La Semaine du Neuf, une initiative par Le Vivier qui est de retour pour sa deuxième édition, a continué ce soir avec une autre performance par l’ensemble Between Feathers, composé de Laure-Catherine Beyers à la voix, Audrey G. Perreault aux flûtes, Hannes Schöggl à la percussion, et Maria Mogas Gensana à l’accordéon.
C’était au cœur du bâtiment Elizabeth Wirth de l’École Schulich de Musique de l’Université McGill, dans sa grande salle multimédia souterraine, que l’ensemble a interprété une sélection de musique par divers compositeurs.rices en provenance de plusieurs pays à travers le monde pour un concert intitulé Sturm und Klang, ou “tempête et son” en allemand.
Le concert a ouvert avec un seul coup brusque des brosses d’une caisse claire. La composition, “(des)en)canto” de Pedro Berardinelli, procède en devenant une espèce de trame sonore d’une soirée dans un restaurant d’un autre monde; les notes basses de l’accordéon jouaient comme des chaises raclant au plancher, deux bols percussifs frappaient et frottaient ensemble, et par-dessus, de la technique étendue des autres musiciennes comme le “slap tongue” — un effet percussif — de la flûte basse, et la voix qui chante à travers la caisse claire, parmi d’autres effets intéressants.
Pour continuer avec “La Somme des Chiffres 1+2” de Tanja Brueggemann, l’ensemble équipé des lampes frontales clignotantes a été plongé dans le sombre et aux ténèbres de la composition. Il y avait des sons presque comme de la pluie qui jouaient en 3D par les soixante-dix enceintes autour de la salle, lorsque les musicien.ne.s jouaient une ambiance qui évoquait des vagues de la mer sous un bateau dans la nuit, avec des notes de voix qui perçaient l’air comme des chants de sirène à travers la brume. L’énorme écran du projecteur qui pendait dessus comme une grosse voile renforçait l’image, et même quand ils se sont assis à une table autour d’un seul verre illuminé, on aurait pu dire un souper tendu dans la cabine du bateau.
Les autres compositions ont profité des techniques similaires, avec l’addition des projections pour les compositions “Mâ‘lesh I – leurs étreintes bouleverseraient la mer” de Nour Symon qui suivait deux coups de pinceau d’encre noir et multicolore sur une toile défilante qui correspondaient à la flûte et à l’accordéon, respectivement; et “Essay I: Mater” de Lisa R. Coons, où une voix parlait au-dessus d’une photo de plusieurs morceaux de papier avec des réflexions personnelles, des instructions musicales, et des dessins, sur une table décorée des os et des fleurs. Ce deuxième a réussi en capturant l’effort pour définir son métier en tant qu’artist.e et les pensées incessantes de doute qui l’accompagne, mais les projections, surtout la deuxième avec son montage qui zoomait et qui changeait de couleurs pêle-mêle, restaient dynamiques mais ont perdu leur nouveauté avant la fin.
Les pièces “La forma delle conchiglie” de Lorenzo Troiani et “about, away – Création” de James O’Callaghan, avaient aussi des points forts avec l’ajout des moments presque opératiques, rendu encore plus captivant par la grandeur de la salle. Ces deux, avec l’emploi d’effets de lumière et techniques alternatives, étaient aussi dramatiques et cinématographiques que les compositions de Bernardinelli et Brueggemann.
En tout, les musicien.ne.s ont démontré un contrôle supérieur de ces matériaux difficiles et un niveau de performance de haute gamme. Leur synchronicité et dévouement à la musique a bien rendu justice à ces compositions et au nom de cette soirée de nouvelle musique diversifiée et dynamique, Sturm und Klang.