soir, 11 juillet) et Ziya lui-même aux percus (le 17 août).
Rencontre avec le fondateur et programmateur artistique, Ziya Tabassian.
PAN M 360 : La musique de garage, tout le monde a une idée de ce que c’est. Mais toi tu amène l’idée ailleurs…
Ziya Tabassian : Oui, en effet. C’est en 2013 que j’ai eu cette idée. Moi et des amis avons eu envie de jouer pour le plaisir, et mon garage était un espace accessible. On l’a fait. On a aimé ça, plusieurs personnes sont venues voir, et j’ai décidé de poursuivre l’aventure. Le principe est simple : c’est une formule 5 à 7. Les gens arrivent à 5 (17h), la musique commence à 6 (18h) et ça dure environ une heure. J’offre les gourmandises et les tisanes, que je fais moi-même! On entre par le 5226 rue Clark (c’est chez moi!), mais ça se passe derrière, dans le garage qui donne sur la cour et la ruelle. Ce n’est pas bien grand, mais c’est super friendly.
PAN M 360 : Les artistes présents, ce sont tous des amis?
Ziya Tabassian : Pas tous, bien qu’ils et elles le deviennent! J’en connais plusieurs, mais d’autres, je les découvre sur le web. Par exemple, la joueuse de guzheng, Zizhou Wang, je l’ai découverte dans une vidéo sur Facebook, je l’ai contactée, et voilà! Elle était une grande interprète de son instrument en Chine. À Montréal, elle doit se faire connaître maintenant. Même chose pour Maryam Tazhdeh, une virtuose du tar (un instrument à cordes iranien). C’est une grande artiste en Iran, mais à Montréal, elle n’est pas connue. Il y a aussi Anjana Srinivasan, prof de violon carnatique indien, qui a étudié avec les meilleurs en Inde! Mon idée, c’est de permettre à toutes sortes de musiciens et musiciennes montréalais de niveau très professionel de rayonner un peu, de se faire entendre un peu. Et du coup, ça permet aussi de stimuler des rencontres! C’est arrivé comme ça pour Regard Persan et moi : on s’est rencontrés, on a apprécié notre compagnie et on a formé un trio.
PAN M 360 : Dans le garage et dans la cour à côté de la ruelle… Il y a assez de places?
Ziya Tabassian : Nous avons parfois eu une centaine de personnes, et ça va très bien! Nous avons de bons voisins, qui souvent sont aussi présents.
PAN M 360 : Bon, mais si jamais beaucoup de personnes sont stimulées par cette entrevue sur PAN M 360, tu auras un heureux problème….
Ziya Tabassian : Oui, c’est possible! J’ai envie de faire progresser le projet et de l’amener à un autre niveau, de le faire grandir. Je ne voudrais pas aller dans un espace trop conventionnel, j’aimerais que ça reste dans un endroit accessible et ordinaire comme le garage, mais juste plus spacieux. On verra.
PAN M 360 : Ça te dit quoi de la scène montréalaise?
Ziya Tabassian : Elle est très bonne. Et surtout très interreliée. Les gens se parlent et se côtoient. Je n’ai pas du tout senti cela à Toronto par exemple. Curieusement. J’aimerais par contre pouvoir faire venir plus d’artistes internationaux. C’est un défi, bien sûr. On peut difficilement faire venir quelqu’un pour un seul concert avec le prix des billets d’avion, l’hôtel, etc. Mais on peut s’arranger. Je prévois d’inviter un excellent musicien indien, virtuose du tabla en septembre, pour qu’on puisse jouer ensemble. J’en profiterai aussi pour faire une autre partie avec Regard Persan et Aditya Verma, un grand maître du sarod qui vit ici à Montréal. Et j’aimerais bien faire venir ici un joueur de duduk arménien, Emmanuel Hovhannisyan, avec qui je viens d’enregistrer une pièce pour mon prochain album qui sortira à l’automne. On verra, mais ça se pourrait.
PAN M 360 : D’autres perles?
Ziya Tabassian : Oh, il y a une chanteuse de maqams ouzbek qui est exceptionnelle, Nâdira Pirmatova! Ce serait très chouette, oui.
PAN M 360 : Tu nous titilles les papilles auditives…. Merci infiniment pour ce que tu fais. Ce sont de petites initiatives comme les tiennes qui rendent Montréal encore plus vivante et tripante.
Ziya Tabassian : Merci de m’accueillir, ça aussi c’est important.