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Le compositeur russo-canadien Airat Ichmouratov inaugurera le premier opéra réalisé sous la bannière du Nouvel Opéra Métropolitain (NOM), nouvelle division lyrique du Festival Classica fondée par Marc Boucher, avec L’Homme qui rit, adapté du roman de Victor Hugo par Bertrand Laverdure.
Dans une distribution toute québécoise avec Hugo Laporte, Jean-François Lapointe, Janelle Lucyk, Sophie Naubert Magali Simard-Galdès, Florence Bourget, Antonio Figueroa et Boucher lui-même, cette création mondiale sera la première d’une série de trois création d’opéra – L’adorable Belboul de Jules Massenet, le 6 juin, et Miguela de Théodore Dubois, le 14 juin. Est ainsi lancée une collaboration avec la Salle Claude-Champagne de la Faculté de musique de l’Université de Montréal pour les prochaines années.
Alors qu’Airat Ichmouratov et son équipe de production sont dans le dernier droit avant la première de L’Homme qui rit, nous nous sommes entretenus avec lui.
PAN M 360 : Les répétitions en vue de la représentation de L’Homme qui rit ont commencé depuis quelque temps déjà. Comment ça se passe avec les chanteurs et les musiciens?
Airat Ichmouratov : Je peux dire que je suis vraiment fier. Nous avons vraiment une équipe extraordinaire. Tout le monde est tellement charismatique avec de belles voix et une belle attitude. Travailler avec le Festival Classica et Marc Boucher, qui dès le début a été d’un grand soutien, ainsi qu’avec tous ces musiciens, c’est vraiment une expérience incroyable. Nous avons déjà eu une répétition avec l’orchestre. Samedi nous avons répété avec les chanteurs et après, ce sera la générale avec tout le monde. L’orchestre est excellent, les musiciens sont enthousiastes et emballés de jouer cette nouvelle musique. En tant que compositeur et chef d’orchestre c’est vraiment un privilège de travailler avec eux.
PAN M 360 : Vivre, d’une part, la création mondiale votre premier opéra, et de l’autre, être en mesure de le diriger, ce doit être extrêmement emballant, on imagine !
Airat Ichmouratov : Effectivement, c’est quelque chose qu’on ne vit pas souvent. Cela fait vraiment penser à l’ancienne tradition avec Richard Strauss ou Gustav Mahler qui dirigeaient leurs œuvres. De notre temps, il n’y a pas beaucoup de compositeurs qui dirigent leurs œuvres, même si on peut compter quelques exceptions comme John Adams. Je suis vraiment content, car dans mon cas j’ai étudié la composition et la direction d’orchestre et j’ai travaillé beaucoup comme chef d’orchestre à l’opéra, notamment en Europe où j’ai dirigé plusieurs opéras de Puccini Tchaïkovsky et Verdi. J’ai appris beaucoup de choses à travers ces œuvres.
PAN M 360 : Parlez-nous de l’histoire de L’Homme qui rit. Que raconte-t-elle et comment êtes-vous entré en contact avec celle-ci et avec Bertrand Laverdure qui en est le librettiste?
Airat Ichmouratov : J’ai lu ce livre de Victor Hugo quand j’avais 16 ans. C’est un livre qui est assez complexe et qui n’est pas facile parce que Victor Hugo donne toujours beaucoup de descriptions de la situation sociale, de la situation politique de son époque, mais l’histoire elle-même est extraordinaire. La première chose, c’est une histoire où l’amour transcende les apparences entre Gwynplaine un homme défiguré et Dea une jeune fille aveugle qui ne voit en lui que la beauté de son âme. L’autre chose, c’est une histoire qui illustre la différence entre la richesse et la pauvreté, qui sont encore des sujets très actuels. Aussi, et pour ma part ce qui est très touchant, c’est qu’il s’agit d’une histoire qui parle de saltimbanques, de musiciens de rue. Quand je suis arrivé au Canada il y a 25 ans déjà, j’ai été musicien de rue pendant 4 ans. Je n’étais pas capable de trouver un travail en tant qu’étudiant étranger, alors jouer dans la rue était mon seul moyen de gagner de l’argent. L’histoire de Gwynplaine me touche pour ces raisons.
C’est Marc Boucher qui m’a présenté Bertrand Laverdure. Quand j’ai rencontré Marc je lui ai dit : « Pourquoi ne pas créer un nouvel opéra? » Il m’a demandé tout de suite si j’avais un sujet en tête et j’ai dit « Oui, j’ai un sujet ». Il m’a dit qu’il connaissait un poète extraordinaire qui pourrait être le librettiste et à partir de ce moment, il m’a présenté à Bertrand. Pendant une année, et en pleine période de COVID, nous avons beaucoup discuté et Bertrand a écrit une première version du livret pour l’été 2021. Je peux dire que cela a été une expérience formidable de travailler avec lui parce que Bertrand est un auteur qui a une plume très émotionnelle, ce qui pour moi était un élément très important. Ses mots sont très inspirants. Nous avons formé un très bon tandem pendant deux ans et je pense que le résultat est très bon. J’en suis très content. Nous sommes déjà en train de discuter d’un nouvel opéra basé sur une œuvre d’Honoré de Balzac, pour l’édition 2026 du Festival Classica.
PAN M 360 : Quelles ont été vos inspirations musicales pour mettre en musique les mots de Bertrand Laverdure?
Airat Ichmouratov : Mon langage musical se situe vraiment dans la musique romantique. Pour moi, c’est toujours un défi parce que dans la musique romantique, il y a tellement de choses qui ont été dites qu’aujourd’hui, on compose quelque chose et ça ressemble à ce qui existe déjà. C’est donc certain que vous allez entendre, beaucoup d’inspiration de plusieurs compositeurs romantiques que j’ai entendus et qui ont jalonné mon parcours comme chef d’orchestre et compositeur. Les gens disent souvent de ma musique qu’elle est néo-romantique. Il y a toujours beaucoup d’émotion, parce que pour moi, c’est extrêmement important. Lorsqu’on écoute de la musique, on doit ressentir quelque chose. Ça peut ne pas nécessairement être un bon sentiment, ça peut être de la frustration, de la colère, mais c’est absolument important de le ressentir. Parce que la musique, quand on écoute et qu’on ne ressent rien, pour moi c’est un désastre. Il faut que le sentiment et l’émotion soient présents.
La création mondiale de L’Homme qui rit, opéra d’Airat Ichmouratov sur un livret de Bertrand Laverdure, adapté de l’œuvre de Victor Hugo, aura lieu le mercredi 31 mai, à 19h30 à la Salle Claude-Champagne, dans le cadre du Festival Classica. Pour vous procurer des billets, c’est ici.