Melanie Charles a des origines haïtiennes, ce qui rejaillit peu dans son art. Dimanche dernier au Studio TD, cette native de Bushwick, un secteur de Brooklyn, exhalait une culture essentiellement new-yorkaise. Plus afro-américaine qu’afro-caribéenne, l’artiste sur scène en cette fin de soirée dominicale du 30 juin fait dans le jazz et la soul. Elle est parmi ces musiciens de l’époque actuelle selon qui le jazz doit revenir une musique qui fait se remuer le popotin, danser, s’exalter, se divertir comme c’était le cas il y a un siècle dans les quartiers noirs des grandes villes états-uniennes, puis partout sur le territoire américain.
Après ses études à la New School de New York, Melanie Charles a commencé dans la soul/R&B avant de se ranger davantage côté jazz et poursuivre dans la voix de ses aïeules, à commencer par Nina Simone et Betty Carter. Ce langage évolue depuis un premier album sorti en 2017.
Pour parvenir à ses fins, la musicienne, compositrice, improvisatrice et leader d’orchestre maintient la palette harmonique du jazz moderne et lui confère du groove, de la sensualité, du plaisir. Excellente chanteuse, elle joue très bien la flûte traversière et dispose d’un équipement électronique lui permettant de déclencher des sons électroniques ou des échantillons de voix (Betty Carter, par exemple) avec lesquels son orchestre peut interagir en temps réel. Saxos, flûte, batterie, piano, basse, tous d’excellents instrumentistes afro-descendants incrustés dans le filon black du jazz moderne au début des années 90, surtout la mouvance John Coltrane, Pharoah Sanders et autres McCoyTyner. Très bon set !