expérimental / contemporain

Suoni, un 17 juin | Réverbérations, voix et réflexions multiples

par Michel Labrecque

En ce début de canicule montréalaise, le festival Suoni Per Il  Popolo nous offrait un concert intriguant à la Sala Rossa…avec l’air climatisé.

Cette triple affiche était étonnamment complémentaire : un jeune Kanien’keháka / Mohawk en quête d’identité contemporaine, une artiste multidisciplinaire en recherche ancestrale et une musicienne poète qui tente de gérer ses voix multiples.

Kahero:ton a ouvert ce bal expérimental, en compagnie du guitariste Grim Beverage. Nous sommes plongés dans un océan de réverbération, avec guitare, basse et synthétiseur. On entend aussi de nombreux extraits d’entrevues évoquant les crises antérieures vécues par les communautés Kanien’keháka / Mohawks du Québec et de l’Ontario. 

On sent que Kahero: ton cherche une voix plus expérimentale et contemporaine pour exprimer ses identités. Tout n’est pas forcément au point encore, mais on peut présumer que, d’ici peu, l’artiste, claviériste et bassiste arrivera avec une création plus affinée. A suivre.

En seconde partie, la musicienne, chanteuse et artiste multidisciplinaire montréalaise Sarah Rossy s’est présentée seule sur scène, avec une valise. C’était le point de départ d’un voyage à la recherche de ses ancêtres. Sarah est d’origine libanaise par sa mère et, avec cette performance, elle explore de façon métaphorique la venue de certaines communautés ici.

Pour l’accompagner, il y a une magnifique bande sonore, conçue par Sarah, avec des voix, des claviers et de multiples ambiances sonores incarnant le voyage. Elle chante aussi en direct, danse mime, parle. S’ajoutent des éléments visuels, créés aussi par la dame. 

Ce spectacle tranche radicalement avec les récentes sorties discographiques de Sarah Rossy, notamment Seemingly Insatiable Waves et The Conclusion, qui étaient plus proche du jazz et du folk éthéré. Ici, Sarah affiche davantage ses influences arabes. Elle n’a jamais caché la grande influence de la chanteuse Fairuz.

Tout ceci donne un spectacle franchement interpellant. La voix de Sarah Rossy est riche et polyvalente. L’assemblage sonore et visuel est complexe et touchant. L’artiste nous montre une fois de plus l’étendue de son talent et sa grande versatilité artistique.  

Sarah a été mon coup de cœur de ce concert. 

Pour clore la soirée en beauté, la suédoise montréalaise Erika Angell a offert sur scène une grande partie de son premier album solo, The Obsession With Her Voice, paru en mars. 

Entourée d’une batterie de machines diverses, séquenceurs, synthés, pédales d’effets, Erica nous a fait vivre dans un dialogue à l’infini entre ses voix et ses instruments. Les machines multiplient le son de ses voix transformées par les machines. Le son d’une clochette se réverbère à l’infini. La symbiose entre la femme et les machines fonctionne. 

Puis, arrive une autre femme, la batteuse fabuleuse Millie Hong, bien connue du milieu alternatif et jazz montréalais. Se produit alors une nouvelle symbiose à trois. Millie Hong, qui était présente discrètement dans An Obsession With Her Voice, s’éclate à fond sur scène, improvise autour de la voix d’Erika et des harmonisations générées par des machines. Parfois, on frôle le délire, puis l’apaisement revient. 

En toile de fond, si vous me permettez le jeu de mots, on trouve les œuvres visuelles de l’artiste Maxime Corbeil-Perron. 

En bref, ce fut une soirée musicale torride et fascinante, qui montre une fois de plus la grande pluralité du tenant musical montréalais.

Publicité panam

Tout le contenu 360

OSM | Une matinée en légèreté

OSM | Une matinée en légèreté

Cancionera – Natalia Lafourcade

Cancionera – Natalia Lafourcade

Série Ultrasons de l’UdeM | Des sons, de l’art et de la relève

Série Ultrasons de l’UdeM | Des sons, de l’art et de la relève

Série Ultrasons de l’UdeM | De Morphose aux Outils de toute création

Série Ultrasons de l’UdeM | De Morphose aux Outils de toute création

Vox Sambou – Hayiti Lives

Vox Sambou – Hayiti Lives

Corie Rose Soumah & Hypercube au Vivier: tant d’aptitudes… matérielles

Corie Rose Soumah & Hypercube au Vivier: tant d’aptitudes… matérielles

African American Sound Recordings à la SAT : merveilleux bruit de fond

African American Sound Recordings à la SAT : merveilleux bruit de fond

Finale des Sylis d’or 2025 : la salsa devant les racines afro-colombiennes et le maloya réunionnais

Finale des Sylis d’or 2025 : la salsa devant les racines afro-colombiennes et le maloya réunionnais

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Valses d’amour

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Valses d’amour

Antoine Corriveau rentre d’un vol de nuit

Antoine Corriveau rentre d’un vol de nuit

William Tyler – Time Indefinite

William Tyler – Time Indefinite

Dweezil Zappa : Rox(pologie) de Rox(Postroph)y

Dweezil Zappa : Rox(pologie) de Rox(Postroph)y

SAT x EAF: trame sonore d’autres mondes

SAT x EAF: trame sonore d’autres mondes

Série Ultrasons de l’UdeM | Regard sur les oeuvres des compositeurs·trices

Série Ultrasons de l’UdeM | Regard sur les oeuvres des compositeurs·trices

Le gamelan, une spécialité de l’UdeM

Le gamelan, une spécialité de l’UdeM

Franz Ferdinand et Telescreens, question de se décoiffer

Franz Ferdinand et Telescreens, question de se décoiffer

Festival de Lanaudière | Renaud Loranger explique la programmation

Festival de Lanaudière | Renaud Loranger explique la programmation

Philippe Massé – Le Vent

Philippe Massé – Le Vent

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Sonates de Brahms par Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Sonates de Brahms par Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin

Classica 2025 | Le directeur artistique explique: Albertine en cinq temps, version acoustique

Classica 2025 | Le directeur artistique explique: Albertine en cinq temps, version acoustique

Série Ultrasons de l’UdeM | Nicolas Drouin et la poétique sonore des objets oubliés

Série Ultrasons de l’UdeM | Nicolas Drouin et la poétique sonore des objets oubliés

Classica 2025 | Le directeur artistique présente le programme Beatles symphonique

Classica 2025 | Le directeur artistique présente le programme Beatles symphonique

Série Ultrasons de l’UdeM | Ton reflet défaillant et notre réalité numérique avec |[telemirror]| de Zachary Hardy

Série Ultrasons de l’UdeM | Ton reflet défaillant et notre réalité numérique avec |[telemirror]| de Zachary Hardy

Inscrivez-vous à l'infolettre