Opéra McGill, après avoir présenté Cendrillon plus tôt cette année, s’attaque cette fin de semaine à une grand œuvre du répertoire baroque : Semele de Georg Frederic Handel. L’orchestre baroque de McGill ainsi que Cappella Antica se sont joints à la distribution pour offrir une belle soirée sous le signe du mystère de la mythologie.
L’ouverture instrumentale de l’opéra est assez longue, ce qui laisse amplement le temps à l’orchestre de briller. Sous la direction de Dorian Bandy, l’orchestre semble solide et puissant. Les nuances sont judicieusement exécutées et on sent le mouvement dans la musique. Le public est d’emblée transporté dans un monde peuplé par les dieux de la mythologie romaine. En effet, l’opéra raconte l’histoire de Sémélé, qui éprouve des doutes quant à son union future avec Athamas. Avant que la cérémonie nuptiale ne puisse être complétée, Sémélé se fait enlever et emmener au palais de Jupiter, le roi des dieux. Là, son seul regret est de ne pas être immortelle.
La mise en scène est simple, presque minimaliste, mais tout de même efficace. Des changements de couleur d’éclairage signalent les changements de lieux. Cela dit, les décors (des colonnes triangulaires rotatives) ne permettent pas beaucoup d’interaction des interprètes avec les décors. Les mouvements sont donc limités et semblent parfois répétitifs. On comprend que la Salle Pollack, dans laquelle est présenté l’opéra, est relativement petite et impose des limites quant à l’espace disponible pour imaginer des décors. Les costumes, en particulier ceux des dieux, sont magnifiques. On voit qu’il y a eu un souci d’évoquer à la fois la forme mortelle et immortelle de ces personnages.
Les qualités vocales des chanteuses et chanteurs sont remarquables. On assiste à des airs touchants et émouvants, en particulier ceux de Sémélé et Jupiter (interprétés samedi soir par Marissa Lake et Pétur Úlfarsson, respectivement). Tous les interprètes livrent une performance convaincante et solide. Le chœur également est remarquable, avec leur performance d’une grande unité. La balance des voix est excellente et on apprécie beaucoup. Quelques chorégraphies sont intégrées aux numéros de chœurs, celles-ci étant discrètes, mais ajoutant un dynamisme bienvenu à l’œuvre. La diction est impeccable et on discerne très bien les paroles, qui sont également projetées en anglais et en français au-dessus de la scène, comme en veut l’usage.
Règle générale, l’équilibre entre les interprètes sur scène et l’orchestre est adéquat, mais n’est pas sans failles. On remarque quelques problèmes de justesse du côté de l’orchestre, ainsi que des moments où chanteurs et instrumentistes semblent s’égarer et ne sont plus ensemble, en particulier dans des passages plus touffus. Monter Semele était un choix ambitieux, puisqu’il s’agit d’une œuvre complexe, autant instrumentalement que vocalement. On admire la capacité de ces étudiant.e.s à relever, généralement très bien, le défi, mais cela n’est pas sans certains bémols.
Les réussites de cette interprétation de Semele ne sont pas pour autant éclipsées par certains petits éléments négatifs. On salue encore une fois le grand talent des étudiant.e.s de l’Université McGill et leur capacité à relever d’ambitieux défis encore et encore.
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Crédit photo : Stephanie Sedlbauer