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En avril dernier, Productions Nuits d’Afrique tenait la 16e édition de son concours annuel des Sylis d’or de la musique du monde Made in Montréal. Une compétition devenue incontournable dans le paysage de la métropole. Parmi les nombreux groupes qui ne se sont pas rendus en finale, nous, chez Pan M, en avons remarqué quatre que nous souhaitons mieux faire connaître au grand public. Le contexte étant ce qu’il est dans les concours, on oublie trop facilement et rapidement les semi-finalistes.
Cône Orange, comme le laisse deviner un nom bien scotché à une réalité ultra montréalaise, est un ensemble qui prend résolument racine dans le solide éclectisme musical de la métropole. Du jazz au funk en passant par la musique africaine, le hip hop, le rock, le punk, la bossa et que sais-je encore, voici une recette touski musicale rudement bien menée qui mérite d’être vécue live, comme ce fut le cas le 19 avril 2023 au club Balattou.
Le groupe est composé de Simon Lindsay à la batterie, Enora Trebern au chant, Nikita Carelov à la guitare, Francis Will à la basse et Julian Shively au piano.
PAN M 360 : Cône Orange, c’est drôle et ça évoque immédiatement la métropole…
Cône Orange : Oui, c’est voulu. C’est un symbole. Ça nous fait prendre des détours et c’est un peu ce qu’on fait en musique avec le mélange des genres et des styles.
PAN M 360 : Comment vous êtes-vous formé?
Cône Orange : Nous avons tous rejoint le groupe pour différentes raisons. Moi (Eeno), je venais juste d’arriver à Montréal, je cherchais des gens pour jammer et grâce à une petite annonce dans un réseau de McGill, j’ai rencontré Nikita. Francis s’est joint ensuite grâce, lui aussi, à une annonce et après, nous nous sommes mis à la recherche d’un batteur qui avait un profil jazz-funk, et Simon s’est manifesté. C’est au hasard des détours imprévus qu’on s’est tous retrouvés sur une même scène…
PAN M 360 : Comme si des cônes oranges vous avaient amenés là où vous ne vous attendiez pas, justement… Quelles références revendiquez-vous, musicalement?
Cône Orange : Ça se promène un peu partout, selon lequel ou laquelle d’entre nous est concernée. Simon aime beaucoup l’intersection du hip hop et du jazz genre MF Doom ou J Dilla (Simon). Aussi, Herbie Hancock, époque Headhunters, ou encore le Mahavishnu Orchestra et Tower of Power sont des sources inspirantes pour lui. Puis, côté plus »classique », la Bossa nova est une favorite. Eeno se retrouve chez Lauren Hill, Nai Palm et Nina Simone, qu’elle a entendu pas mal à la maison (ses parents étaient pas mal »jazz »). La musique africaine aussi. Pour Francis, on est plus dans le rock, le punk et le hip hop instru. Le jazz est arrivé plus tard. On se retrouve avec une musique bien groundée dans une histoire jazz solide, mais très accentuée par les sonorités actuelles.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a donné envie de plonger dans le concours des Sylis d’or?
Cône Orange : Nous avons commencé à jouer ensemble juste pour le plaisir, avec des covers, mais on a rapidement évolué en ajoutant des compos. C’était vers 2021-2022. Fin 2022, nous avons joué au Festival de Rimouski, puis on est revenu à Montréal et on a donné quelques concerts ici et là. C’est à ce moment qu’on s’est dit que ça vaudrait la peine de faire le concours, qui est une fixture dans le paysage montréalais, presque légendaire comme événement. C’est important et c’est une belle porte d’entrée pour mieux se faire connaître. On s’est dit qu’on était prêts et qu’on avait ce qu’il fallait pour participer.
PAN M 360 : Même si vous êtes plus jazz que world… Quel bilan faites-vous de votre passage? C’était un bon médium pour vous?
Cône Orange : (Eeno) J’avoue que j’ai été surprise quand Francis nous a dit qu’il avait déposé notre candidature. Mais nous sommes super contents. Ça été une très belle expérience. (Simon) En y repensant, je constate que lors des demi-finales, on a dû enlever une pièce bossa, et en fin de compte ça a peut-être joué contre nous. Surtout que c’est le seul élément world dans notre répertoire. Malgré tout, c’est un tremplin exceptionnel, ne fut-ce que pour l’expérience et l’obligation de performer dans un contexte exigeant et très surveillé, à la fois par le public et les juges.
Pan M 360 : Comment voyez-vous votre mariage stylistique? Reste-t-il des éléments à définir dans votre son? Y a-t-il quelque chose qui est définitivement fixé?
Cône Orange : (Simon) À chaud, je dirais que nous sommes déjà assez uniques, mais qu’il reste bien sûr des choses à affiner. Nous prendrons le temps de le faire. C’est peut-être encore un peu éclaté, mais en vérité, la pluralité fait partie de notre identité. Tous ces détours comme on disait, ce sont les cônes oranges qui nous les font faire, et pour nous c’est bon. Ce qui est fixé, c’est la culture de l’impro solo. Peu importe que l’on touche à la bossa, au hip hop, au jazz pur ou au rock, je pense qu’il y aura toujours ces solos improvisés des divers membres du band, et ça restera un fil conducteur.
PAN M 360 : Et si on veut vous voir bientôt?
Cône Orange : Nous serons au Festival de rue Petite-Bourgogne, le 15 juillet. Nous serons également à L’Esco (le bar l’Escogriffe, rue Saint-Denis à Montréal) le 27 juillet. Quelques autres dates sont à prévoir, mais ce n’est pas officiel encore. Nous sommes ouverts à être bookés! Nous voulons jouer!
PAN M 360 : Je confirme que ça vaut la peine. La preuve avec cette entrevue. Merci!
Cône Orange : Merci!