période romantique

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

par Frédéric Cardin

Il y avait finale et première d’un seul tenant hier soir à la Maison symphonique de Montréal : l’Orchestre Philharmonique et Choeur des Mélomanes (OPCM) terminait sa saison (la dixième de son existence) avec une première interprétation à vie d’une symphonie de Mahler, en l’occurrence la deuxième, ‘’Résurrection’’. Le chef Francis Choinière l’avait choisie pour sa beauté et sa magnificence, lui permettant ainsi de mettre en relief les capacités de son orchestre. La soprano Sarah Dufresne et la mezzo Allyson McHardy se joignaient à l’ensemble pour les courtes mais belles lignes lyriques des quatrième et cinquième mouvements de l’œuvre.

REGARDEZ L’ENTREVUE AVEC FRANCIS CHOINIÈRE À PROPOS DE LA SYMPHONIE RÉSURRECTION DE MAHLER. 

Francis Choinière dirige de façon posée, sans les effluves de ses collègues montréalais, Rafael Payare et Yannick Nézet-Séguin, ou encore l’historique Bernstein, un modèle en soi. Cela induit une attention à la clarté presque cristalline des lignes et des contrastes, nombreux, de la partition. Là où un Bernstein crée une viscéralité prenante, Francis dessine des portraits précis et plus réfléchis. Ce qui n’empêche pas l’atteinte de tutti impressionnants et efficaces lorsqu’ils sont nécessaires. 

J’ai particulièrement apprécié la caractérisation qu’il a donnée aux cordes, très belles et riches de tempérament. Chapeau à la première chaise de l’orchestre, la violoniste Mary-Elizabeth Brown, qui a effectué des solos vibrants et très chantants. 

Le deuxième mouvement, andante moderato, avait une belle tenue pastorale et débonnaire. Même chose pour le Scherzo (troisième mouvement), avec un ‘’allant’’ de danse bien tenu. 

Urlicht, ce moment de grâce (quatrième mouvement) nous a donné l’occasion d’apprécier la mezzo McHardy dans une projection sonore un tantinet sombre pour les besoins de la partition, mais donné dans un très agréable raffinement tonal et esthétique. 

Le mouvement final et ses nombreuses pauses dynamiques est un redoutable morceau à attacher, car il faut s’assurer que la fluidité de la ‘’montée’’ vers la lumière finale, qui s’amorce ici et se termine au mouvement suivant, ne s’en trouve pas diminuée et rendue moins pénétrante par ces fréquents arrêts. Ceux-ci doivent apparaître comme de simples respirations dans une ascension spirituellement continue, et ce malgré les changements de textures et d’affects. Je dois rapporter que, en écoutant furtivement quelques commentaires du public après le concert, cet aspect de l’œuvre n’a peut-être pas été parfaitement compris par tous. Si je n’ai pas senti, moi-même, l’irrémédiabilité de cette ascension pendant le déploiement du mouvement, la finale chorale a fini par réconcilier le propos avec l’objectif. En effet, Francis Choinière a mené ses quelque 200 musiciens à une apothéose qui a (encore des commentaires glanés dans le public) donné des frissons à bien des personnes présentes, votre humble serviteur compris. Ça valait la peine de s’y rendre car ce grand tutti avait du panache! Le ciel a été atteint, même s’il a bien failli attendre. 

Je souhaite noter, en bon critique qui doit chipoter sur des détails techniques, le manque de finition technique et esthétique des trompettes et des cors dans plusieurs passages délicats. Si on veut rejouer du Mahler, il faut absolument fignoler cet aspect. 

En tout et partout, une belle incursion chez Mahler par un très jeune orchestre qui montre son aptitude à jouer ce répertoire exigeant. Il aura tout le temps de peaufiner les détails et d’en offrir d’autres bientôt à son public, souvent nouveau venu à ce répertoire. Celui-ci, considérant sa réaction, a apprécié l’expérience et reviendra dans l’avenir.

Merci Francis et l’OCPM pour construire le public de demain de si belle façon. 

Tout le contenu 360

Vitta Morales, notre collègue aux multiples chapeaux

Vitta Morales, notre collègue aux multiples chapeaux

Ambiance d’entrepôt nocturne pour la nuit blanche de Juan Atkins à la SAT

Ambiance d’entrepôt nocturne pour la nuit blanche de Juan Atkins à la SAT

Nicholas Daniel – Complete Works for Oboe by Madeleine Dring

Nicholas Daniel – Complete Works for Oboe by Madeleine Dring

Christine Tassan; Marie-Véronique Bourque – Bruissement boréal

Christine Tassan; Marie-Véronique Bourque – Bruissement boréal

Festival de Lanaudière | Orchestre métropolitain/Yannick Nézet-Séguin/Marc-André Hamelin : Quand le naturel fait le concert

Festival de Lanaudière | Orchestre métropolitain/Yannick Nézet-Séguin/Marc-André Hamelin : Quand le naturel fait le concert

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta : une Reine du violoncelle avec les Violons du Roy

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta : une Reine du violoncelle avec les Violons du Roy

Les « rodas de samba » qui n’ont pas de fin

Les « rodas de samba » qui n’ont pas de fin

Vendredi soir au Dômesicle – Toute la nuit avec Jump Source

Vendredi soir au Dômesicle – Toute la nuit avec Jump Source

Festival d’art vocal de Montréal | Un gala où la relève prend la scène

Festival d’art vocal de Montréal | Un gala où la relève prend la scène

Éli Doyon et la Tempête – Attraper le ciel avant qu’il tombe

Éli Doyon et la Tempête – Attraper le ciel avant qu’il tombe

Barbara Hannigan; Katia et Marielle Labèque – Electric Fields

Barbara Hannigan; Katia et Marielle Labèque – Electric Fields

Festival d’art vocal de Montréal | La Flûte enchantée pour conclure le mois lyrique de l’ICAV

Festival d’art vocal de Montréal | La Flûte enchantée pour conclure le mois lyrique de l’ICAV

Festival de Lanaudière | Kent Nagano : l’éternel, et attendu, retour

Festival de Lanaudière | Kent Nagano : l’éternel, et attendu, retour

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta et les rencontres fortuites

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta et les rencontres fortuites

Tyler, the Creator – DON’T TAP THE GLASS

Tyler, the Creator – DON’T TAP THE GLASS

Off Piknic avec Gorgon City, Dennis Ferrer, Riordan et Linska

Off Piknic avec Gorgon City, Dennis Ferrer, Riordan et Linska

Piknic Electronik | DJ Fuckoff met le feu pour le Pep Rally

Piknic Electronik | DJ Fuckoff met le feu pour le Pep Rally

Orford 2025  | Collectif9 : le folk qui innove et qui groove

Orford 2025  | Collectif9 : le folk qui innove et qui groove

Nuits d’Afrique 2025 | La prochaine étoile mondiale du blues touareg est née, et elle est à Montréal

Nuits d’Afrique 2025 | La prochaine étoile mondiale du blues touareg est née, et elle est à Montréal

Ross Lee Finney : Landscapes Remembered

Ross Lee Finney : Landscapes Remembered

Liza Lim : Musica viva #47

Liza Lim : Musica viva #47

Festival de Lanaudière | Les étincelles de Strauss, Schumann et Brahms à Joliette

Festival de Lanaudière | Les étincelles de Strauss, Schumann et Brahms à Joliette

Festival de Lanaudière | Franco Fagioli et la voix du bel canto

Festival de Lanaudière | Franco Fagioli et la voix du bel canto

Nuits d’Afrique | Manamba Kanté, une diva incontestable

Nuits d’Afrique | Manamba Kanté, une diva incontestable

Inscrivez-vous à l'infolettre