Pour leur deuxième des neuf grandes soirées prévues afin decommémorer leur quarantième anniversaire, les Violons du Roy ont reçu la soprano Karina Gauvin ainsi que la contralto Marie-Nicole Lemieux. Ce mercredi 23 octobre au Palais Montcalm, on assistait à une soirée consacrée aux oratorios de Handel, avec un programme riche nous présentant des extraits de six d’entre eux : Joshua, Theodora, Solomon, entre autres.
Le concert s’ouvre tout en finesse avec l’élégante ouverture à la française de Judas Maccabaeus, qui annonce un premier duo pour nos chanteuses From this dread scene. On est tout de suite marqué par le contraste de personnalité scénique des deux chanteuses. Si la contralto se montre très théâtrale, on pourrait presque dire exubérante, ce qui donne un aspect très ludique à sa performance, la soprano se fait plus discrète et perd parfois notre attention à trop chercher du regard sa partition, malgré d’évidentes qualités vocales.
Le concert se poursuit avec la Sinfonia de la pièce Alexander Balus, qui donne à entendre plus précisément la section des vents (composée de deux hautbois et d’un basson). Celle-ci s’illustre dans un tricotage mélodique très bien exécuté, à l’image du travail général des Violons du Roy. En effet, tout au long du concert, malgré une formation de musique de chambre, le groupe nous donne à entendre une multitude de couleurs différentes, grâce à un travail pointilleux du chef Jonathan Cohen sur les nuances, les ralentis et les ornements propres à la musique baroque. Tous les codes sont respectés, avec un goût charmant de la subtilité : nous ne sommes pas face à du spectaculaire, ce qui pourrait déplaire à certains, mais bien face à de la minutie, à l’attention du détail.
Quelques morceaux plus tard, on a la joie de découvrir le duo Welcome as the Dawn of Day extrait de l’oratorio Solomon, somptueusement interprété par les deux solistes, une déclaration démonstrative d’amour entre Solomon et son épouse. La force émotive exprimée par Marie-Nicole Lemieux nous transporte, et quel beau rafraîchissement que d’entendre ce duo amoureux chanté par deux femmes. On peut s’interroger, cependant, sur le choix de l’ordre du programme qui place cette déclaration amoureuse qui a lieu dans la deuxième partie de l’oratorio après un aria qui a lieu dans la troisième partie.
Derniers temps forts de ce concert, les extraits de Theodora, avec d’abord l’Ouverture par l’orchestre de chambre, très impactanteet nous offrant une gamme de forte jusqu’alors peu exploitée; puis avec le duo To thee, thou glorious son of worth, qui nous donne enfin à découvrir les plus beaux aspects de la voix de Karina Gauvin – de belles notes aiguës très pures, dénuées d’abord de vibrato, qui viennent ensuite s’enflammer pour notre plus grand bonheur. Si les pièces solos des chanteuses sont très bien exécutées, c’est vraiment l’alchimie dans les duos qui donnent à ce concert sa richesse.