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Les Violons du Roy se joindront à Lucienne Renaudin-Vary, trompettiste française acclamée par la critique, dans un programme mettant en vedette la musique du compositeur Joseph Haydn.
Coïncidence du calendrier ou coup marketing bien pensé du festival, ce 14 juillet, c’est sous le thème de Haydn à Paris que les artistes se retrouveront à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay.
Au programme : une sélection des symphonies parisiennes de Haydn, composées entre 1785 et 1786, et le Concerto pour trompette en mi bémol majeur. PAN M 360 s’est entretenu avec Jonathan Cohen, directeur musical des Violons du Roy, à propos de ce concert.
PAN M 360 : Qui a eu l’idée de ce programme autour de Haydn et de ses symphonies parisiennes ?
Jonathan Cohen : C’est un mélange d’idées entre nous et Renaud Loranger pour trouver un beau programme pour l’été. Je suis tellement content que nous ayons opté pour ce programme. Il est rare qu’on puisse consacrer tout un programme à Haydn. C’est une chose merveilleuse parce que normalement dans les grands concerts symphoniques, la musique de Haydn est toujours le numéro d’ouverture ou alors, la symphonie sert de réchauffement pour quelque chose d’autre. C’est vraiment une joie de braquer les projecteurs sur Haydn avec tout un programme qui lui est consacré. C’est un vrai bonheur. Un vrai triomphe, en fait.
PAN M 360 : Il y a six symphonies au total dans cet ensemble de symphonies parisiennes. Vous jouerez une sélection de trois. Quelles sont les particularités de ces symphonies ?
Jonathan Cohen : Nous voulions faire une belle sélection et ce sont des pièces que nous connaissons bien. En fait, le seul morceau que je ne pense pas que nous ayons joué auparavant est la Symphonie n° 82 « L’Ours ». Il y a aussi une belle variété dans le programme. Dans la musique de Haydn en général, il y a un peu de tout, il est un maître du contraste. Il y a beaucoup de différences entre les pièces et à l’intérieur des mouvements. Par exemple, dans La Poule, le mouvement lent est un petit bijou, extrêmement précieux et romantique, presque religieux, alors que dans L’Ours, il y a un caractère très martial. Et puis vous avez ces mouvements finaux très rapides pour lesquels Haydn est célèbre, ces mouvements exigent une énorme capacité technique de la part de l’orchestre ainsi que d’un grand nombre de musiciens.
PAN M 360 : Pour l’époque, la taille de l’orchestre requise est assez inhabituelle, n’est-ce pas ?
Jonathan Cohen : Selon les endroits, la mode était différente. Quand Mozart a écrit sa Symphonie de Paris par exemple, son père lui avait dit qu’il devait la faire très bruyante parce que les Français aimaient les sons grandioses, forts, les grandes manifestations de la musique royale. Dans un monde qui n’était pas connecté par internet, il y avait beaucoup plus de diversité, entre les styles dans les villes et les nations et les orchestres. Tout le monde avait vraiment un angle légèrement différent. Quand j’étais plus jeune, je faisais partie d’un ensemble qui s’appelait le London Haydn Quartet, je me souviens que nous ne faisions que des programmes avec la musique de Haydn. Nous trouvions cela très intéressant d’utiliser différentes éditions de l’époque. Chaque édition, que ce soit en Angleterre, à Vienne ou à Paris, avait ses particularités. Certaines avaient beaucoup de legato avec des liaisons partout par exemple. Elles ont été modifiées, adaptées et éditées. Ces symphonies parisiennes ont été éditées par le chevalier de Saint-Georges qui avait dirigé leur création. Il s’était fait l’œuvre sienne. C’est un fait intéressant de se dire qu’aujourd’hui nous avons tendance à penser à la « musique ancienne » un peu comme si c’était un musée et que ce que le compositeur a écrit était un vrai fait de vérité alors qu’en fait, à l’époque, les gens s’adaptaient et s’appropriaient vraiment la musique. Elle était composée pour des personnes particulières dans des styles différents et beaucoup plus souples.
PAN M 360 : L’unique concerto du concert mettra en valeur la trompettiste française Lucienne Reanaudin-Vary. Était-ce son choix de jouer ce concerto, ou était-ce une décision de vous ou de Renaud Loranger de mettre ce morceau au programme ?
Jonathan Cohen : C’est une décision commune. Renaud voulait inviter Lucienne depuis longtemps. C’est une trompettiste française de grande renommée et ce sera la première fois que je travaillerai avec elle. J’ai vraiment hâte d’y être. C’est une pièce assez tardive de Haydn qui a été jouée pour la première fois en 1800 où il était déjà un vieil homme dans la soixantaine. C’était aussi une époque où la trompette se développait vraiment. C’est une histoire intéressante parce qu’avant ce moment, la trompette n’avait pas de clés ni de pistons. Ce fut l’une des premières pièces, où Haydn explore grâce à ce système la gamme chromatique dans le registre médian de la trompette. C’est une pièce mature de Haydn, une pièce merveilleuse et peut-être l’un de ses concertos les plus célèbres.
PAN M 360 : Qu’aimez-vous dans la musique de Haydn ?
Jonathan Cohen : C’est l’un de mes compositeurs préférés parce que je pense que c’est un homme qui était jovial et de bonne volonté dans la vie. C’était aussi un grand inventeur. Il est difficile de regarder en arrière dans l’histoire, mais à l’époque où Haydn composait, il créait à lui seul un nouveau type de musique pour orchestre en développant la symphonie à partir du concerto grosso. Alors qu’il était à l’emploi des Esterhazy, il a utilisé l’orchestre professionnel qu’il avait à sa disposition pour expérimenter. Comme dans un laboratoire, il inventait tout le temps. C’est pourquoi il est connu comme le père de la symphonie. Il est très pur, sa musique est positive, très créative et originale, pleine d’humour et pleine d’esprit. Il a un attachement à l’humanité. Je pense qu’il célèbre vraiment cela dans sa musique. C’est également pourquoi je pense que c’est aussi un beau programme pour l’été. C’est réjouissant.
PROGRAMME
Haydn à Paris
Les Violons du Roy
Direction: Jonathan Cohen
Lucienne Renaudin-Vary, trompette
Symphonie no83 en sol mineur, Hob. I : 83 « La Poule »
Symphonie no 85 en si bémol majeur, Hob. I : 85 « La Reine »
Concerto pour trompette en mi bémol majeur, Hob. VIIe/1
Symphonie no 82 en do majeur, Hob. I : 82 « L’Ours »
AU FESTIVAL DE LANAUDIÈRE, LES VIOLONS DU ROY PRÉSENTENT LE PROGRAMME HAYDN À PARIS, CE VENDREDI 14 JUILLET, 20H, AMPHITHÉÂTRE FERNAND LINDSAY
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