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La compositrice Nicole Lizée est une habituée de l’OSM : plusieurs de ses compositions, certaines spécifiquement commandées par l’orchestre, ont été jouées à la Maison symphonique. Ce n’est pas le cas de son Concerto pour percussion, dont le titre, Blurr is the Color of my True Love’s Hair (magnifique jeu de mots sur un classique de la chanson, non?), renvoie au caractère intrinsèque de l’œuvre et de son univers sonore. Pas que la chanson elle-même y soit citée (du tout), mais plutôt que la transformation de Black (dans le titre d’origine) en Blurr correspond assez vividement à ce que l’on peut entendre à plusieurs endroits de la partition.
Le Concerto, créé par l’orchestre du Centre national des arts d’Ottawa en 2022 avec le soliste écossais Colin Currie (qui sera également à Montréal), puis joué entre autres aux BBC Proms de Londres un mois plus tard, à déjà eu une carrière plus étoffée que la majorité des créations contemporaines. Pour cause: Nicole Lizée est une compositrice inventive et originale, dont la palette sonore ne cesse d’étonner et de réjouir les mélomanes du monde entier. Blurr.. est un tour de force d’écriture tant pour le soliste que pour l’orchestre et le public montréalais, qui pourra l’entendre les 27 septembre et 1er octobre prochains en compagnie des Planètes de Gustav Holst à la Maison symphonique, aura droit à une expérience assez renversante.
Je me suis entretenu avec Nicole Lizée pour parler de ce Concerto, joué pour la première fois dans la métropole.
Pan M 360 : Bonjour Nicky. C’est un plaisir de parler à nouveau avec vous ! Alors, à propos de ce Concerto pour percussions, de quoi s’agit-il ?
Nicole Lizée : Il s’inspire de certaines techniques utilisées dans les films et les photographies en stop motion. Par exemple, la pause, l’utilisation extrême et abusive du zoom et du flou, les chutes d’images, les images fantômes, les fuites de lumière et les expositions multiples. J’aime le potentiel de créativité caché dans ces « éléments indésirables » de la procédure. Ici, l’orchestre et le soliste sont utilisés pour représenter et embrasser ces « événements » erronés.
Pan M 360 : Pouvez-vous nous expliquer à nouveau ce qu’est exactement la technique du stop motion ?
Nicole Lizée : Le stop motion est une technique d’animation où les objets sont physiquement manipulés par petits incréments entre les images photographiées pour créer l’illusion d’un mouvement indépendant après assemblage des images.Pensez à ces petits dessins dans un carnets, puis lorsque vous faites défiles les pages, vous avez l’illusion d’une animation des personnages. Aujourd’hui, les images de synthèse rendent les résultats plus fluides, mais je trouve que les premières formes de stop motion sont les plus fascinantes.
L’élément central de la création de l’arrêt sur image est l’image noire, où la « supercherie » est exécutée sans être vue. Le mouvement ou l’animation est rendu possible par des interruptions dans la chaîne d’images. Pendant cette interruption, l’animateur modifie les objets hors caméra par petites touches, que le public ne voit pas. L’obscurité est nécessaire pour créer l’illusion de la continuité. Mais ce qui se passe pendant ces moments invisibles, qui peuvent s’étendre sur une durée indéterminée, peut être le plus intéressant. Cette œuvre célèbre cette obscurité ou « cadre noir ».
Pan M 360 : Voilà pour l’aspect technique. Y a-t-il un aspect plus métaphysique dans cette exploration de la relation entre le visuel et le sonore ?
Nicole Lizée : Oui, bien sûr. La pièce parle finalement d’explorer l’inconnu, de prendre des risques et d’embrasser les « choses floues ».
Pour moi, le percussionniste et sa panoplie sonore représentent les possibilités infinies d’écrire de la musique avec l’idée que tout son est musique.
La pièce est conçue comme un album conceptuel en ce sens qu’il se déroule en séquence continue. Une fois que le downbeat a frappé, le soliste doit perpétuellement naviguer dans la course d’obstacles de la percussion alors qu’une piste se transforme ou se confond avec la suivante.
Pan M 360 : Colin Currie est le soliste, mais aussi le créateur sur scène l’an dernier. Comment décririez-vous sa contribution ?
Nicole Lizée : Colin Currie peut jouer n’importe quoi, j’ai voulu embrasser sa virtuosité et son sens artistique tout en offrant une interprétation unique de la musique pour percussion et de la tradition du concerto.
Une partie de la performance consiste pour Colin à courir vers chaque poste de percussion juste à temps – chaque poste est une entité différente, sa propre « boutique de bonbons » – avec des surprises à chaque endroit. Une partie de l’excitation de la performance est de le regarder bouger !
Pan M 360 : Ce n’est pas la première fois que vous travaillez avec l’OSM. Comment vous sentez-vous, après de nombreuses années, de travailler avec cet orchestre ?
Nicole Lizée : Lorsque j’ai appris que l’OSM programmait l’œuvre, j’étais folle de joie. C’est une grande émotion et un honneur de travailler avec cet orchestre incroyable.
Pan M 360 : Merci encore Nicole. J’ai hâte de l’entendre en direct mercredi prochain.
Nicole Lizée : Merci encore pour cette opportunité!