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Le jeune pianiste Felix Hong a d’ores et déjà été honoré à plusieurs reprises. En 2016, il a reçu le premier prix du Concours de musique canadienne Canimex. En 2017, il a remporté le Prix d’Europe et a été sélectionné par la CBC sur sa liste des 30 musiciens classiques les plus prometteurs de moins de 30 ans.
Né à Taipei, à Taïwan, cet interprète très doué s’est installé au Canada en 2012 afin de poursuivre ses études en musique à l’Université McGill. Il a ensuite obtenu sa maîtrise à Londres, à la Guildhall School of Music and Drama.
Pour son récital montréalais présenté par Pro Musica dans le contexte de la série Mélodînes, le pianiste a choisi d’interpréter des œuvres d’Alexandre Scriabine, de Nikolaï Medtner et de Nikolaï Kapustin.
PAN M 360 : faisons d’abord connaissance! Votre profil biographique nous apprend que vous êtes originaire de Taiwan. Plus précisément, où votre famille s’est-elle installée au Canada avant que vous ne soyez inscrit à l’Université McGill ?
FELIX HONG : Ma famille était établie à Montréal avant que je ne vienne au Canada ! Avant d’étudier à McGill, j’ai visité Montréal pendant quelques étés lorsque j’étais enfant.
PAN M 360 : D’où vient cette inspiration pour devenir un pianiste classique professionnel ?
FELIX HONG : À l’école secondaire, j’avais eu l’occasion de jouer le Concerto pour piano n° 1 de Chopin avec un orchestre. Cela reste l’une des expériences les plus mémorables que j’ai vécues sur scène, car j’ai vraiment ressenti le lien qui existait entre moi et la musique. Pendant un certain temps, mon plus grand souhait a été d’avoir l’occasion de jouer à nouveau avec un orchestre, car je voulais revivre ce moment. C’est finalement devenu ma motivation pour travailler dur le piano et poursuivre une carrière de pianiste classique professionnel.
PAN M 360 : Quand avez-vous réalisé que vous aviez ce don ?
FELIX HONG : J’ai réalisé que j’avais ce don lorsque j’ai pu développer mes propres interprétations de différentes œuvres. J’ai également réalisé que j’étais déterminé à poursuivre lorsque j’ai pu passer des heures au piano à explorer les différentes expressions que je voulais transmettre dans un certain passage de musique.
PAN M 360 : Quels ont été vos principaux professeurs au Canada ?
FELIX HONG : J’ai obtenu mon baccalauréat et mon diplôme d’artiste à McGill avec le professeur Ilya Poletaev. Je peux toujours apprendre beaucoup de choses de lui et ses cours sont très inspirants !
PAN M 360 : Pourquoi avez-vous choisi de poursuivre vos études au Royaume-Uni ?
FELIX HONG : Pour ma maîtrise, j’ai également postulé à des conservatoires aux États-Unis. Si j’ai choisi le Royaume-Uni pour étudier à la Guildhall School of Music & Drama, ce n’est pas seulement à cause de mon professeur Ronan O’Hora, mais aussi parce que les possibilités offertes par la Guildhall à ses étudiants sont incomparables – classes de maîtres, études de musique de chambre, etc.
PAN M 360 : Où vivez-vous actuellement ?
FELIX HONG : Je fais des allers-retours entre Montréal et Toronto. Bien que je sois de temps en temps absent, je suis toujours fier d’appeler Montréal ma ville d’origine !
PAN M 360 : C’est difficile de l’exprimer pour un musicien, mais essayons : comment décririez-vous vos caractéristiques pianistiques à ce stade de votre développement ?
FELIX HONG : C’est en effet une question à laquelle il est très difficile de répondre ! Personnellement, je pense que les caractéristiques pianistiques d’une personne peuvent être liées (ou partiellement liées) à sa personnalité, puisque l’interprétation est essentiellement une autre méthode de communication. Comme je suis une personne plutôt timide, je me suis toujours senti plus à l’aise dans l’interprétation de pièces lyriques et exquises. Cette année, j’ai donc choisi de travailler sur une sonate de Kapustin, très difficile, dont le dernier mouvement est probablement l’un des plus virtuoses et des plus éclatants que j’aie jamais joués.
PAN M 360 : Quelle est votre quête en tant qu’interprète?
FELIX HONG : Mon objectif est de faire en sorte que mon public perçoive ma personnalité, qui je suis pendant que j’interprète la musique. Cela dépend des œuvres : je peux raconter une histoire et essayer d’accompagner le public dans des sections contrastées, mais je peux aussi simplement projeter une aura et emmener mon public dans un certain état, une certaine atmosphère.
PAN M 360 : Pour ce programme, vous avez choisi des compositeurs russes (et ukrainiens). Vous devez donc avoir un attrait pour eux. Comment cela s’est-il produit dans votre vie artistique ?
FELIX HONG : C’est Ilya qui m’a fait découvrir Medtner pendant mes études à McGill. J’ai été fasciné par la capacité de Medtner à raconter des histoires dans ses pièces ; la façon dont les techniques de composition de Medtner peuvent être si sophistiquées, aventureuses, tout en gardant l’ensemble bien serré est tout simplement merveilleuse. D’autre part,
Scriabine a toujours été l’un de mes compositeurs préférés ; l’étude de sa musique depuis ses premières périodes jusqu’au « Scriabine tardif » est un véritable voyage, car nous voyons comment Scriabine développe ses « couleurs » et ses gestes d’expression uniques. Sa musique dans sa « période intermédiaire », où il s’éloignait des limites de la tonalité, est d’une beauté exceptionnelle.
J’ai découvert la musique de Kapustin grâce à la fonction Autoplay Next Video de Youtube, qui fait apparaître l’un de ses concerts études. Contrairement à de nombreux compositeurs classiques qui ont ajouté des « éléments de jazz » à leurs compositions, la musique de Kapustin a une essence proprement jazz, avec une structure de formation classique. Je suis tombé amoureux de sa musique immédiatement à cause des harmonies à la fois colorées et ambiguës.
PAN M 360 : Nous avons ici deux générations de compositeurs russes. Pouvez-vous commenter ce choix ?
FELIX HONG : Alors que Scriabine et Medtner partagent un style relativement similaire, issu de la période post-romantique, la musique de Kapustin a également hérité de Scriabine et de Medtner. Or, la musique de Kapustin a également hérité de nombreuses textures de la musique russe, par exemple dans le voisinage de longues écritures linéaires. J’ai choisi de présenter deux générations de compositeurs russes pour montrer à quel point ils peuvent véhiculer des styles musicaux contrastés, mais aussi des voix et des techniques de composition similaires.
PAN M 360 : Donnez-nous svp un aperçu de chaque défi et de l’attachement que vous avez pour jouer ces pièces inscrites à votre programme:.
Les 2 Mélodies oubliées de Medtner – début du 20ème siècle :
FELIX HONG : Même s’il s’agit probablement d’une des sonates les moins compliquées de Medtner, cela n’efface pas le fait que la Sonata Tragica comporte de nombreux défis virtuoses et la difficulté de présenter une image complète de cette œuvre. Ce que j’aime dans cette pièce, c’est la coda : même si elle est techniquement très exigeante, il n’y a rien de plus satisfaisant que de jouer une coda écrite par Medtner !
Les 5 préludes et 2 poèmes de Scriabine – fin du 19ème siècle :
FELIX HONG : De tous les préludes écrits par Scriabine, celui de l’opus 16 a probablement la texture la plus fine tout en réservant une énorme quantité d’émotion. Ce que j’aime dans la musique de Scriabine, c’est qu’elle offre souvent une grande marge de manœuvre pour créer des rubato créatifs et explorer différentes possibilités de voicings.
La Sonate n° 1 de Kapustin, – fin du 20e siècle, très proche du jazz moderne.
FELIX HONG : Dans la première sonate pour piano de Kapustin, le plus difficile est d’exécuter la complexité du rythme : les gestes enlevés, les syncopes et les silences sont un véritable défi pour un pianiste de formation classique. J’aime beaucoup jouer cette œuvre, et pas seulement parce que les harmonies de jazz sont si agréables à entendre ! La musique de jazz peut vraiment nous aider, nous les pianistes, à travailler la coordination des deux mains et à créer différentes couleurs.
PAN M 360 : Quelles sont les prochaines étapes pour Felix Hong ?
FELIX HONG : Ces deux dernières années, je me suis surtout concentré sur mon travail de pianiste collaborateur à McGill. En faisant une pause cette année, je suis en mesure de travailler sur un répertoire plus soliste et sur divers projets. Je prévois de préparer un programme de sonates de Kapustin plus tard dans l’année, et j’ai hâte de les présenter pour que plus de gens puissent apprécier cet amalgame classique-jazz !
FELIX HONG JOUE DE LA MUSIQUE RUSSE CE MERCREDI MIDI, 15 MARS, SALLE CLAUDE-LÉVEILLÉE, PLACE DES ARTS. CE PROGRAMME EST PRÉSENTÉ PAR PRO MUSICA DANS LE CADRE DE SA SÉRIE MÉLODÎNES
PROGRAMME :
NIKOLAI MEDTNER, Mélodies oubliées, op.39, IV. Canzona Matinata
NIKOLAI MEDTNER, Mélodies oubliées, op.39, V. Sonata Tragica
ALEXANDER SCRIABIN, 5 Préludes, op.16
ALEXANDER SCRIABIN, Deux Poèmes, op.32
NIKOLAI KAPUSTIN, Sonate pour piano no. 1“Sonate fantaisie”, op.39