Un 5 juillet au FIJM: Thundercat, Genevieve Artadi, Annahstasia, Ping Pong Go, Jupiter…

par Rédaction PAN M 360

Au Festival International de Jazz de Montréal, les experts de PAN M 360 assistent aux concerts qui secouent les mélomanes. Suivez notre équipe !

Thundercat est le space cowboy funky de nos rêves

Thundercat / Benoit Rousseau

Malgré la chaleur accablante du 5 juillet, des milliers de personnes se sont rassemblées à la Scène TD pour voir Thundercat, le bassiste virtuose qui a produit la musique de certains des artistes les plus influents de la dernière décennie : Kendrick Lamar, Flying Lotus, Gorillaz, Ariana Grande, Anderson .Paak, etc.

Il jouait bien sûr de sa propre musique, principalement celle de son dernier album de jazz-fusion, It Is What It Is. Dès les premiers instants, Thundercat (de son vrai nom Stephen Bruner) a fait comprendre à la foule que cette prestation allait être plus jazz que la plupart des autres – car il joue au FIJM – en jouant un solo de basse ridiculement free jazz sur sa classique basse à six cordes orange brûlé, plein de pops et de virages à nous faire tourner la tête. Allô Victor Wooten?

Non, Thundercat est son propre maître et donne l’impression que c’est trop facile et on peut dire qu’il aime ça, souriant d’un grand sourire de Cheshire entre les chansons. Et ses falsettos vocaux montent en flèche, comme s’il était un Marvin Gaye moderne avec un peu plus de delay et de filtre d’écho. Mais son groupe, Justin Brown à la batterie et Dennis Hamm au clavier, était tout aussi talentueux, prenant leurs propres solos de cinq minutes entre les chansons. Ce qui distingue Thundercat des autres, c’est son adoration pour la culture pop, les animes, les films et les jeux vidéo, et il l’a fait savoir pendant son concert, en parlant de son enthousiasme pour les trois derniers épisodes de l’épopée fantastique ninja, Naruto. Cet aspect de Thundercat est indissociable de ses paroles et de sa tenue de scène – collier doré Sonic the Hedgehog, t-shirt rayé Felix the Cat et un trésor de tatouages de références aux jeux vidéo et aux animes, [See You Space Cowboy…] – montre un homme qui sait de quoi il parle.

La setlist était principalement composée de titres plus récents, datant des deux dernières années, mais il y avait quelques grands succès de Drunk comme A Fan’s Mail, Tron Song et Friendzone. Une surprise, juste pour le FIJM, a été la présence de Louis Cole à la batterie pour le titre I Love Louis Cole. Il s’avère que les deux sont de très bons amis. Tout le monde attendait Them Changes, et Thundercat a livré une version plus improvisée de son épopée bass funk. Il est ensuite parti et est revenu pour jouer No More Lies, le morceau qu’il a sorti il y a peu avec Tame Impala. Il aurait peut-être été plus judicieux d’intervertir l’ordre de ces deux dernières chansons, le public étant devenu beaucoup plus électrique pour Them Changes. Un concert du FIJM à graver dans nos mémoires.

Stephan Boissonneault

Geneviève Artadi, songwriting d’un autre type

Genevieve Artadi est liée à cette scène californienne d’un renouveau moins en moins neuf, en marche depuis la fin des années 2000, avec les Flying Lotus, Thundercat, Terrace Martin, Sounwave et autres Cameron Graves.  Avec trois albums à son actif, on la compte parmi les rares chanteuses à formuler de telles propositions : créer des refrains, couplets et ponts sur des charpentes harmoniques et figures rythmiques complexes inspirées du jazz contemporain, du jazz-fusion et de l’électro-jazz. 

À l’orée de la nuit, le Studio TD était rempli à craquer pour accueillir cette chanteuse atypique. A-t-on craqué pour elle? Sa voix haute et claire est limitée en puissance et en texture, mais sa personnalité extravertie compense pour cette relative ténuité vocale qui peut devenir un irritant. Cette tension de cette petite voix avec le muscle du soutien rythmique est non sans rappeler  Deerhoof, et la comparaison s’arrête là car nous sommes vraiment sur le terrain du jazz et le super batteur de Mme Artadi se nomme Louis Cole dont on kiffe totalement le big band. 

Les autre membres de la formation sont l’excellent guitariste Adam Ratner et nulle autre que la claviériste Isis Giraldo, alias Chiquitamagic, très douée Colombienne qui a fait ses études en piano jazz à Montréal et qui fait désormais carrière dans les grandes ligues. Elle a progressé vers la production, le beatmaking et le jeu de claviers en temps réel, elle fréquente la famille élargie de Louis Cole depuis quelques années et la voilà à la direction musicale de Genevieve Artadi.  Bravo et cool soirée chez Genevieve Artadi.

Alain Brunet

Ping Pong Go font du cosmos leur terrain de jeu

Entre 19 et 20h sur l’Esplanade, ce groupe formé du claviériste Vincent Gagnon et du batteur P-E Beaudoin cuisait pour toutes les bonnes raisons. On a pu voir ces deux fourmiller un peu partout sur la scène émergente franco-québécoise dans les dernières années, entre les Hubert Lenoir, Keith Kouna, Lou-Adriane Cassidy, Tire le coyote et bien d’autres. Pour leur concert au FIJM, Lysandre Ménard et Cédric Martel s’ajoutaient à l’équipe, aux claviers et à la basse respectivement.

On peut dire que Ping Pong Go redonne son sens galactique au mot « nébuleux ». La musique du groupe semble venir du cosmos, sans doute grâce aux sonorités de ses nombreux synthétiseurs. Épopée à travers les planètes ou voyage planant nocturne au-dessus d’un paysage urbain, les deux se valent. Même sous le soleil de 19h, dans la chaleur suffocante de cette journée, on réussissait à nous emmener ailleurs, sans oublier un détour chez Billie Holliday et un passage dans un coin qui rappelle pas mal Talking Heads. 

En voyant Ping Pong Go jouer sur scène, le nom du groupe prend tout son sens. Chaque morceau est une partie de tennis de table : la basse et les percussions montent la table, les claviers se renvoient la balle, le rythme monte… et le tout se termine par un smash! éclatant.

Bref, place aux solos de synthés criards, à une molette de modulation acharnée, place à la prouesse technique et technologique, place au space-jazz-prog-jam, place aux grimaces, aux sourires, aux regards complices, et à toute cette vibrance. Place à Ping Pong Go!

Théo Reinhardt

Annahstasia, beau moment d’instrospection

Je ne connaissais rien d’Annahstasia quand je suis arrivé à la scène Rio Tinto du festival. J’ai tout de suite été happé par cette voix. Dans une enveloppe musicale plutôt douce, Annahstasia est parfois déchirante. Cette jeune dame sait alterner entre l’extrême douceur et le cri.

J’ai appris qu’Annahstasia Enuke est une nigériane américaine basée à Los-Angeles. Qu’elle a enregistré un EP cette année, intitulé Revival.

Est-elle soul, folk ou jazz? Plutôt folk, repondrais-je, mais avec des attirances vers le soul-jazz. Le mélange de violoncelle, guitare, basse et clavier confère de la profondeur aux arrangements .

Une partie de la foule était vraiment subjuguée , malgré la chaleur accablante de cette soirée. Je suis toujours fasciné par la capacité du public à écouter quand c’est essentiel. Et, cette heure de concert était essentielle.

Cette voix qui peut jouer sur plusieurs octaves nous conviait ainsi à une sorte d’intimité, d’énergie essentielle.

Annahstasia nous dit qu’il faut être gentil et respectueux . Et beaucoup de chansons parlent de pouvoir féminin.

Elle a fini par demander en français ; « C’est bien? » J’ai répondu: « c’est très bien ».

Michel Labrecque

Jupiter sur Terre

Jupiter Bokondji, né Jean Pierre Bokondji Ilola, propose une infusion frénétique de musique congolaise qu’il croise avec une culture populaire clairement mondialiste. La musique de ce bouillant frontman (et son groupe Okwess) se fonde sur la rumba / soukouss, fondement de la musique pop congolaise moderne, mais aussi d’attitude rock comme on en trouve peu sur le continent noir. Même si sa voix rauque et grave dépasse à peine un octave, le chanteur en impose, son autorité sur scène ne fait aucun doute. Les curieux venus à sa rencontre auront apprécié l’énergie et l’indépendance d’esprit de cet artiste prisé des rock stars, on pense notamment à Damon Albarn ou Massive Attack. Solide décharge!

Alain Brunet

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