L’ambiance était à la fête pour la représentation du concert de Noël de l’Orchestre symphonique de Laval dont la direction avait été confiée pour l’occasion au jeune chef trentenaire Thomas Le Duc-Moreau.
Même s’il n’y a pas de neige à l’extérieur, le programme de la soirée nous entraînait tout de même sur des sentiers enneigés, avec une première partie, plus classique, dédiée aux deux suites de L’Arlésienne de Georges Bizet et une seconde partie dédiée au monde musical familier des célébrations de décembre.
L’Arlésienne n’est pas une œuvre qu’on associe nécessairement dans son ensemble au temps de Noël. La Suite no 1 a été composée pour servir de musique de scène à une pièce de théâtre d’Alphonse Daudet. La pièce en elle-même fut jugée comme étant un échec, mais la musique de Bizet suffisamment intéressante pour passer à l’histoire. De la première suite, nous connaissons tous la fameuse Marche des rois dont la mélodie enrobe l’essentielle du « Prélude » qui ouvre l’œuvre. Dans une attaque déterminée, les cordes ont entonné la mélodie à l’unisson dans une sonorité métallique. Les multiples variations dans ce mouvement de dynamique ont été amenées avec assurance par Le Duc-Moreau, notamment dans le passage marqué animé, auquel il a insufflé une grande vigueur. Dans le passage suivant, le solo du basson mené par Michel Bettez manquait cependant d’éclat, probablement dû à une prise de tempo un peu trop allante pour l’indication andantino. Le reste de la suite a été marqué par un « Menuet » au rythme sautillant et à l’orchestration lumineuse, un délicat « Adagietto » et une finale en « Carillon ». Malgré le caractère obstiné que commande la nature de mouvement qui imite une série de cloches, la balance entre les vents et les cordes était déséquilibrée. La Suite no 2, moins jouée, a eu son lot de beaux moments, notamment le « Menuet » qui tresse un duo entre la harpe et les vents auquel le grand orchestre vient apporter un élément de contraste ainsi que la « Farandole » qui réintroduit le thème de la Marche des rois pour se conclure dans une fanfare éclatante.
Au retour de l’entracte, nous avons eu droit à la portion que nous pourrions qualifier de populaire du concert avec un défilé d’œuvres orchestrales et vocales de Noël. Après une interprétation par l’OSL de la « Sicilienne » tirée de Pélléas et Mélisande de Fauré, le baryton Olivier Bergeron a chanté le classique Petit papa Noël d’Henri Martinet dans un très bel arrangement idiomatique d’Éric Lagacé. L’orchestre a par la suite enchainé avec A Christmas Festival de Leroy Anderson, un des classiques par excellence du répertoire orchestral du temps des fêtes. Le défi dans ce pot-pourri de plusieurs airs et cantiques de Noël connus réside dans les différentes transitions et les changements de caractères et de dynamique propres à chaque pièce. Thomas Le Duc-Moreau a dirigé cette pièce avec précision et élégance, passant à travers chacun des airs comme Joy to the World, Deck the Halls, God Rest Ye Merry Gentlemen, Vive le vent et bien d’autres avec aisance.
Un des moments forts de la soirée a été l’interprétation du Minuit, chrétiens par la soprano Magali Simard-Galdès. Elle possède un timbre clair, perçant, envoûtant et puissant qui sied parfaitement au caractère solennel de ce chant d’Adolphe Adam. Les deux jeunes chanteurs de la soirée se sont alors retrouvés pour interpréter The Twelve Days of Christmas dans un arrangement de Simon Leclerc. Orchestralement diversifié, l’enrobage musical dirigé de manière délicate par le chef, a laissé place aux chanteurs qui racontaient avec plaisir ces paroles saugrenues.
Simard-Galdès était tout à fait pétillante à la fois dans ses interventions et entre celles-ci. Notons cependant que le dosage entre la masse sonore de l’effectif orchestral et les chanteurs que vers la fin de la pièce, rendait compte de l’acoustique sèche et peu amicale de la salle André-Mathieu envers les chanteurs, dont nous perdions le texte dans les fortissimos de l’orchestre. Le concert s’est conclu avec exubérance par l’interprétation de Réjouissances de Gilles Bellemare, une fantaisie orchestrale truffée d’airs de Noël et d’airs québécois familiers.
Dans l’ensemble, l’Orchestre symphonique de Laval a livré une performance solide, chaleureuse, menée par un chef à la gestique ample, précis dans ses indications et calculé en ce qui a trait aux caractères et dynamiques. Immanquablement, le public est sorti du concert avec un excellent aperçu du temps des fêtes, avec des mélodies plein la tête.
crédit photo : Gabriel Fournier