Le festival débute dans notre triade préférée en ville : Casa del Popolo, La Sala Rossa et Sotterenea, pour une première nuit pleine de magie brassée des deux côtés de la rue Saint-Laurent. À la Casa, la nuit se mêle à l’improvisation, à l’indie-folk, au R&B et à la musique expérimentale.
Alex « Bad Baby » Lukashevsky nous accueille dans la nuit de bonne humeur avec son esprit jovial, enjoué et enchanteur, nous entraînant dans un fil d’histoires et d’inventivité. Défiant la structure et la prévisibilité, la performance de Lukashevsky est abondante et généreuse, brute à une expression très précise de sa propre musique – « (…) la musique est un rêve… » chante-t-il, et le public est d’accord.
Liam Cole apporte sur scène l’indie-folk et la chaleur de l’amitié, en interprétant son dernier album « Warm Soup At The Big Rain », sorti en mars de cette année. Accompagné par Michael Duguay, cofondateur de WTETN, avec une présence ancrée au piano ; Andrew MacKelvie, la seconde moitié de WTETN, qui nous entraîne vers les cieux grâce à son saxophone soprano ; les guitares apaisantes de Liam Fenton et les lignes de basse savoureuses de Jason Mercer, la batterie extatique donne le ton et nous emmène dans cet endroit au plus profond de la terre – plein de couleurs, de saveurs et d’oiseaux, où la voix de Liam habite.
Sur un ton plus expérimental, le duo Naomi McCarroll-Butler, qui a joué aux côtés de Sam Shalabi dans son septet le 14 juin lors de l’ouverture officielle de Suoni, et Jason Doell nous emmènent près de la transcendance avec de longues notes de cordes soutenues dans des instruments faits maison, le délire du saxophone, l’élasticité du bruit, et un peu de traitement du signal entre les deux – chacun dans sa station de travail, le dialogue est profond et significatif, hypnotisant par moments. Peut-être une version live adaptée de leur dernière cassette « FOUR FORMER MYRRH FORMED HER HORN FOR MURMURS », certainement une addition lumineuse à notre collection de cassettes, le voyage improvisé nous emmène quelque part de spécial.
La nuit est déjà bien chaude et Quinton Barnes la rend de plus en plus chaude, clôturant cette première journée avec Suoni dans la sensualité et la grâce, la libération du son et de l’âme. Avec un groupe complet sur scène, la magie est réelle, tout comme « Black Noise », l’album fraîchement sorti que Quinton Barnes et le Black Noise Ensemble nous offrent ce jeudi soir dans une performance cosmique – dans une multiplicité d’instruments, de pratiques et de styles, de l’électronique au free jazz, en passant par l’improvisation et le r&b, la synchronicité et le langage de même fréquence du groupe de Barnes sont évidents. Il émane de cette connectivité quelque chose de très beau. Caméléonesque, fervent, d’une éloquence à la Prince, on a le sentiment d’une légende, d’un mythe, là, avec nous, sur le même plan.