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Alexandre Archambault, Christophe Charest-Latif, Julien Comptour et Mark Cool sont de drôles de pistolets. Des pistolets-psych, en fait. Car Mort Rose crée librement en s’inspirant du canon psychédélique, c’est-à-dire de l’âge d’or de cette esthétique des années 60 et 70 qui ne s’est jamais démodée. Quatre garçons musiciens-musicophiles de nature, vaquant tous à diverses occupations chacun de leur bord, mais se retrouvant périodiquement à la maison-mère Mort Rose pour créer du rock goûteux. En se prenant juste assez au sérieux. Ils nous avaient offert Nés pour aimer en 2020, puis Au revoir cowboys en 2021. Pan M 360 a pu discuter du passé, du présent et de l’avenir de Mort Rose avec son chanteur-guitariste-parolier, Alexandre Archambault.
Pan M 360 : Bonjour Alexandre, ça se passe bien? Prêt pour le concert de demain? On aura sans doute droit à la matière d’Au revoir cowboys, paru en septembre 2021?
Alexandre : Oui, on a bien hâte! Au revoir cowboys est un album qu’on affectionne particulièrement, il a été très important pour nous, en tant que groupe. C’est la dernière fois qu’on va le jouer; on l’a fait juste assez. On va dire adieu à Au revoir cowboys!
Pan M 360 : Y aura-t-il de nouvelles compos au programme?
Alexandre : Non, nous ne sommes pas encore en mode « nouvelles compos ». Mort Rose a été une sorte de genèse pour nous, pour ce qui est de faire de la musique sérieusement. Les membres du groupe sont tous pas mal occupés par d’autres projets, mais Mort Rose constitue notre maison-mère. Mais on a senti un bouillonnement, durant nos dernières répétitions. Nous sommes mûrs pour de nouvelles compos, c’est le temps de tourner la page.
Pan M 360 : Donc les membres de Mort Rose ont tous d’autres occupations, comme l’étiquette Bonbonbon ou d’autres groupes comme Corail et ainsi de suite.
Alexandre : Oui, il y a Bonbonbon, puis Julien vient de lancer un EP de Jules encore, Christophe réalise des albums pour d’autres et joue dans d’autres groupes comme Vanille, Allô Fantôme et Minuit.
Pan M 360 : Outre votre prestation aux Francos en juin dernier, est-ce que Mort Rose a eu le temps de tourner ailleurs au Québec?
Alexandre : On a joué à Gatineau, puis en Abitibi pour le FME et quelques autres shows. Parce que le concept de Mort Rose, notre maison-mère comme je le disais tantôt, c’est qu’on se réunisse pour sortir un gros album aux deux ou trois ans, un truc sans compromis qui nous fait triper, puis qu’on fasse dix shows maximum, pour ensuite retourner en création.
Pan M 360 : Le rock psychédélique a toujours eu la cote ici, depuis les années 60. C’est donc dur de dire si vous faites partie d’un renouveau ou d’une continuation! Ce qui est sûr, c’est que plusieurs formations en portent le flambeau, ces temps-ci, comme Hippie Hourrah, Fuudge ou vous-mêmes. Qu’est-ce qui attire les musiciens vers cette esthétique, selon toi?
Alexandre : Dur à dire, j’ai l’impression qu’il y a une tradition rock, au Québec, qui se transmet d’une génération à l’autre. J’ai un fils, maintenant, j’ai hâte de voir s’il va écouter du rock! J’ai exploré beaucoup de musiques, mais je reviens toujours à des racines 60’s et 70’s. Je pense qu’il y a aussi un courant de liberté, de sonorités « organiques » qui cadrent avec la mentalité 2020. Quelque chose de lié à l’ouverture et au laisser-aller qu’on trouve dans cette musique-là. Et il y a assurément des affinités entre le Québec et la musique des années 60 et 70, notamment psychédélique.
Pan M 360 : Les groupes québécois reprenaient beaucoup de tounes anglo-saxonnes, à cette époque.
Alexandre : Je connais bien mon yéyé et mon garage kitsch, et je t’avoue que ces courants-là me font triper. Il y a des versions incroyables, les Sultans, les Classels et les Hou-Lops faisaient des versions incroyables de tounes du R.-U. ou des É.-U. avec du reverb et d’autres trucs. Et la façon dont ils exploitaient le lo-fi, c’était complètement buzzé. Je réécoute beaucoup de stock de ces années-là. Chez Mort Rose, on écoute énormément de musique, mais on se retrouve dans les enregistrements de cette époque. Pas que rock, mais country et pop aussi, des Beach Boys à John Denver.
Pan M 360 : Par rapport à vos collègues psychédéliques québécois, vous avez un parti pris country. Pour votre plus récent album, du moins. Plus Grateful Dead que 13th Floor Elevators, disons.
Alexandre : En ce moment, Christophe n’écoute que des compils des Grateful Dead!
Pan M 360 : Un groupe qui ne marchait pas fort ici durant les années 70, sans doute parce qu’il s’est très rarement produit ici. Mais qui commence à susciter de l’intérêt 40 ans plus tard.
Alexandre : Dans Mort Rose, on est tous collectionneurs de vinyles. Christophe était acheteur au 33 Tours, c’est souvent lui qui nous fait découvrir de la musique. Il pogne des « buzz » sur ces affaires, puis on se met à creuser là-dedans! Pour le prochain album, on est en grand questionnement, mais on semble se diriger vers le slow-country – Gram Parsons est l’une de mes idoles –, auquel on ajouterait un peu de chaos! Genre country cosmique-psychédélique, à la Flying Burritos et Grateful Dead.
Pan M 360 : On entend toutes sortes d’instruments dans vos pièces. De la harpe, de la flûte, des vieux synthés, du clavecin, du glockenspiel, du sitar, lalali-lalalou. Vous aimez dégoter des trucs comme ça?
Alexandre : Les instruments et les sonorités nous ont toujours intéressés, mais pendant la pandémie ça s’est aggravé! Tout ce qu’on faisait, c’était écouter des disques et explorer le « gear », de façon maladive, comme si on cherchait à échapper à notre ennui de cette manière. On étudiait les guitares, les amplis et tout et tout, donc. En même temps c’était sain, parce qu’on ne prend pas toujours le temps de faire ça. On s’achetait des guitares, on s’échangeait nos guitares. Moi je me suis calmé, mais pas les autres gars du groupe. À chaque répétition, ils arrivent avec de nouvelles guitares, ils font du « swap ». Sur le dernier album, on a aussi beaucoup utilisé l’orgue Farfisa et un synthé Rolland dont j’oublie le nom, qui était toujours sur le point de casser.
Pan M 360 : Vos paroles et titres de chansons sont souvent saugrenus, comme Boubilou ou Pète un badtrick. Musicalement par contre, vous êtes sérieux!
Alexandre : On joue de la musique, et le mot « jouer » est important pour moi. On doit s’amuser. On s’était dit pour Au revoir cowboys qu’on était là pour créer l’affaire la plus spéciale et la plus instinctive possible. Oui, il faut être sérieux dans la démarche, être bien organisé, avoir un bon plan de match et les bons équipements. Mais une fois sur le terrain, il faut se lâcher lousse, s’amuser, utiliser les codes qu’on a appris, mais en s’amusant, en se laissant aller créativement. De se bâtir une sorte de carré, puis de faire ce qu’on veut dedans, ensuite.
Pour ce qui est des titres de tounes, on s’était pris la tête durant la création du premier album. Mais pour Au revoir, peut-être à cause d’une irrévérence accentuée par la pandémie, on s’est dit « On s’en câlisse des titres de tounes ». Et j’écris pour faire rire les gars. D’où La loi du lynx ou Boubilou, qui représente un enfant qui doit passer la soirée dans sa chambre et qui en est frustré. Je vois ces textes comme un tableau abstrait, qui représente ce que je ressentais à ce moment-là. Sinon, je travaille à un projet d’album solo plus folk, guitare-voix à la Avec pas d’casque. Donc je prends le temps de bien choisir les mots. Mais, pour moi, les paroles absurdes et les paroles sérieuses peuvent exister et avoir une pertinence.
Pan M 360 : Merci Alexandre et bon concert à Coup de cœur francophone!
Photo du groupe : Les Deuxluxes.
MORT ROSE SE PRODUIT CE SAMEDI 5 NOVEMBRE À L’ESCO AVEC CURE-PIPE, POUR COUP DE COEUR FRANCOPHONE. INFO ET BILLETS ICI!