Coup de cœur francophone | Moran chante Ferré

Entrevue réalisée par Claude André
Genres et styles : Chanson francophone

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Durant le Coup de cœur francophone, ce mardi 7 novembre, Moran se frottera à l’œuvre immense de Léo Ferré sous le regard complice, de l’autre côté de l’Atlantique, de Mathieu Ferré.

 « Tu vas être étonné de me voir (rires). C’est aussi une relecture de moi. Je me laisse porter par ce qui a été écrit. Hier, on l’a fait pour la première fois ici, à Lac-Brome, et je me suis fâché à quelques reprises, j’ai pleuré ici et il m’est aussi arrivé d’avoir le goût de baiser deux ou trois fois », lance Moran lorsqu’on lui demande comment sa personnalité plutôt calme se conjugue avec à celle de Léo Ferré, qui pouvait être très sanguin, à l’occasion de l’hommage rendu à ce gigantesque lion disparu il y 30 ans cette année. 

Ce n’est pas la première fois que l’auteur-compositeur-interprète se frotte à l’œuvre du vieil anar qui aura choisi de passer l’arme à gauche un… 14 juillet!

En effet, l’animatrice Monique Giroux avait eu la bonne idée de lui proposer cette rencontre artistique, il y a dix ans pour les événements Carte blanche. Mais c’est au hasard d’un de ses spectacles en Europe, où un ami de la famille se trouvait dans la salle, que Mathieu Ferré, le fils de l’autre, lui a demandé de traduire en anglais l’œuvre de Léo.

Mais n’était-ce pas profaner l’œuvre de celui qui à sa façon n’avait ni dieu ni maître? « J’ai un attachement très profond pour ce que Léo a écrit en français. Il a inventé une langue, c’est presque un péché que de faire cela. Un peu comme lorsque Bashung, que j’adore, a repris Suzanne de Cohen en français… »

Bref, les hasards de la vie étant ce qu’ils sont, c’est au cours d’un spectacle avec Mara Tremblay et Mathieu Bérubé que Moran, accompagné d’un quatuor à cordes, avait glissé une pièce de Léo et que le projet, qu’il présentera ce mardi, a germé dans la tête de quelques producteurs de spectacles.

Avant d’accepter, Moran s’est tout de même assuré de recevoir l’imprimatur de Mathieu. « Qui suis-je au fond pour porter une telle œuvre sur mes épaules? Mathieu m’a convaincu de faire ce qui me semblait, au départ, inconcevable. Et c’est aussi parce que mes étudiants, à l’École nationale de la chanson, ne le connaissent pas, que je me suis dit que je devais le faire. Léo est un passage obligé pour élargir ses horizons. »

Relecture ou interprétation?

« Un peu des deux », lance l’artiste coiffé de son éternel bonnet. Les arrangements, très respectueux de pièces originales, sont du pianiste Martin Lizotte, qui, comme Mathieu et Moran lui-même, a participé à la sélection des pièces. Que des textes signés Léo. Ce qui nous vaudra, notamment, l’inclusion de la magistrale La vie d’artiste. « En plus du piano de Lizotte, on retrouvera violon, violoncelle, contrebasse et des pulsations électros pour remplacer la batterie qui aurait été trop lourde pour l’ensemble », avance Moran.

Outre le volet musical composé de 13 chansons, ce spectacle offre aussi une dimension multimédia, puisqu’un film tourné par la réalisatrice Tiphaine Roustang sera projeté. Mandat de la cinéaste, qui aura vécu quelques jours dans le vignoble toscan de la famille Ferré pour ce projet : capter Mathieu déclamant des textes de son père (Demain et Les idoles n’existent pas) sur lesquels des musiques ont été juxtaposées et se faire le fantôme de Léo, en nous imprégnant des lieux et de l’ambiance de la vie dans son domaine viticole.

Dis Moran, crois-tu que Léo pourrait avoir encore voix au chapitre en ces temps de rectitude politique?

« Non, je ne crois pas. C’est une question délicate. Il faudrait qu’on arrête d’avoir peur de dire des choses. Je trouve que les gens sont fragiles et faibles. J’ai l’impression que cela fait juste laisser plus de place à l’horreur en général en créant des déséquilibres. Les faibles s’affaiblissent et les plus forts prennent toute la place. Je ne crois pas que cette œuvre passerait encore, mais il le faudrait. Et puis, ça me ressemble, je suis quelqu’un d’assez direct. Au fond, le discours de Léo utilise le même principe que celui qu’employait Yvon Deschamps, en allant trop loin dans ses monologues engagés afin que le plus de gens possible se rejoignent au milieu », conclut cette graine d’anar, tandis que quelque part, dans l’univers, l’auteur d’Avec le temps acquiesce de son éternel sourire troué.

crédit photo: Louane Williams

MORAN SE PRODUIT CE MARDI 7 NOVEMBRE, CLUB SODA, 20H

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