Au tournant de vendredi à samedi, la Satosphère, les Mutékien,ne,s ont passé une heure fascinante, tumultueuse, brutale et non moins nourrissante. Tati au Miel y présentait ce live set intitulé Reverie, l’invitation à des songes oscillant lentement entre félicité, sérénité, guérison et traumatisme, cauchemar, étrangeté, colère.
On l’a découvert.e en pleine pandémie, on ne peut que constater une fois de plus son indéniable talent à générer ces ambiances où le feu qui l’habite parvient à nous embraser. Au sein de ces drones incandescents et ces formes abstraites, les repères mélodiques et les constructions harmoniques sont extrêmement sommaires, lointaines évocations de soul et de folklore black pour ne citer que ces exemples.
La piste empruntée dans Reverie est linéaire d’entrée de jeu mais révèle des surprises souvent violentes, apparitions magiques, visites de spectres virtuels et autres guet-apens qui nous laisse sur nos talons du début à la fin de cette brillante prestation. Des images aux couleurs intenses, brasiers de lumière et de formes hirsutes émaillent le ciel de la Sato pendant que crépitent les matériaux sonores en fusion.
Apparemment hardcore, industriel, drone ou dark ambient, le monde sonore de Tati au miel s’avère plus vaste et plus complexe que cette nomenclature de référents. Ses interventions vocales et ses objets sonores animés devant nous étoffent son discours électronique, un discours fondé d’abord sur l’intuition et l’envie d’explorer.
L’artiste montréalais.e a ce talent brut de nous aspirer dans un monde audio-visuel captivant et conclure par une puissante accélération jungle/drum’n’bass. On y voit et entend ce qui brûle. Ce qui tranche. Ce qui pulvérise. Ce qui élève. Ce qui renaît de ses cendres.
Tati au Miel CA/QC – Reverie
Live A/V | Première mondiale