renseignements supplémentaires
Juste avant de traverser la pointe sud-ouest du lac Harrington, sur la route 327 nord, le croisement est là, facile à louper. C’est le chemin Cammac, qui mène au camp musical du même nom. Celui dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler, mais qui allume les cœurs musicaux amateurs depuis plus de 70 ans. En effet, le camp musical Cammac, fondé en 1953 par les frères Carl et Everett Little, voit le jour avec la mission d’offrir des formations estivales aux musiciennes et musiciens amateurs, de tous les âges. Aujourd’hui, chacune des huit semaines de la saison estivale (les résidences durent sept jours), une trentaine d’enfants et parfois jusqu’à 80 adultes peuvent y séjourner en même temps. Certains chantent, d’autres jouent d’un instrument. Des adultes seuls, des ami.e.s, des couples et même des familles complètes s’y présentent et profitent des enseignements de professeurs chevronnés, artistes professionnels renommés, comme le flûtiste et directeur musical Francis Colpron, la soprano Jacqueline Woodley, le baryton Julien Patenaude, le flûtiste Vincent Lauzer, le violoniste Olivier Breault, le chef Julien Proulx, la violoncelliste Noémie Raymond, le contrebassiste jazz Adrian Vedady, la pianiste Kate Wyatt, la harpiste Anabelle Renzo, la claveciniste Geneviève Soly…
John Rutter
La directrice artistique Guylaine Lemaire me racontait lors de notre rencontre que certains étés, des artistes internationaux, de passage, sont invités à y passer du temps. Imaginez que vous êtes choristes amateurs et que vous receviez quelques conseils de… John Rutter! C’est arrivé. Il y a eu également l’ensemble vocal Gesualdo Six. ‘’Les garçons en ont profité pour faire des activités bien canadiennes, en se promenant en canot sur la grand lac tout à côté. Ils en ont eu pour leur argent, car ils ont chaviré et se sont bien mouillés!’’ Inutile d’enfoncer le clou, n’ajoutons pas l’insulte à l’injure des pauvres, haha. Car, vous savez, ce qui se passe à Cammac reste à Cammac.
Il y a aussi des semaines thématiques, comme la semaine de musique ancienne, celle de musique de chambre, de jazz, etc. Le camp musical d’été se tient sur huit semaines, ce qui en fait bien entendu la saison la plus achalandée de l’année, mais des week-ends et des semaines d’activités sont également disponibles occasionnellement le reste de l’année (pour la relâche scolaire, le week-end de l’Action de Grâce, un week-end Bach+ en mai, etc.).
Des activités connexes sont offertes : randonnée, canot (sur le Grand lac MacDonald attenant), yoga, etc. Certains louent des chambres, d’autres vont s’installer sur un bout de terrain avec leur simple tente (moins cher bien sûr). Les participants peuvent opter pour le forfait incluant les repas ou se débrouiller avec leurs denrées et faire des piques niques. Toutes les façons d’y passer la semaine sont possibles.
Les concerts pros du dimanche
L’été est aussi l’occasion d’organiser une chouette série de concerts, les Dimanches en musique. C’est à l’occasion de l’un de ces concerts que j’ai visité Cammac, la première fois pour moi. Il y a des réguliers, assurément, mais Guylaine Lemaire me disait que les nouveaux sont assez nombreux, plus de 20% cette année. Et les demandes sont en augmentation depuis quelques années. ‘’C’est drôle, car je rencontre des gens du coin qui ne savent même pas que le camp existe, et en même temps, on commence à refuser des demandes car nous sommes complets certaines semaines. Nous ne sommes pas très connus, mais le bouche à oreille fonctionne bien dans notre cas’’.
Pour les Dimanches en musique, ça se passe dans la salle de concert bâtie en 2006 sur le site de l’ancienne bâtisse qui accueillait auparavant les événements, mais qui avait pas mal vieilli, disons. La salle actuelle est toute simple, attenante au bureau d’accueil, à la cafétéria et à la cuisine (qui offre le brunch après le concert, selon le forfait qui vous le permet ou non). Carrée, avec de belles grandes fenêtres donnant sur le lac, la sonorité y est agréable et adéquatement réverbérante pour les petits ensembles ou les performances solistes. J’y étais pour le quatuor vocal masculin Quartom, qui y a donné un concert éclectique passant du chant de la Renaissance à Mozart, Leonard Cohen et Gilles Vigneault. Complicité et beauté des quatre voix (Julien Patenaude, Philippe Martel, Benoît Leblanc et Joé Lampron-Dandonneau), additionnées d’un brin d’humour sympathique, la recette fait mouche surtout qu’elle ne se substitut pas à la qualité de l’interprétation, excellente.

À venir encore dans la série dominicale, si un petit détour par l’endroit vous tente (une heure et quelque de Montréal) : le très bon Quatuor Cobalt, Denis Plante et son bandonéon, le trio jazz de Kate Wyatt avec un hommage à Oscar Peterson (du très haut calibre!), L’Histoire du soldat de Stravinsky, théâtre musical avec Marc Djokic, violon, Simon Aldrich, clarinette, Maxim Shatalkin, piano et Peter Duschenes, narration, puis la finale avec les Boréades dirigées par Francis Colpron qui fêteront leur 30e anniversaire avec de la musique baroque anglaise.
DÉTAILS DE LA SÉRIE LES DIMANCHES EN MUSIQUE
Ladite salle sera entièrement payée en 2026, ce qui a fait dire à la directrice artistique qu’ensuite, d’autres investissements seront réalisés, par exemple pour retaper d’autres bâtisses environnantes (le chalet du lac par exemple, juste à côté), dans lequel plusieurs visiteurs logent. J’ai visité, c’est propre et bien entretenu, mais ça trahit quand même son âge. Et comme la fréquentation est en hausse, le temps est venu de passer à une étape supérieure.
Mine de rien, donc, ce petit (mais pas tant que ça) camp musical, le seul de son genre au Canada si je ne m’abuse, tient sa place dans le milieu de la musique, et tend même à s’épanouir! C’est un peu dommage qu’il demeure encore passablement peu connu. Tentons de changer les choses un peu, et de rendre indispensable l’augmentation de la capacité d’accueil des lieux! Un heureux problème à régler pour l’équipe administrative…