Classica: lumière sur la face cachée de la lune

Entrevue réalisée par Varun Swarup
Genres et styles : classique / classique moderne / pop / pop orchestrale

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Le Festival Classica est marqué cette année par un grand spectacle pour célébrer les 50 ans de la sortie phare de Pink Floyd, The Dark Side of the Moon. Sous la direction de Simon Fournier, l’Orchestre symphonique du Grand Montréal avec le Chœur de l’Opéra Bouffe du Québec présenteront l’album dans son intégralité, avec un accompagnement visuel de VJ BunBun. PAN M 360 a contacté Simon Fournier afin de discuter de ce qui s’annonce une performance épique.

PAN M 360 : Bonjour Simon, merci d’être là. On dirait que ça va être un spectacle vraiment très excitant ! Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur la manière exacte dont Dark Side sera présenté ?

SIMON FOURNIER : Bien sûr, le spectacle est vraiment un concert de rock symphonique, et le mot rock
y est important. Parfois, vous voyez de la musique pop orchestrée et réécrite pour strictement un ensemble symphonique, un orchestre qui est, et donc certaines des couleurs de la musique sont différentes. Dans notre cas, nous avons un groupe de rock plus l’orchestre.

En effet, nous pourrions garder les musiciens de l’orchestre complètement silencieux, et vous auriez toujours la chanson là, vous savez, le guitariste, les claviers, ils jouent exactement les parties que Pink Floyd a jouées sauf que maintenant nous avons la possibilité de ont toutes sortes de textures et de timbres supplémentaires de l’orchestre. Nous construisons des couches au-dessus des chansons.

PAN M 360 : Comment s’est passé le processus d’orchestration ?

SIMON FOURNIER : Eh bien, la première fois que j’ai fait quelque chose comme ça, c’était avec Classica en 2017, avec un répertoire des Beatles. À l’époque, c’était alors les cinquante ans de Magical Mystery Tour et Sgt.Pepper. Marc Boucher, qui est le directeur du festival, lorsqu’il m’a contacté, il m’a dit « Simon, ce que j’attends de toi, c’est que tu penses comme si George Martin avait un orchestre à sa disposition quand il le voulait ». Alors c’est ce que j’ai fait, j’ai essayé d’entrer dans sa tête et de comprendre comment il travaillait, et comment il travaillait avec l’orchestre notamment. C’est ce que nous faisons ici avec Pink Floyd. Cela exige évidemment qu’avant d’écrire des notes supplémentaires, vous devez écouter beaucoup de Pink Floyd et commencer à vivre dans le monde qu’ils habitent. Cela peut prendre plusieurs semaines avant que j’écrive une note. Alors j’aborde vraiment ça comme si j’étais en studio avec eux en 1973. C’est ce que j’ai fait. C’est ce qu’a fait Peter Brennan, qui fait aussi la plupart des orchestrations.

PAN M 360 : Alors faut-il s’attendre à des surprises ?

SIMON FOURNIER: La surprise vient peut-être surtout du chœur, parce que c’est le chœur qui chante la plupart des mélodies. Il y a du contrepoint dans ces passages, je ne veux pas être trop technique, mais on prend, disons, un morceau de mélodie de la chanson et nous la développons au sein du chœur. Vous pouvez donc entendre ces fragments de mélodies dans les différentes voix qui créent vraiment des couleurs très séduisantes. Le chœur donne une qualité nocturne à ces chansons, on a presque l’impression d’être près d’un feu la nuit. On est dans un monde très éthéré et proche du monde des rêves. C’est ça Pink Floyd.

Bien sûr, nous avons Lulu Hughes comme soliste et il n’est pas surprenant qu’elle chante The Great Gig in the Sky. Elle le fait à merveille, elle est parfaite pour ça, et elle une grande fan de Pink Floyd. Là où c’est surtout Lulu qui fait les solos, la chorale changera de rôle pour ressembler un peu plus à une chorale conventionnelle ou à des choristes. Parfois, je leur demande de chanter comme s’ils étaient dans une cathédrale, presque comme une chorale de musique sacrée, et parfois je leur demande, hé, utilisez votre vraie voix pop, votre voix rock&roll, selon la chanson.

Lorsque toute la chorale ajoute quelques « ah » en arrière-plan, cela ouvre vraiment le son et nous avons fait une chose similaire une fois auparavant pour un spectacle de Queen il n’y a pas si longtemps et je me souviens d’avoir été avec le preneur de son quand il tournait le chœur un peu dans le mix et j’avais la chair de poule. J’ai eu une bonne conversation avec le preneur de son, Guillaume, hier au téléphone, sur la façon dont nous voulons répartir la chorale et oui, c’est un expert de Pink Floyd.

PAN M 360 : On aimerait connaître votre relation avec ce répertoire ?

SIMON FOURNIER : Même si je fais beaucoup de musique classique et contemporaine, ma carrière tourne autour de la musique classique, mon premier amour, c’était avec le rock. Donc pour moi, c’est toujours un répertoire que je connais et auquel je me connecte toutes ces années plus tard. Je me souviens de Dark Side of the Moon quand j’étais enfant. Je l’ai écouté peut-être quatre ans après, quand j’avais 13 ans. Ma sœur aînée l’a écouté. Mes amis, leurs frères aînés et leurs amis l’ont écouté. Je me souviens avoir mis le vinyle et l’avoir beaucoup écouté. Mais alors c’était naturel. Nous étions à l’ère de la musique progressive. J’ai beaucoup écouté Pink Floyd, Genesis et Gentle Giant. J’étais aussi un grand fan de Led Zeppelin. Donc, vous savez, ça a été autour de moi toute ma vie.

Lulu Hughes m’a dit qu’elle était une grande fan de Pink Floyd et qu’elle aimait particulièrement The Wall, qu’elle connaissait toutes les chansons, tous les mots par cœur. Dans ce concert, nous interprétons quelques chansons de The Wall aussi, et nous avons choisi des chansons que Lulu était particulièrement à l’aise pour interpréter et chanter. Mais nous sommes également conscients que c’est un spectacle pour tout le monde et pas seulement pour les grands fans de Pink Floyd, mais pour tous ceux qui se rassemblent dehors avec nous, vous savez dans le grand parc où les gens vont pique-niquer, donc nous voulons faire quelque chose d’appréciable pour tout le monde.

PAN M 360 : En organisant de tels concerts, Classica expose un public plus vaste à la musique classique et à la grande musique rock du passé.

SIMON FOURNIER : Exactement. C’était l’une des raisons pour lesquelles que Marc Boucher inscrit de tels concerts à sa programmation, pour ne pas se borner à des questions de genres musicaux, et pour faire des choses que nous pouvons tous apprécier. Alors un jour, je travaille sur Pink Floyd et la semaine suivante je travaille sur une opérette de Jacques Offenbach. Pour moi, il n’y a que de la bonne et de la mauvaise musique et j’aime faire de la bonne musique, qui comprend tant de genres. Je pense que nous voyons de plus en plus ces contenus croisés, les musiciens étant plus ouverts à différents styles et cultures de musique.

CLASSSICA ROCK – THE DARK SIDE OF THE MOON EST PRÉSENTÉ CE SAMEDI 10 JUIN, 21H, AU PARC DE LA CITÉ DE LONGUEUIL

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