renseignements supplémentaires
Pourquoi , au fait, jouer encore et toujours le Messie de Georg Friedrich Haendel au temps des Fêtes? Noémy Gagnon-Lafrenais explique pourquoi il demeure pertinent de rejouer cette œuvre archi-connue, la plus interprétée de toutes durant cette période. Violon solo d’Arion Orchestre Baroque, la musicienne (et bientôt ingénieure chimique) raconte son parcours par la même occasion.
PAN M 360 : Vous avez une solide expérience du Messie, racontez-nous!
Noémy Gagnon-Lafrenais : Mon rôle dans le Messie, je l’ai joué près d’une trentaine de fois dans ma carrière.
PAN M 360 : On peut comprendre, car c’est l’œuvre la plus jouée au temps des Fêtes.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Exactement. Apparemment, c’est le cas depuis le XIXᵉ siècle qu’on joue le Messie à l’approche de Noël, car au départ, c’était une œuvre pour la période de Pâques. Ce qui a fait la popularité du Messie dans le monde anglo-saxon et donc aussi en Amérique du Nord, c’est en en partie parce qu’il s’agit d’un oratorio anglais – Haendel ayant vécu en Angleterre.
PAN M 360 : En Europe, est-ce joué au temps des Fêtes ?
Noémy Gagnon-Lafrenais : J’ai des amis musiciens qui vivent aux Pays-Bas et qui ne jouent pas le Messie. J’ai aussi une collègue qui a mené une carrière de musicienne baroque en France, pour ensuite s’installer au Québec. Récemment, elle m’a écrit et posé des questions musicologiques sur le Messie que nous allons jouer ensemble : « Allons-nous faire des tutsis? Des repienos? Où se trouve tel ou tel solo? Alors, j’en déduis qu’elle ne l’a pas (ou très peu) joué auparavant. Elle n’a pas d’expérience avec cette pièce, à tout le moins avec la façon dont on la joue en Amérique du Nord.
PAN M 360 : Donc il s’agit vraiment une tradition britannique, anglo-saxonne et nord-américaine.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Oui, c’est une pièce qui est jouée très souvent, mais puisque certains de mes collègues l’ont jouée moins souvent ou pas du tout, et puisqu’il se trouvera des gens dans la salle pour qui ça va être le premier Messie, ça vaut la peine de le rejouer.
PAN M 360 : Ce n’est pas une pratique courante chez Arion que de jouer les œuvres connues du répertoire baroque et de la musique ancienne.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Effectivement, avec Arion, on présente quand même depuis les dernières années beaucoup d’œuvres de niche, des œuvres de compositeurs français moins connus… C’est super parce que ça démontre que le répertoire n’est pas épuisé. Il est beaucoup plus vaste qu’on pense. C’est bon pour nous en tant que musiciens parce que ça nous garde à l’affût, ça nous tient sur le bout de notre chaise. On doit continuer à découvrir, on doit continuer à se poser des questions. Mais c’est ça, des projets, quand tu fais une redécouverte ou une première mondiale ou un premier enregistrement, ce sont des projets qui sont extrêmement exigeants et stressants. Moi, j’adore ça, tu es beaucoup plus investie dans le processus créatif, mais c’est aussi beaucoup de pression. Alors quand on fait des œuvres qui sont un peu moins souvent jouées ou qui sont redécouvertes, le travail en amont est beaucoup plus grand.
PAN M 360 : Et il faut aussi plaire au public en lui jouant des œuvres qui lui sont familières.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Ce que je trouve intéressant et agréable à faire Le Messie avec mes collègues, c’est qu’on en sait les fondements. La majorité d’entre nous connaît vraiment cette musique, alors on ne perd pas de temps en répétition à se dire « Peut-on recommencer à la mesure 75? », « Quel accord avons-nous ici ? »
On n’a pas besoin de passer du temps à discuter du langage, mais on a le temps de pouvoir vraiment profiter de la spontanéité du jeu parce la partition est maîtrisée. Quand tu joues un même programme 200 fois, tu trouves alors la beauté de l’exécution dans la spontanéité du jeu, dans les petites choses que tu communiques au public en temps réel.
Pour moi, ça va nous permettre peut- être plus d’explorer en tant que groupe cette spontanéité- là, sans le stress d’avoir une œuvre qu’on ne connaît pas de fond en comble. Par exemple, comparativement à quand on découvre une œuvre.
PAN M 36 : Arion continu de jouer exclusivement avec des instruments anciens, n’est-ce pas ?
Noémy Gagnon-Lafrenais : Systématiquement. Et on couvre le répertoire d’à peu près 1660 à 1780, mais là, le mois dernier, on a aussi fait des œuvres d’Hélène de Montgomery euros qui avaient été composées en 1820 pour piano.
PAN M 360 : Le son d’ensemble s’en trouve plus doux.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Les flûtes sont en bois, les instruments n’ont pas d’embouchures de métal. On utilise aussi des cordes de boyau, ce qui adoucit la sonorité de l’orchestre, effectivement. C’est plus organique, moins métallique, moins tranchant, moins normalisé car il n’y a pas une corde de boyau identique, alors que des normes existent pour les cordes en acier. Alors selon moi, les cordes animales produisent des sonorités plus riches.
PAN M 360 : Et vous collaborez avec le Studio de musique ancienne de Montréal SMAM.
Noémy Gagnon-Lafrenais : Oui, ce programme est exécuté sous la direction d’Andrew McAnerney qui est un excellent chef de chœur. Vraiment, il a bien pris la relève du défunt fondateur, Christopher Jackson.
PAN M 360 : Parlons maintenant de votre parcours professionnel.
Noémy Gagnon-Lafrenais : J’ai joint Arion en 2014, alors que je terminaismes études à Juilliard (New York). J’ai fait un diplôme spécialisé en musique ancienne, en performance de la musique baroque à New York. Auparavant, j’étais en Californie au Conservatoire de San Francisco, puis je me suis rapprochée de la côte Est. Bien sûr, Juilliard une école prestigieuse, plusieurs musiciens de réputation internationale y ont étudié, donc j’ai été vraiment en contact avec des gens avec qui je n’aurais jamais eu la chance d’être en contact sans ce programme. Ça m’a menée à jouer avec Jordi Savall, William Christie, Kristian Bezuidenhout, Rachel Podger, Masaaki Suzuki et autres maîtres.
PAN M 360 : Et puisque vous êtes native du Québec, vous êtes rentrée au bercail.
Noémy Gagnon-Lafrenais : En 2014, j’ai eu vent d’une audition pour Arion Orchestre Baroque, je m’y suis présentée. À partir de 2014, j’ai commencé à jouer dans la saison régulière. Et quand Chantal Rémillard, qui fut violon solo de l’orchestre pendant près de 38 ans, j’ai fait partie du processus de sélection. Et puis Mathieu Lussier a été nommé directeur artistique et on a poursuivi le processus jusqu’à ce qu’il décide de m’offrir le poste et c’est donc ma troisième saison en tant que violon solo pour Arion. Dans toute organisation, la période de changement bouleverse, mais je pense qu’on est en train de bâtir quelque chose de vraiment super.
PAN M 360 : Comme d’autres musiciens de haut niveau, vous menez une double carrière.
Noémy Gagnon-Lafrenais : À 30 ans, je suis retournée au cégep, puis à Polytechnique. J’ai fait ça en même temps que ma période d’essai pour violon solo. Pendant un moment je ne le disais de peur de perdre mon emploi que j’ai finalement obtenu. C’est alors que j’ai révélé être étudiante à Polytechnique depuis deux ans. J’ai presque fini. La session prochaine, il me restera 13 crédits et puis basta.
PAN M 360 : Donnerez-vous alors priorité au génie chimique ou bien à la musique baroque?
Noémy Gagnon-Lafrenais : Ça reste à voir parce que j’adoremon travail avec Arion. La musique reste ma passion, c’est ce que je vais mettre de l’avant toute ma vie. Mais je ne veux pas faire juste une chose dans cette vie. Alors suis heureuse d’avoir développé ces compétences qui me servent aussi dans ma vie d’artiste.
PROGRAMME George Frideric Handel (1659-1695) Messiah, HWV 56 (Londres, 1741 / Dublin, 1742)
PREMIÈRE PARTIE
Comfort ye, my people – Récitatif (Ténor)
Ev’ry valley shall be exalted – Air (Ténor)
And the Glory of the Lord – Chœur
hus saith the Lord – Récitatif (Basse)
But who may abide the day – Air (Alto)
And he shall purify – Chœur
Behold, a virgin shall conceive – Récitatif (Alto)
O thou that tellest good tidings to Zion – Air (Alto) et Chœur
For behold, darkness shall cover the earth – Récitatif (Basse)
The people that walked in darkness – Air (Basse)
For unto us a Child is Born – Chœur
here were shepherds abiding – Récitatif (Soprano)
And lo, the angel of the Lord – Récitatif (Soprano)
And the angel said unto them – Récitatif (Soprano)
And suddenly, there was with the angel – Récitatif (Soprano)
Glory to God in the Highest – Chœur Rejoice greatly, O daughter of Zion – Air (Soprano)
Then shall the eyes of the blind be opened – Récitatif (Alto)
He shall feed his flock – Duo (Alto et Soprano)
His yoke is easy, and His burthen is light – Chœur
ENTRACTE DEUXIÈME PARTIE
He was despised – Air (Alto)
Surely He hath bourne our griefs – Chœur
And with His stripes we are healed – Chœur
All we like sheep have gone astray – Chœur
All they that see Him – Récitatif (Ténor)
He trusted in God – Chœur
hy rebuke hath broken His heart – Récitatif (Ténor)
Behold and see if there be any sorrow – Air (Ténor)
He was cut off out of the land of the living – Récitatif (Ténor)
But Thou didst not leave His soul in Hell – Air (Ténor)
Lift up your heads – Chœur
Why do the nations so furiously rage – Air (Basse)
Let us break their bonds asunder – Chœur
He that dwelleth in Heaven – Récitatif (Ténor)
Thou shalt break them with a rod of iron – Air (Ténor)
Hallelujah – Chœur
TROISIÈME PARTIE
I know that my Redeemer liveth – Air (Soprano)
Since by man came death – Chœur
Behold, I tell you a mystery – Récitatif (Basse)
The trumpet shall sound – Air (Basse)
Worthy is the Lamb – Chœur
Amen – Chœur
CHEF ET CHEF DE CHOEUR : Andrew McAnerney
SOLISTES :
Soprano Susan Elisabeth Brown
Alto Nicholas Burns
Contreténor Haitham Haidar
Baryton Geoffroy Salvas
CHORISTES :
Sopranos : Rebecca Dowd, Marie Magistry Ellen Torrie
Altos Marie-Josée Goyette, Josée Lalonde, Marie-Andrée Mathieu
Ténors : Mathieu Abel, Nathan LeLièvre, Michiel Schrey
Basses : Victor Chisholm, John Giffen, Francois-Nicolas Guertin
INSTRUMENTISTES
Premiers violons : Noémy Gagnon-Lafrenais (solo) Julie Rivest Jimin Dobson Sallynee Amawat
Seconds violons : Jessy Dubé Marie Nadeau-Tremblay Mélanie de Bonville
Altos : Jacques-André Houle Peter Lekx
Violoncelles Amanda Keesmaat Andrea Stewart
Contrebasse : Francis Palma-Pelletier
Orgue : Christophe Gauthier
Clavecin : Rona Nadler
Hautbois : Matthew Jennejohn, Karim Nasr
Basson : François Viault
Trompettes : Roman Golovanov, Simon Tremblay
Timbales : Matthias Soly-Letarte
SOUS LA DIRECTION D’ANDREW MCANERNEY, LE MESSIE DE HAENDEL EST JOUÉ À LA SALLE BOURGIE LE vendredi, 17 novembre, 19:30, le samedi, 18 novembre, 16:00 et le dimanche, 19 novembre, 14:30