De retour à la barre de l’animation après la soirée « Du Groove et des Mots » à la Place des arts, Fidjil Aby était accompagné cette fois-ci par nulle autre que Louise Abomba, activiste culturelle et panéliste lors du volet professionnel du Festival Afropolitain nomade. (Lire: Pour son 10ème, le Festival afropolitain nomade est de retour à Montréal – PAN M 360)
Après le dévoilement des deux toiles réalisées par Kando, artiste visuel montréalais d’origine congolaise et Guy Kouekam, originaire du Cameroun, les arts visuels ont mis la table pour faire place aux arts de la scène.
C’est un Abel Maxwell en pleine forme qui est apparu sur scène lors de la dernière soirée du Festival Afropolitain nomade. On remarque tout de suite le style vestimentaire impeccable chez cet artiste originaire du Togo, avant de le voir déployer tout son art. Devant quelques enfants qui dansaient en face de la scène, il interagissait avec un public quelque peu timide, alors que son énergie était débordante. Il nous livre une reprise du classique Georgia on My Mind, de Ray Charles suivie de Dancing in September, de Overwings, avant de retourner à ses compositions originales, comme Djin kélélé. Ce titre rythmé a fait bouger le public, qui se décoinçait peu à peu.
C’était ensuite au tour de la chanteuse camerounaise Isis Kingue de monter sur scène. La femme aux locks rouges et bottes à talons hauts nous charme tout de suite par sa puissante voix et sa présence scénique. Elle parvient à suivre la chorégraphie de ses trois danseurs tout en leur laissant l’espace pour briller. « Toutes mes chansons parlent d’amour », confie-t-elle, devant un public de plus en plus séduit. Elle était accompagnée par Teddy, son chef d’orchestre, qui maniait si bien son clavier qu’on avait l’impression qu’ils étaient plusieurs sur scène.
« Le prochain artiste nous vient du Cameroun et c’est l’un des rappeurs les plus prolifiques », nous annonce Fidjil. Accompagné par un full band composé de LA Révélation 2024-25 de Radio-Canada, l’Ivoirien Donald Dogbo à la batterie, Poppy Duverné d’Haïti, récemment installé à Montréal, au piano, Elijah Mansevani, à la guitare et Romuald N’Guessan à la basse, Leggo ouvre le bal avec son morceau Bombardé, qui met déjà la barre haute. Il poursuit avec Don’t Believe the Hype, où il mêle anglais et français, sur une musique qui rappelle les sons de D’Angelo de l’époque. Son rap à l’ancienne est parsemé de quelques solos de guitare d’Elijah, qui sont à couper le souffle.
Surprise de la soirée : Leggo fait monter Magdala, l’artiste montréalaise d’origine haïtienne avec laquelle il a collaboré sur Rendez-vous, en français et en créole. « C’est ma première fois à Montréal, mais ma musique est arrivée avant moi grâce à cette artiste », confie-t-il en parlant de Magdala.
Autre surprise de la soirée : le talent de chanteur du pianiste Poppy, qu’il a démontré en chantant « Di sè so ngando » qui signifie Allons-y, dansons ! dans la langue douala, maîtrisant parfaitement sa voix. Dans ce morceau, Leggo invite les jeunes, les vieux, les femmes, les hommes, les politiques, les citoyens à danser en faveur de la paix, de l’harmonie au lieu de toujours prôner un discours qui pousserait à la violence.
« Est-ce que vous connaissez la rue de la joie ? », demande-t-il à la foule, invitant les Camerounais dans la salle à approcher la scène. « On va transformer l’Afromusée en Rue de la joie », déclare-t-il devant un public en feu.
Retour de Louise sur la scène et, toujours avec sa touche d’humour, elle présente celle qui clôturera le festival : la grande Tyrane. D’emblée, la “Fille du soleil” débarque sous une mise en scène qui lui ressemble, et commence en tapant sur un tambour. Sa voix résonne ensuite dans l’Afromusée, accompagnée de ses musiciens pour nous servir sa Soul Mandingo, unique à elle.
« Je suis championne d’Afrique. Je viens de la Côte d’Ivoire », affirme-t-elle fièrement en guise d’introduction. Tout comme ses consoeurs slameuses de la veille, elle aborde les violences faites aux femmes dans la chanson Fitinan, mais rend également hommage à sa maman avec Mvela, moment émouvant de son spectacle. Véritable boule d’énergie sur scène, elle invite le guitariste Elijah à plusieurs reprises pour des solos, au grand plaisir des mélomanes. Elle choisit la chanson Génération capable, pour clôturer ce beau rendez-vous musical sur une bonne note, avant d’inviter tous les artistes du festival pour la photo de famille. Et c’est exactement ce qui ressort de ce festival qui fête sa première décennie: il a créé une famille à travers les artistes qui y ont participé au fil des ans.
Crédit photo: Christian Tang – Festival afropolitain nomade