FIJM: Anomalie, ZE projet KEB du jazz pop émergent à l’échelle internationale

Entrevue réalisée par Alain Brunet
Genres et styles : jazz-hop

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Anomalie est le projet émergent  jazzo-québécois qui soulève le plus d’enthousiasme auprès d’une nouvelle génération de jazzophiles, et ce à l’échelle internationale. Piloté par le claviériste, compositeur et arrangeur montréalais Nicolas Dupuis, Anomalie s’attaque au marché de Snarky Puppy, Louis Cole, Thundercat, Ezra Collective, Domi & JD Beck et autres Kokoroko.

Phénomène viral sur le web, Anomalie a construit son public sans user des procédés traditionnels de mise en marché, les vieux médias sont à la traîne pour mettre en valeur un produit de niche aussi éloquent. Nouveau big band à saveur fusion fondé sur le groove, la forme chanson, la soul/R&B, le funk le hip-hop,  bref de ces formes plus conviviales pour quiconque aime le beat et le dance floor, Anomalie se produit aussi en quartette, tout à fait efficace au demeurant. Voilà qui en dit long sur l’instinct conquérant, entrepreneurial et visionnaire de son leader… que PAN M 360 vous invite à découvrir à travers cette conversation.

PAN M 360 :  Vous êtes donc dans cette nouvelle mouvance des grands ensembles fondés sur le groove et les plus récente ponctions de musique pop aux affinités jazz – hip hop, électronique. On observe une réponse importante du public, ça n’a rien d’artificiel.

Nicolas Dupuis : C’est étonnant parfois, l’impact qu’on peut obtenir. Anomalie a beaucoup grandi sur internet. La majorité des opportunités qui nous sont parvenues viennent du web et des réseaux sociaux. Alors depuis le début 2018, on tourne beaucoup avec notre formule de 4 musiciens sur scène. Et on a fait des salles de même capacité partout où nous nous sommes produits, que ce soit ici, en Amérique, en Europe ou en Asie. On est quand même dans une fourchette musicale assez nichée mais ça fait son chemin et c’est très le fun.

PAN M 360 : Résumez-nous la progression du début à maintenant :

Nicolas Dupuis :  Le premier EP,  Métropole, est paru en 2017. Il y a eu un premier buzz en ligne à l’automne 2018.  Nous avons sorti un 2e EP en 2018, puis l’album Galerie en 2022. Depuis, ça a continué à grossir : plus grandes salles, meilleur streaming, etc. 

PAN M 360 : Votre approche DIY rappelle celle de Michael League et Snarky Puppy. C’est-à-dire un produit musical assez exigeant mais pop, donc niché par rapport au mainstream mais qui s’impose à un marché quand même important à l’échelle mondiale. Bravo!

Nicolas Dupuis : C’est exact. Et merci!

PAN M 360 : Évidemment, il y a des balises très pop dans votre musique, ce qui en explique le succès immédiat, à tout le moins partiellement.

Nicolas Dupuis :  Oui. C’est niché, mais nous usons de formes pop qui s’apparentent aux structures de chansons – refrain, couplet, bridge. Nous ne proposons pas de grandes aventures du jazz-fusion, mais le matériel harmonique et rythmique s’apparente à ce même héritage musical.

PAN M 360 :  Et c’est pour ça que ça marche, car les gens reconnaissent la forme chanson dans cette musique, inconsciemment ou non.

Nicolas Dupuis : Ça peut aussi être un piège (rires).

PAN M 360 : Pour le moment ça n’en est pas un. Vous aurez le loisir d’élever votre proposition en ajoutant de plus longs passages instrumentaux et faire voyager votre auditoire. Et si ça reste toujours comme ça, ça va s’essouffler au bout de 4 ou 5 albums.

Nicolas Dupuis : Vous savez, il s’en trouve qui font toute leur carrière avec des chansons instrumentales.

PAN M 360 : Oui c’est vrai. On parle ici d’un essoufflement conceptuel. Effectivement, personne n’est obligé de faire évoluer une formule qui marche. On peut passer sa carrière à faire les mêmes trucs.

Nicolas Dupuis : Il y un mélange de vision, d’objectifs et de choses artistiques qui émergent naturellement. Il y a quand même de l’exploration. Par exemple, nous avons construit autour du piano droit et le dernier projet était plus acoustique. En fait, je fonctionne un peu par projet. Le prochain projet serait l’enregistrement devant public du big band. Et peut-être ensuite un retour vers l’électronique. Il  y a en va et vient en quelque sorte. Je compte continuer à tourner avec l’équipe actuelle et amener ça le plus loin possible.

PAN M 360 : Quelle est votre propre formation musicale?

Nicolas Dupuis : À la base c’était le piano classique, j’ai commencé tout petit. J’ai fait une douzaine d’années avec une professeure extraordinaire, Yolande Gaudreau.  De mon côté, je faisais parallèlement des explorations autodidactes en jazz et en composition, production. D’abord c’était dans une forme rudimentaire mais ça a mené au son que j’ai développé par la suite. J’ai fait un DEC en jazz et en arrangement jazz avec Lorraine Desmarais, après quoi Anomalie en fut à ses premiers balbutiements avec différents musicien.ne.s, chanteurs.euses et le premier enregistrement a vu le jour.

PAN M 360 : Le big band est-il un projet spécial par rapport au quartette?

Nicolas Dupuis : Anomalie s’exprime principalement en quartette. Au Studio TD, le projet big band a eu lieu en décembre dernier ce qui nous a menés à de nouvelles opportunités. Nous avions précédemment joué en quartette au Club Soda.

PAN M 360 : Quels sont les big bands vous ayant inspiré et fait prendre cette direction, au-delà de Louis Cole?

Nicolas Dupuis : Les big bands de swing, je pense notamment à celui de Count Basie, m’ont influencé, mais aussi les plus récentes formations dont nous avons parlé. J’ai essayé de faire un mélange personnel de ces musiques du passé et du présent.

PAN M 360 : Et vous avez fait l’expérience de ce mélange devant public.

Nicolas Dupuis : Oui, Sauf pendant les moments impossibles de la pandémie, nous avons joué régulièrement à Montréal, ce qui nous a permis de construire une base de notre auditoire. Nos campagnes en ligne ont bien servi le propos. 

PAN M 360 : Combien de fois le big band Anomalie a-t-il joué?

Nicolas Dupuis : Une seule fois jusqu’à maintenant. Ce sera la 2e! Il y a des coûts associés à une telle opération. Si ça fonctionne bien, on refera l’expérience, de plus en plus j’espère.

PAN M 360 : Les musiciens d’Anomalie sont-ils tous issus de votre génération ?

Nicolas Dupuis : Oui. Mais il y en a des plus jeunes que moi et aussi des plus vieux dans la trentaine et même plus. Mais c’est surtout des artistes au tournant de la trentaine.

PAN M 360 : Comment travaillez-vous?

Nicolas Dupuis : Au départ, le processus est très solitaire, je deviens une sorte d’ermite pendant un moment. Pas le choix, car il faut composer et aussi produire, car la production joue un rôle très important dans le résultat final. Ça démarre souvent par des improvisations au piano ou claviers, ensuite les couches vont s’ajouter. Puis il faut imaginer ces musiques pour être jouées par quatre personnes sur scène ou encore en grande formation. Donc il a d’abord le processus solitaire et puis l’appréciation du travail accompli à travers l’instrumentation, les arrangements et la production. 

PAN M 360 : Vous faites partie de cette vague de jazz pop où les performances individuelles sont moins importantes que le son collectif – Ezra Collective, Kokoroko, Snarky Puppy, etc. Vous aussi n’est-ce pas ?

Nicolas Dupuis : Exact.

PAN M 360 : Évidemment, votre encadrement professionnel doit aider aussi! 

Nicolas Dupuis : J’ai d’abord travaillé avec un manager américain pendant 5 ans , puis depuis l’année dernière, je suis avec Regime Music Group, un management américain de la Côte Ouest. Nous travaillons avec ce groupe depuis un an.

PAN M 360 : Voilà autant d’éléments qui contribueront à vous propulser encore plus haut !

AU FIJM, ANOMALIE SE PRODUIT DE 20H À 21H 30 CE SAMEDI, SCÈNE RIO TINTO

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