Jeudi soir à la Salle multimédia (MMR) de l’École Schulich de l’Université McGill, l’Ensemble Hopper a fait sa marque avec l’exécution de H#1|2|3|4, une œuvre palpitante du compositeur et belge Pierre Slinckx.
Composée en quatre mouvements, l’œuvre est ambitieuse, singulière, pleine de surprises, impliquant cette fois 9 interprètes sans compter le chef François Deppe – Albane Tamagna, flûtes, wah-wah tube, grelots, Rudy Mathey, clarinettes, wah-wah tube, casio sa-47, Sara Picavet, piano, François Couvreur, guitare électrique, Roxane Leuridan, violon, wah-wah tube, Nathalie Angélique, alto, wah-wah tube, Ian Elfinn Rosiu, violoncelle, wah-wah tube, Pierre Slinckx, grelots percussions.
Ça commence par un accord soutenu pendant de longues secondes, bientôt entrecoupé d’accords au piano. La pièce est spasmodique, se structure comme une série de déclenchements créatifs de plus en plus intenses, de plus en plus extrêmes.
Les choses se calment et on passe à un second mouvement. Plus cristallin, plus enclin au clapotis, plus axé sur les harmoniques, et les dialogues entre instruments mélodiques et harmoniques sont souvent fondé sur un jeu de tensions et relâchements.
A priori, aucun interprète ne semble avoir de longs discours à exécuter sauf exceptions, on a plutôt affaire à un impressionnant travail d’équipe où chaque fragment de sons émis par les instruments contribue à un tout riche, dense, fertile en rebondissements. Les instruments harmoniques déclenchent les orchestrations très spéciales de Slinckx, l’exécution est intense. Le tout culmine par un mouvement musclé voire paroxystique, sorte d’apothéose, feu d’artifices de tout ce qui a été érigé orchestralement.
H#1|2|3|4 ne ressemble à rien, voilà l’écriture d’un vrai compositeur.
En début de programme, l’Ensemble Hopper aura interprété une œuvre du Canadien James O’Callaghan, suite vaporeuse de techniques étendues pour la flûte, les clarinettes, la guitare, l’alto et trame électronique. Les fréquences saturées de la guitare (connectée à moult pédales d’effets) et les fréquences nettes se sont entremêlées, nous avions affaire ici à une recherche timbrale et texturale assez courante dans ce domaine compositionnel.