L’équipe de PAN M 360 sillonne l’entière programmation de MUTEK 2024 et y observe un maximum d’artistes au cours de cette 25e édition de sa version montréalaise. Suivez nos expert.e.s jusqu’à dimanche soir, aucune autre couverture médiatique de MUTEK ne s’annonce aussi considérable!
Depuis plus ou moins une décennie, on louange le travail de l’Ontarienne Kara Lis Coverdale, organiste classique férue de musique sacrée et… reconvertie à l’ambient expérimental. De plus en plus importante, son œuvre contemporaine a été diffusée dans des églises mais aussi dans des contextes électro-immersifs comme celui de la Satosphère ou du festival Akousma.
Dans le contexte du New City Gas, c’était moins propice, et ça n’avait pas grand-chose à voir avec la qualité de sa musique.
D’autres facteurs ont joué en sa défaveur.
Coincée en sandwich entre Patrick Watson et Colin Stetson, ses musiques calmes et aériennes d’entrée de jeu ont mis du temps à capter l’attention au New City Gas, dans le cadre de l’Événement spécial de MUTEK 2024.
Les mélomanes près de la scène semblaient écouter mais le niveau d’attention baissait de plus en plus lorsqu’on se dirigeait au fond de l’immense discothèque. Force était d’admettre que le public était venu pour entendre les collègues masculins et une minorité connaissait son travail d’entrée de jeu. La musique de Kara Lis Coverdale exige une attention soutenue pour qu’on en relève toutes les subtilités, les conditions n’étaient pas réunies pour qu’on y parvienne.
Alors tous les éléments finement ciselés de cette musique plus horizontale que verticale – drone, ambient, musique sacrée, musique classique, etc.- étaient moins perceptibles qu’ils ne l’auraient été en d’autres lieux, on n’en retenait que les ambiances feutrées et les mélodies vaporeuses, trop délicates dans un contexte difficile. Dans un tel programme triple, il eut fallut que les choses deviennent plus rythmées, plus hard, plus dynamiques pour que les gens délaissent le small talk et se mettent à l’écoute.
Or, ce n’est pas le propos de Kara Lis Coverdale. Et donc ce ce n’était pas le meilleur contexte pour l’effet wow. Dans le silence et l’immersion totale d’une autre soirée, d’une autre salle, d’un autre programme, la même performance auraient généré beaucoup plus d’enthousiasme et de félicité. Enfin…. comme les miennes, quelques centaines de paires d’oreilles ont su se concentrer et reconnaître son talent si spécial.