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« Bigflo & Oli, tu connais non? » — Les frangins toulousains s’amusent à poser cette question sur plusieurs de leurs morceaux. Nul doute, le Québec les connaît et les apprécie énormément. À chacune de leurs visites depuis leur première en 2015, les Québécois et Québécoises ont répondu présent, leur réservant à tout coup un accueil chaleureux. Au cours des dernières années, le duo français a conquis son public grâce à ses habiletés techniques impeccables, des textes soignés et un immense charisme.
En marge de leurs concerts à Montréal au Centre Bell ce vendredi 24 novembre puis au Centre Vidéotron à Québec samedi pour présenter leur quatrième album Les autres c’est nous, Pan M 360 a rencontré les rappeurs afin de discuter de leur relation avec le public d’ici avec qui ils renouent sans faire d’argent avec cette tournée nord-américaine, leur quotidien sur la route au cours des derniers mois, leur marque de vêtement Visionnaire et bien plus!
PAN M 360 : Bonjour à vous deux, re-bienvenue à Montréal. Votre première visite ici remonte à 2015 dans le cadre des Francos, et il y en a eu plusieurs autres depuis. Lors de vos premières fois, vous étiez au début de votre carrière et aviez assurément quelque chose à prouver ainsi qu’un public à conquérir, ce qui n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. Comment approchez-vous cette venue au Québec?
BIGFLO : On arrive ici avec un seul but en tête, soit de célébrer au maximum. Lors de nos premières visites, nous étions un peu les outsiders du rap, nous amenions un rap différent et étions même parfois incompris, donc on voulait prouver, prouver, prouver. Aujourd’hui, nous ne sommes plus vraiment dans ça, nous aimons toujours nous prouver en rappant et en démontrant que nous sommes de bons musiciens, mais nous prenons la tournée d’une manière beaucoup plus apaisante. On voit ça davantage comme une fête avec les gens qui nous écoutent. Comme on dit sur le premier titre de notre dernier album, ceux qui n’aiment pas et qui n’écoutent pas, et bien tant pis, on ne peut pas plaire à tous. On se concentre sur les gens qui nous aiment vraiment.
PAN M 360 : Au fil des années, vous n’avez jamais oublié les Québécois et Québécoises. Pourquoi c’est important pour vous de nourrir cette relation avec le Québec?
OLI : Dès le début, les gens nous ont réservé des accueils chaleureux à nos spectacles. Si nous n’avions pas eu ça, peut-être que nous ne serions pas venus aussi souvent au Québec. Nous avons tout simplement rendu l’énergie que les gens d’ici nous ont donnée. Je me souviens de nos deux dates d’affilée au Club Soda, nos moments au MTELUS et la tournée à travers le Québec avec des dates à Sherbrooke, Laval, Québec et Montréal. Nous avons vécu des super moments dans la province, et nous revenons tout simplement pour en vivre d’autres. C’est aussi bête que ça.
BIGFLO : Sur nos deux concerts à Montréal et Québec ce soir et samedi, nous ne gagnons pas d’argent, en raison des coûts de déplacements et tout. Nous sommes vraiment là pour le plaisir et parce beaucoup de personnes nous soutiennent ici. Nous recevions déjà en 2015 des messages de la part de gens du Québec qui disaient nous écouter, et nous nous disions que c’était trop bien d’avoir des personnes qui nous écoutent d’aussi loin.
PAN M 360 : Vous êtes en tournée et avez enchaîné les concerts depuis déjà plusieurs mois, ça ne semble jamais s’arrêter pour vous! Dans quel état d’esprit vous amenez-vous à Montréal?
BIGFLO : Franchement, cette venue au Québec est une véritable bulle d’air frais pour nous. Nous terminons présentement notre grosse tournée, et nous aimons mettre les dates à l’international vers la fin pour changer un peu d’air avant notre important concert à Paris. C’est très ressourçant de venir ici, surtout que l’on sait que les concerts au Québec se déroulent toujours très bien. Nous avons des souvenirs fous de nos visites à Montréal.
OLI : D’ailleurs, un de nos meilleurs souvenirs sur scène est lors d’une de nos présences au Club Soda quand notre mère était assise au balcon, c’était dingue.
BIGFLO : Nous connaissons très bien l’endroit, et nous ne sommes vraiment pas stressés à savoir si ce sera bien ou pas.
OLI : C’est vrai que nous avons enchaîné beaucoup de concerts ces derniers temps, mais avec l’expérience, nous savons mieux nous reposer et gérons mieux tout ça. Certes, c’est une longue tournée intense, mais ce n’est pas usant de manière négative.
PAN M 360 : Vous mentionnez mieux gérer cette tournée. Avez-vous des passe-temps ou occupations qui vous permettent de vous détendre et de mieux vous en sortir?
OLI : Nous sommes avec beaucoup d’amis en tournée. Sur scène, il y a des personnes avec qui nous sommes allés à la garderie, au primaire et même au lycée.
BIGFLO : C’est une grande colonie de vacances. En tournée, nous jouons au foot, faisons des tournois de ping-pong et des matchs de padel, un sport qui est un mélange de tennis et… de tennis quoi! Bref, nous faisons beaucoup d’activités comme ça et cela nous aide beaucoup. Comme nous sommes souvent fatigués, nous ne faisons pas grand-chose en après-midi, nous nous concentrons sur le concert du soir.
PAN M 360 : Ça fait déjà plus d’un an que vous avez dévoilé votre dernier album Les autres c’est nous. Avec un peu de recul, comment voyez-vous ce projet?
BIGFLO : Pour moi, c’est du soulagement. C’était un vrai défi pour nous, à ce niveau-là de carrière, d’arriver avec un quatrième album solide. À notre âge, c’était ça passe ou ça casse. C’était l’album le plus important à faire pour nous.
OLI : C’est aussi notre projet le plus abouti au sens du fond, dans ce que nous avons raconté. J’ai l’impression que nous avons vraiment vidé une partie de ce que nous avions à dire sur notre identité, sur nos questionnements de jeunes adultes, sur notre rapport aux autres, notre lien avec l’amour, nos ancêtres et notre pays. Nous avons réussi à aborder plein de sujets forts qui nous tiennent vraiment à cœur. C’est ce qui nous permet aussi d’offrir notre meilleur concert à ce jour, avec davantage de musicalités, de vrais moments pour les textes avec des histoires racontées sur scène ainsi que des instants de fêtes avec notamment des morceaux comme Dernière et Coup de vieux.
PAN M 360 : L’éventail des sujets que vous avez abordés au cours de votre carrière est extrêmement large. Cependant, y a-t-il quelque chose de nouveau que vous aimeriez aborder dans vos chansons?
OLI : Par exemple, j’y pensais ce matin, j’aimerais faire quelque chose sur le divorce et pousser plus loin sur l’impact de ça. On en a d’ailleurs déjà parlé sur Tant pis ou tant mieux sur notre dernier album.
BIGFLO : Nous n’avons pas vraiment de sujets en stock. L’inspiration vient plutôt sur le moment lorsqu’on entend les instrumentales. En tout cas, j’espère que nous avons encore plein de sujets à aborder, et on peut même reparler de certaines choses. Avec le temps, les choses changent et notre angle d’approche aussi, nous avons encore beaucoup de choses à dire.
OLI : Avec notre succès et la maturité gagnée, on va moins parler de ce que pensent ou vont penser les gens. Donc, ça nous ouvre la porte à donner davantage notre avis, le vrai, sur certains sujets. Tout ce qu’on a raconté au fil des années a toujours été vrai, mais on risque d’être davantage engagé et assumé.
PAN M 360 : Votre marque de vêtements Visionnaire s’est installée au NINETY sur la rue Saint-Denis pour quelques jours. Parlez-moi de votre passion pour la mode et ce que vous apporte un tel projet.
OLI : Notre marque vient du fait qu’on s’est dit qu’on pourrait porter des chandails que l’on crée nous-mêmes à la place d’enfiler ceux inventés par les autres. Ça vient aussi du hip-hop, nous avons grandi avec des Jay-Z et P.Diddy qui avaient leur marque de vêtement.
BIGFLO : Dans le rap français, c’est plutôt l’inverse. C’est quasi étonnant si tu n’as pas une ligne de vêtement, c’est très propre à la culture entrepreneuriale du hip-hop. La majorité des rappeurs en a une. Forcément, nous voulions être des rappeurs et ça allait de soi de créer la nôtre. Visionnaire existe depuis déjà 2017, ça fait quand même un bon moment. Nous sommes très contents de voir le tout évoluer.
OLI : Récemment, nous avons collaboré avec le Toulouse FC pour créer le troisième maillot de l’équipe, avec différentes marques et récemment avec un artiste de New York. Ça bosse bien!
PAN M 360 : Il y a trois ans, vous avez mis sur pied votre label Bonne étoile. Il est clair que vous avez un intérêt et un engagement envers les jeunes talents. Auriez-vous des suggestions d’artistes de chez vous à faire découvrir au Québec?
BIGFLO : Justement, il y a LauCarré qui sera en première partie des concerts au Québec. On se disait que les gens ici pourraient bien aimer son style de rap. Il a d’ailleurs une collaboration avec un gars de chez vous en pleine ascension, Fredz, qui assurera lui aussi la première partie.
Bonne étoile, c’est vraiment une autre corde à notre arc. Quand on voit nos jeunes talents réussir à remplir des salles de 400-500 personnes et que nous sommes dans la salle, nous ressentons une fierté différente de quand nous sommes sur scène.
OLI : Après dix ans de carrière et de succès, on sentait que c’était le moment de transmettre ce que nous avons appris et de les accompagner, sans totalement leur paver la voie, car ce sont à eux de choisir leur route. On s’était promis de partager et d’aider les autres le jour où nous allions avoir réussi, et c’est ce que nous sommes en train de faire.
PAN M 360 : Récemment, vous avez tous les deux créé des titres ou effectué des collaborations en solo, notamment sous le nom de Bunshiin pour vous Bigflo. Que pensez-vous que cette liberté créative en solo vous apportera lors de vos moments en duo?
BIGFLO : C’est vraiment le début, et on essaye de ne pas trop y penser. Parfois, on fait des collaborations en solo, car c’est avec un artiste qu’un de nous affectionne particulièrement, où il n’y a tout simplement pas la place pour être deux. Oli n’en a fait qu’une, et un peu plus pour moi. Au départ, on trouvait que c’était un blasphème et que c’était de trahir Bigflo & Oli de faire ça, ça nous préoccupait beaucoup. Nos amis et nos entourages nous disaient que nous avions le droit de faire des morceaux l’un sans l’autre et que ce n’était pas la fin du monde, mais nous trouvions ça grave. Aujourd’hui, on se dit que c’est cool et que ça nous fait respirer. Effectivement, quand on revient en studio ensemble, on apporte de nouvelles inspirations et ça fait évoluer notre projet commun.
PAN M 360 : Parlons maintenant de votre spectacle à venir ce vendredi 24 novembre au Centre Bell et le lendemain au Centre Vidéotron. À quoi doit-on s’attendre, vous qui nous avez toujours habitués à une excellente mise en scène.
BIGFLO : Écoute, ce qui est dommage c’est que nous n’avons pu apporter tous nos équipements au Québec. Nous apportons beaucoup de surprises, mais c’est assez compliqué pour nous de vous présenter le vrai « Bigshow ».
OLI : Les gens peuvent s’attendre à la synthèse de plusieurs années de scène avec tous les éléments qui fonctionnent bien de nos concerts précédents. C’est bien ficelé et l’esthétique est travaillée. Nous venons avec une dizaine de musiciens, un ensemble de cuivres, de trompettes et de trombones.
BIGFLO : Je vais jouer du piano et de la batterie, Oli jouera de la trompette. On a un bon mix d’anciens et nouveaux sons. On est très fier du spectacle, encore plus que de notre dernier album.
PAN M 360 : Est-ce qu’il y a un morceau en particulier qui a su traverser vos spectacles et qui ne quittera jamais vos concerts?
BIGFLO : C’est certainement le morceau Demain avec Petit Biscuit. C’est un titre d’été qui nous fait du bien en live. Il y a certains morceaux qui ne sont pas mes préférés à l’écoute, mais qui sont incroyables en concert. Pendant Demain, il y a des confettis, des flammes et les pétards qui explosent, c’est vraiment le bordel! En termes de vieux morceaux, nous faisons encore Aujourd’hui et Début d’empire. Nous aimons toujours faire un ou deux sons pour ceux qui nous suivent depuis nos tout débuts.