renseignements supplémentaires
La semaine dernière aux Francos, Louis Lussier, plus connu sous le nom d’Aswell, est monté sur scène deux fois plutôt qu’une, lors d’une vitrine le mercredi puis en solo deux jours plus tard. Cette double apparition au festival est loin d’être un hasard; le rappeur de 25 ans a le vent dans les voiles, notamment grâce aux récents succès de Banlieue, son premier album en carrière.
Même s’il œuvre majoritairement avec des sonorités hip-hop, le Québécois n’hésite pas à s’aventurer hors de son carré de sable et explorer des avenues pop et folk. Natif de Saint-Bruno-de-Montarville en Montérégie, il aborde dans ses textes les aléas de la vie de banlieue, celle qu’il a vécu et qu’il vit toujours présentement. Le jeune artiste se démarque grâce à son authenticité et ses refrains accrocheurs sur ses titres comme Next et Highschool. Il n’y a pas de doute, Aswell est l’un des visages prometteurs de la relève rap sur la scène québécoise.
Quelques minutes après sa première prestation aux Francos, Pan M 360 s’est entretenu avec lui de sa vie depuis la sortie de son plus récent projet, la création de Banlieue, son premier Club Soda en avril dernier et bien plus!
PAN M 360: Comment s’est déroulé ce spectacle en formule vitrine aux Francos?
ASWELL : C’était vraiment bien. C’est toujours un défi de faire ce genre de prestation, car ce n’est pas nécessairement ta crowd qui est présente. Malgré cela, ça s’est super bien passé, c’était très agréable.
PAN M 360: Quelques mois ont passé depuis la sortie de votre premier album Banlieue en mars dernier. Quelle est la première chose qui vous vient en tête quand vous repensez à la création de ce projet?
ASWELL : Je te dirais que la première chose à quoi je pense c’est Flashback, l’une des premières chansons de cet album. C’est probablement ça mon premier souvenir de Banlieue. J’ai écrit le refrain lorsque j’étais en avion en direction de Cuba avec mon père. C’est définitivement le premier souvenir que j’ai de ce projet-là. Ça remonte à l’automne 2022.
PAN M 360: Avant de parler davantage de ce projet, j’aimerais savoir comment vous avez vécu la dernière année sur le plan personnel. Disons que votre carrière a atteint un autre palier au cours des derniers mois.
ASWELL : Ce qui a été le plus difficile pour moi, c’était de jongler avec ma vie d’artiste tout en étant mon propre manager. Il y a plein de personnes qui travaillent avec moi, mais je suis souvent le point central. Parfois, c’est difficile de gérer tout ça. Quand tu n’as pas d’album et que tu es en création, c’est facile. Cependant, quand l’album est sorti, c’est plus difficile de recréer. On a besoin de toi un peu partout, que ce soit en radio, à la télévision ou pour des demandes de subvention. Je dirais qu’être un artiste indépendant, ça comporte des qualités et des défauts.
PAN M 360: En 2021, vous aviez assumé l’entièreté de la création de votre premier EP intitulé Solo. Quel était votre degré d’implication au niveau de la composition, du mixage et du matriçage sur Banlieue?
ASWELL : Avec chaque projet j’essaie d’évoluer et d’amener mon art à un autre niveau. Avec Solo, je trouvais ça vraiment bien d’avoir un projet qui était créé à 100% par moi, mis à part l’apport de mon frère à la guitare sur un des morceaux. Pour Banlieue, c’est encore moi qui a créé les maquettes des morceaux, sauf pour Nuits blanches; certaines productions ont été faites à 75% par moi, d’autres à 25%. Ensuite, j’ai présenté mes beats à des producteurs qui sont tout simplement plus expérimentés que moi afin de les améliorer. Pour garder ce qui est vrai de Aswell, c’est important pour moi de continuer de créer de cette manière.
PAN M 360: Parlons de Loyseau, le morceau introductif de Banlieue portant le nom d’une rue de votre ville natale, Saint-Bruno-de-Montarville. Quelle est l’histoire derrière ce morceau?
ASWELL : Dans le hip-hop, c’est important de représenter d’où tu viens. Les gens qui viennent de la banlieue ont tendance à dire qu’ils proviennent de Montréal ou s’inventer une histoire, mais pour moi, c’est important de ne pas me cacher. Dans ma musique, je parle de comment les jeunes de banlieue se sentent. Chez nous, il y a beaucoup de millionnaires et c’est loin d’être un milieu défavorisé, notre prochain plat est toujours là et on n’a jamais à se battre pour ça. Cependant, ça ne veut pas dire que c’est si facile d’être un jeune dans ce genre de quartier et j’en parle dans ma musique et dans Loyseau. Parler de ta propre réalité, c’est souvent dans ça que les gens vont se reconnaître et ce qui va te rendre différent.
PAN M 360: Dans le refrain de ce morceau, vous vous questionnez sur le train de vie que menaient vos idoles. Avez-vous une certaine crainte sur la vie d’artiste?
ASWELL : Oui, c’est certain. On le sait, rien n’est jamais assez, peu importe le succès qu’on va avoir. On veut toujours avoir plus et se pousser encore plus. Ce mode de vie, c’est un peu une course sans fin. C’est déjà bien que j’en sois conscient, mais je sais que je vais toujours me pousser à me dépasser. Est-ce que ça va me rendre plus heureux au bout du compte? Je n’en sais rien, mais c’est ce que je vais faire! C’est un peu ça le cœur de cette réflexion.
PAN M 360: Quel titre chérissez-vous le plus sur Banlieue et pourquoi?
ASWELL : Pour vrai, j’essaie toujours de faire de la musique avec mon cœur, alors mes chansons occupent toutes une place importante dans mon cœur. Je vais dire Highschool, la collaboration avec Lova, car il est, selon moi, l’un des meilleurs rappeurs au Québec et c’est un artiste que j’apprécie beaucoup. J’ajouterais J’passe mon temps aussi comme deuxième choix.
PAN M 360: La photo qu’on retrouve sur la pochette de Banlieue a été capturée à un endroit bien spécial pour vous, soit votre ancienne demeure. Quelles sont les raisons derrière ce choix?
ASWELL : Dès le début, je savais que l’album allait s’appeler Banlieue et que Loyseau allait ouvrir le projet. Je voulais une pochette qui représentait bien ce thème. Je trouvais ça très important de mettre en valeur d’où je viens et ça s’est fait naturellement. À la base, nous étions censés prendre des photos devant la maison. Finalement, j’entendais du bruit dans la cour et je suis entré pour me présenter aux nouveaux propriétaires. Les parents qui habitent mon ancienne demeure ont de jeunes enfants, la cour était pleine et il y avait des jouets un peu partout. C’était comme si je me revoyais lorsque j’étais jeune. Ils ont accepté de m’accueillir pour prendre quelques photos et c’était parfait. Ça ne pouvait pas mieux représenter l’album.
PAN M 360: Disons que vous êtes tombés sur des propriétaires excessivement sympathiques pour vous accueillir de la sorte.
ASWELL : C’est certain! Je me suis même lié d’amitié avec eux après tout ça. Il y a peu de temps, la maison a passé au feu, donc si vous allez voir le visuel de Loyseau sur YouTube, on y voit les dommages des flammes sur la maison. Ils vont bientôt la rebâtir et ils m’ont appelé pour me demander si je voulais aller la visiter avant les travaux. Évidemment, je suis allé. Je suis quelqu’un de très nostalgique et j’ai adoré ça. Bref, une relation s’est créée avec eux, ils m’écrivent souvent pour me dire qu’ils ont entendu mes chansons ou qu’ils m’ont vu à Salut Bonjour. C’est vraiment spécial.
PAN M 360: Nous en parlions plus tôt que vos derniers mois ont été mouvementés. Quel est le meilleur moment de votre année 2024 jusqu’à maintenant?
ASWELL : Définitivement mon spectacle au Club Soda, c’était un des meilleurs moments de ma vie. Souvent, je termine mes shows et je me dis « Ah, j’aurais pu faire ça comme ça ou faire ça autrement », mais pas cette fois. Au Club Soda, j’étais sur un nuage, je me suis couché à six heures du matin. C’était malade.
PAN M 360: Quelle a été votre réaction lorsque vous êtes monté sur scène devant un Club Soda plein à craquer en avril dernier?
ASWELL : J’ai enregistré le spectacle, donc je l’ai au complet en vidéo. Au début, je monte sur scène, je dis les premières paroles puis j’oublie les troisièmes et quatrièmes phrases de Loyseau. Ça se voit très bien sur l’enregistrement. À ce moment, je pensais que les gens allaient être choqués, mais ils ont chanté les paroles du morceau. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. J’étais bouche bée et je me suis dit « oh boy, ça va être une de ces soirées! ».
Crédit photo: Simon BRousseau