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La fondatrice et directrice artistique de la Fête de la Musique de Tremblant, la violoniste Angèle Dubeau, assure la tenue d’une 23e présentation de l’événement, du vendredi 1er au lundi 4 septembre prochains dans le village piétonnier de Mont-Tremblant. Plus d’une trentaine de concerts gratuits seront offerts pour la durée entière de la fête du Travail : Jean-Michel Blais avec quatuor à cordes, Charles Richard Hamelin au piano public, Serhiy Salov, Yves Lambert, Elinor Frey, Ayrad ou même Diane Juster sortie de sa tanière, exceptionnellement aux côtés de La Pietà, pour ne nommer que les artistes les plus en vue de cette programmation.
PAN M 360 :Quelle est l’approche cette année?
Angèle Dubeau : Tu connais la recette, elle est toujours bonne, elle est toujours là. Et puis honnêtement, je suis très contente de la programmation.
PAN M 360 : On aimerait que tu nous la décrives, c’est d’ailleurs l’objet de cette conversation
Angèle Dubeau : C’est un feu roulant. Ça commence le vendredi soir et ça se termine le lundi en après- midi. On parle de 25 concerts et activités dans le village piétonnier de Mont-Tremblant, à l’exception du premier concert ce vendredi soir : Jean-Michel Blais présente des extraits de son dernier album, Aubades. Ce premier concert se fait à la salle Première Scène Mont-Tremblant, l’ancienne église qui fait désormais partie du réseau des salles de diffuseurs du Québec depuis quelques années. C’est une salle qui est fun parce que c’est une salle qui a une proximité, les gens sont tout près des artistes. Le reste de la programmation est gratuit et ça se passe dans la village piétonnier de Mont-Tremblant, au pied de la montagne. Tous les concerts sont gratuits et il n’y a pas de limite de styles, c’est la fête de toutes les musiques !
PAN M 360 : Parlons de tous les points forts de la programmation.
Angèle Dubeau : Je suis très contente que Jean-Michel vienne enfin à la Fête de la musique. Ça fait longtemps que je le voulais et les horaires ne fonctionnaient jamais. Et là, c’est bon! Je le connais depuis quelques années, j’ai enregistré l’une de ses pièces avec La Pietà, Nostos. À l’époque, je lui avais donné rendez-vous pour un café dans Vieux-Montréal, je lui avais dit alors : « Cette pièce se porte très bien à un ensemble à cordes. Il s’en était étonné : « Tu peux jouer ça au violon ? Tu peux faire ça ? » Oui, oui, oui, oui! écoute, me laisses-tu t’impressionner avec quelque chose ? » J’avais répondu :« Écoute, je prendrais Nostos, je ferais une cadence au début avec le violon, puis après on fera le build-up. » Je lui avais fait part de mon idée, il était ravi. Il était venu à la première répétition parce qu’il était bien curieux de constater le résultat. Et il avait fait : « Wow ça sonne bien avec les cordes! » J’avais dit « Oui, puis tu devrais en faire davantage pour les cordes ou les orchestres de chambre ». Je suis tellement contente qu’il l’ait fait dans son dernier album, Aubades. Je ne veux pas dire que c’est grâce à moi, mettons que j’ai semé quelque chose. Il viendra donc en quatuor pour y présenter des extraits d’Aubades. C’est le coup d’envoi du vendredi soir. »
PAN M 360 : Yves Lambert finira par la faire, sa “Fête au village” !
Angèle Dubeau : Le concert de samedi lui est consacré avec toute sa québécitude. Il sera entouré de huit ou neuf musiciens. Quand on connaît Yves, on sait qu’il est un rassembleur. Je suis sûre que le pied va être gigueur sur la place! L’an dernier, j’ai invité Yves, le lui ai dit : « Je te sais rassembleur, je veux que tu crées vraiment une grande fête au village, je veux que tu fasses danser, que tu fasses taper des mains, que ce soit vraiment une ambiance de fête. Je ne suis absolument pas inquiète, ça se fera. Yves devait donc présenter ce spectacle l’année dernière et… nous avions dû l’annuler à cause d’un orage avec éclair, tonnerre… bref trop dangereux pour l’électricité sur scène. Les spectateurs étaient tellement déçus, les artistes aussi. J’étais alors montée sur scène:« Je vous le promets, ils seront de retour l’année prochaine. » Alors voilà, ils sont de retour.
Pour la petite histoire, on avait quand même vécu un moment magique. Dans l’attente de savoir si l’orage allait passer, on était tous à l’arrière-scène, sans électricité. Autour de nous, on voyait des flaques d’eau. Et alors un musicien d’Yves a commencé à taper du pied… tap, tap, tap…, aussi avec les mains, un petit rythme de gigue avec les pieds dans l’eau. Puis ça s’est mis à chanter tout doux pendant à peu près 15 minutes. C’était magique! Mais nous n’avons pu continuer à cause de l’orage persistant. Alors j’ai bien hâte d’entendre Yves Lambert pour de vrai sur scène, cette fois.
PAN M 360: Comme à chaque année, vous invitez une personnalité de la musique québécoise à monter sur scène avec La Pietà. Cette fois c’est une Diane Juster qui fait une rare prestation publique. Racontez-nous comment elle a consenti !
Angèle Dubeau : Depuis maintenant plusieurs années, j’ai créé ce moment unique du dimanche et j’invite à partager la scène des artistes que je respecte, que j’admire, avec qui je n’ai jamais eu la chance de jouer. Cette année, je suis allée chercher Diane Juster, une grande dame de la chanson. Plusieurs me disent « Mais comment as-tu réussi ? » On sait que Diane est absente de la scène depuis plusieurs années, quoique très présente pour protéger les droits des artistes, les auteurs- compositeurs – rappelons qu’elle a jadis fondé la SPACQ, la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec.
C’est une femme de projet qui met tout son cœur dans tout ce qu’elle entreprend. Alors je l’ai croisée à l’aéroport; on attendait nos sacs de golf et puis là, j’entends « allô » et je regarde, c’est Diane qui est là. Parle parle jase jase, elle me dit « J’ai fait une performance pour Dominique Michel, on lui rendait hommage … le monde m’en parle encore ! Ça m’a fait tellement drôle de retourner sur scène… » Je retourne chez moi après ma semaine de golf en Floride et je trouve l’enregistrement de cette performance. Mon Dieu ! Elle joue encore très bien, elle a tous ses réflexes, elle est une bête de scène, elle va chercher l’attention. J’en avais la chair de poule ! Alors je l’appelle, je lui dis être émue de cette performance et lui suggère: « Imagine si tu étais entourée, enrobée de violons! Je pourrais être avec toi, puis on pourrait faire des petits moments magiques ensemble. » J’ai été une bonne vendeuse, il faut croire, car elle a dit oui. On a commencé les répétitions, les arrangements ont été faits sur mesure.
PAN M 360: Vous n’avez quand même pas fait les arrangements d’un programme entier !
Angèle: On fait cinq chansons ensemble. Sa performance sera précédée de La Pietà, incluant deux pièces de Philippe Glass offertes en primeur… parce qu’il y a cet album qui vient ! Tout est beau à ce titre, il ne me reste que l’approbation de la bande maîtresse. Je suis très contente ! Pour le spectacle, j’ai aussi invité Iza Kamnitzer ,une jeune violoniste extraordinaire qui est étudiante actuellement au Conservatoire de musique de Montréal, âgée de 9 ans, et qu’on m’a présentée lors d’un concert hommage m’étant dédié.. Des jeunes qui ont de la technique, ça existe, on en a souvent entendus. Des jeunes de cet âge qui, pour chaque note, y mettent tout leur cœur, c’est beaucoup plus rare.
PAN M 360: La relève classique est aussi invitée régulièrement à la Fête de la musique.
Angèle: Absolument. Le lundi, Iza sera aussi sur scène avec les étoiles du Conservatoire de musique de Montréal. Je suis sûre que le public sera ébloui. Il y aura aussi un jeune 15 ans, Natal Prévot, qui joue du marimba et Anaïs Saucier-Lafond, une jeune violoniste de 20 ans. Il y aura aussi Marion Portelance, cette violoncelliste qui a joué au couronnement du roi Charles. Il y aura aussi Zhan Hong Xiao, un pianiste dans la jeune vingtaine. J’en passe, il y aura 7 porte-étendards, de 9 ans à 24 ans, certains seront accompagnés par la pianiste Chloé Dumoulin. Les amateurs verront à quel point c’est encourageant, cette relève. Ils sont là, ils sont bons, ils sont passionnés.
PAN M 360 : Depuis quelques années consécutives, le percussionniste Kattam revient avec ses tams-tams. Pourquoi donc est-il un « régulier »?
Angèle Dubeau : Il est tellement bon avec les enfants. Il les enflamme, il les fait voyager en musique et tout. Les enfants dansent et chantent, leurs parents redeviennent des enfants, ils participent avec des tam-tams. L’année suivante de sa première performance, les enfants le réclamaient alors qu’il était absent : « Il est où Kattam ? » Il était attendu, il est donc revenu.
PAN M 360 : Au-delà des animations, la valeur initiatique de cette Fête de la musique semble faire partie de sa mission.
Angèle Dubeau : C’est une belle façon de le faire parce que d’abord, il y a une proximité. Aujourd’hui, tu n’as plus besoin de payer 20 $ pour ton disque, et si tu le fais tu iras dans tes valeurs sûres. Mais dans une Fête de la musique, la magie de la musique passe aussi par les yeux: un enfant qui voit jouer Charles Richard Hamelin peut être subjugué, ça devient alors magique. C’est aussi ça, la Fête de la musique. C’est bon pour le mélomane, c’est aussi bon pour le passant, pour le jeune, pour le vieux.
PAN M 360 : Puisqu’on cite l’exemple de Charles Richard Hamelin, qu’en est-il de cette performance à venir?
Angèle Dubeau : Il y a une scène au festival qui s’appelle le Piano public. Ainsi, un piano se trouve sous un chapiteau, juste à côté de la place principale. Le passant peut y pianoter s’il le désire mais, deux fois le samedi et deux fois le dimanche, il y a un rendez- vous. Et là, c’est Charles Richard Hamelin qui sera au rendez-vous. Ainsi, les gens se trouvent autour de l’artiste qui joue et se raconte. Il peut fournir des éléments sur sa carrière, sur sa préparation ou autres détails intéressants de la vie d’un soliste. Il peut jouer une pièce et soudain s’arrêter et suggérer un commentaire ou une explication. C’est complètement ad lib et c’est ce que les gens aiment. C’est donc une carte blanche pour Charles. Je suis sûre qu’il sera intéressant.
PAN M 360 : Vous avez aussi d’autres invités importants.
Angèle Dubeau : Oui! Il y a le klezmer de Kleztory, le jazz à la Django de The Lost Fingers, le guitariste François Rioux et la chanteuse de jazz Stéphanie Laliberté, le groupe Ayrad, la violoncelliste Elinor Frey, le harpiste Antoine Malette-Chénier, ou encore le pianiste virtuose Serhiy Salov qui vient en trio (violoncelle et voix) rendre hommage à l’Ukraine dont il est originaire. Ça va commencer d’ailleurs avec l’hymne national de l’Ukraine et ça se poursuivra avec des œuvres ukrainiennes.
PAN M 360 : Ce festival, en somme, c’est l’éclectisme selon Angèle Dubeau!
Angèle Dubeau: La Fête de la musique est un podium pour nos artistes et ça, j’y tiens. Au début, on me disait « Tu vas avoir de la redite » et…. Non, pour une 23e année. Il y a tant d’excellents musiciens au Québec, environ 50 000 personnes pourront les apprécier ce week-end, avec le soutien généreux de Québecor, de la Ville de Mont-Tremblant et d’Analekta. Pour moi, c’est une fierté !
PAN M 360 : On vous souhaite du beau temps!
Angèle Dubeau : On annonce beau et chaud yé. Ça serait probablement le premier beau week-end de l’été haha!
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