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Pour débuter l’année 2023, Pan M 360 a réalisé une série d’interviews avec cinq artistes d’ici qui seront à surveiller au cours des prochains mois! L’entretien ci-dessous avec Gab Bouchard est le cinquième et dernier de cette courte série.
Originaire du Lac-Saint-Jean, Gab Bouchard est un auteur-compositeur-interprète qu’on a eu le plaisir de découvrir lors de son passage aux Francouvertes de 2018. En août dernier, l’artiste de 24 ans a fait paraître Grafignes, son deuxième opus solo. Dans cet excellent projet pop-rock, il abordait avec sensibilité des sujets hautement personnels tels que le deuil, la santé mentale et même l’automutilation.
Pour Gab Bouchard, la création de Grafignes a été libératrice et lui a permis d’accepter plusieurs aspects de sa vie. Même s’il se dit « pas mal plus relax » que pendant la création de son dernier ouvrage, l’artiste soutient qu’il n’a pas cessé de se questionner pour autant. « Je pense que mon cerveau ne va jamais arrêter de virer », dit-il en souriant.
En 2023, il transportera Grafignes sur différentes scènes à travers le Québec. Sa tournée prendra fin en novembre prochain, alors qu’il tentera de remplir le mythique MTELUS pour la première fois de sa carrière. Il ne s’en cache pas, la pression de devoir remplir une telle salle génère un certain stress, mais il se sent fin prêt pour un tel défi.
Crédit photo : Bravo musique
PAN M 360 : Comment s’est déroulée votre année 2022?
GAB BOUCHARD : 2022 a été une année remplie de défis. C’était vraiment trippant de prendre le temps de réaliser Grafignes. L’écriture du projet était assez dure, c’est un album qui est rempli de bibittes. J’étais vraiment heureux de publier le projet, de pouvoir passer à autre chose et penser à le rendre en spectacle.
PAN M 360 : À quoi ressemblent vos plans pour 2023?
GAB BOUCHARD : On débute la tournée pour Grafignes. Si je me fie au calendrier, on va avoir un été assez chargé et on va essayer de faire le spectacle le plus de fois possible. C’est certain que le fait de jouer chaque jour, ça va m’amener à écrire de nouvelles chansons. Ainsi, j’imagine que mon prochain album va sortir dans les environs de la fin de la tournée. D’ici la dernière date, mon studio au Lac-Saint-Jean devrait être prêt et on risque de commencer à enregistrer de nouveaux morceaux assez rapidement.
PAN M 360 : Comment allez-vous faire pour rendre sur scène votre dernier album?
GAB BOUCHARD : Je pense qu’on a bien réussi à faire justice à Grafignes sur scène. Il y a des chansons qui ont énormément d’arrangements musicaux et ça a été complexe de jouer le tout en direct. Pour une chanson, on n’a pas eu le choix d’acheter la meilleure version de Pro Tools pour la terminer parce qu’il y avait environ 100 pistes. Sur scène on est cinq et mes musiciens font du vraiment bon travail. On offre un spectacle débordant d’énergie et on se donne vraiment. On aime ça.
PAN M 360 : Est-ce une source de stress de savoir que vous allez terminer votre tournée avec un spectacle au MTELUS en novembre prochain?
GAB BOUCHARD : Honnêtement, oui c’est quand même stressant. Le MTELUS ça peut accueillir 2300 personnes, c’est quand même gros. On a annoncé le spectacle en octobre 2022 et les gens pensaient que c’était pour un show en novembre 2022. Rendu en novembre, y’a plusieurs personnes qui nous disaient « coudonc y’a pas de show à soir? » Moi je me disais, « ben non, ça va nous prendre au moins un an pour pouvoir remplir une salle comme le MTELUS! » C’est certain que c’est stressant, mais en même temps si on ne fait pas des choses comme ça, on ne va jamais pouvoir savoir on est rendu où au niveau du public. Par le passé, on a sold out le Théâtre Corona et l’Impérial à Québec, donc on a toutes les raisons de croire qu’on est rendu là. Si tout se passe bien, ça risque d’être une méchante belle soirée et un super souvenir d’avoir fait le MTELUS pour mon deuxième album. On pense à filmer le concert et on va inviter plusieurs musiciens et artistes à se joindre à nous. On ne fait pas le MTELUS pour mettre 20 000$ dans nos poches, on souhaite investir tous les profits de la vente de billets et offrir tout un spectacle.
PAN M 360 : Vous avez sorti un vidéoclip pour la chanson Trou d’eau il y a quelques semaines. Parlez-moi un peu de ce visuel.
GAB BOUCHARD : C’est parti du fait que le réalisateur Baz m’a approché pour qu’on travaille ensemble et j’ai tout de suite accepté. Trou d’eau c’était la meilleure chanson pour faire un vidéoclip parce que la production est entraînante et tu as l’impression d’être dans un char qui roule sans cesse. Ça parle de déchéance, de dépendance, de drogue, de boisson et du Lac-Saint-Jean. Au début, on voulait aller tourner à Las Vegas, filmer dans des casinos et conduire une voiture décapotable pendant une semaine. Finalement, on s’est dit que c’était bien mieux d’aller filmer au Lac-Saint-Jean parce que Trou d’eau, ça ne parle pas de Las Vegas. Dans le clip, on suit un gars qui est « sur la dérape. » On a filmé pendant cinq jours du matin au soir. Ça pas l’air compliqué de tourner une vidéo de 3 minutes, mais maudit que ça l’est! Si je me souviens bien, on avait 22h de contenu vidéo à la fin du tournage. Le monteur a effectué un travail de maître. Je pense que le résultat image bien la chanson et je suis vraiment content. On fait des vidéos par pure passion parce qu’on sort de l’argent directement de nos poches. C’est vraiment un trip que tu te payes parce que ça ne rapporte pas vraiment d’argent.
PAN M 360 : Ça ne fait pas des années que vous avez publié Grafignes, mais qu’est-ce que le Gab Bouchard d’aujourd’hui pense de son dernier projet?
GAB BOUCHARD : C’est certain qu’il n’y a pas énormément de temps qui a passé depuis, mais il y a beaucoup de choses qui ont changé depuis. Je ne m’en rendais pas nécessairement compte pendant le processus, mais la création de Grafignes a été extrêmement libératrice. Je me suis beaucoup remis en question et ça m’a permis d’accepter plusieurs choses. Avec du recul, je suis vraiment content de l’avoir fait et d’avoir dit ce que j’avais à dire. Maintenant l’album existe, et il est là pour rester. Je me doutais que du monde allait aimer ça, mais je craignais quand même que les thèmes abordés dans mon deuxième album soient trop lourds et trop intenses. Après la sortie, j’ai tellement reçu de messages de personnes qui étaient contentes que ce disque existe et qu’ils m’ont dit que ça leur a fait du bien. J’ai eu près de 300 messages à la sortie et je les ai tous lus un par un. Ça m’a vraiment surpris qu’un album aussi personnel rejoigne autant les gens, c’était une belle récompense. En ce moment, je suis pas mal plus relax que quand je créais Grafignes.
PAN M 360 : Quelle est la prochaine étape pour Gab Bouchard?
GAB BOUCHARD : Je suis encore en questionnement sur ce que je souhaite faire pour la suite. J’ai toujours voulu faire un projet avec moins de pauses et de ballades et qui sonne plus punk, rock et garage. Est-ce que ça va être ça mon projet prochain, ou à la place ça va être un troisième projet qui met fin à la trilogie de la peine et des bobos? Oui je me sens mieux depuis la publication de Grafignes, mais je me pose encore tellement de questions. Je pense que mon cerveau ne va jamais arrêter de virer. Comme je l’ai dit plus tôt, je pense que je vais aller à mon studio au Lac-Saint-Jean après la tournée et voir ce que je vais pondre. J’ai déjà deux chansons de créées que j’aimerais publier, donc peut-être que ça donnera le ton pour mon prochain projet.
PAN M 360 : Sur quoi Gab Bouchard se questionne-t-il encore aujourd’hui?
GAB BOUCHARD : Une chose qui me chicote beaucoup ces temps-ci, c’est le thème de l’angoisse. Dans ma vie en ce moment, tout va quand même bien. Malgré ça, je vis quand même des moments d’angoisses et je me demande pourquoi ça m’arrive encore, même quand ça va bien. Ça, c’est un questionnement plus personnel. En ce qui concerne la musique, je me questionne souvent sur ce qui va arriver dans les prochaines années à mes amis dans l’industrie musicale et moi. Récemment, je me suis réellement questionné sur l’aspect financier de la musique. Je me suis toujours dit que ça ne me dérangeait pas de faire de l’argent ou pas avec ma musique, mais je souhaite quand même pouvoir bien vivre ma vie et manger plus que juste des toast au beurre d’arachide dans le futur, tu sais. Je me demande ce qui va arriver dans trois ans, mettons, s’il n’y a plus de radios satellites, si personne n’achète de disques et si tout le monde consomme sa musique via des plateformes comme Spotify. C’est un peu une blague au sein de mon équipe. À chaque fois qu’on voyage pour aller faire un concert, on se demande si ça ne va pas être notre dernier. Il faut vraiment aimer ça faire de la musique pour en faire sa carrière. J’ai des amis qui font de la musique depuis 15 ans et ils ont récemment dû retourner à l’école pour s’assurer un avenir. Le futur de la musique, c’est un gros questionnement pour moi.