Marlaena Moore s’envole lors de la sortie de son album Because You Love Everything

par Stephan Boissonneault

Originaire d’Edmonton, en Alberta, je connais l’artiste de rock indie/maximaliste Marlaena Moore, depuis un certain temps. On peut dire que j’ai suivi sa trajectoire depuis ces spectacles intimes dans les murs de la défunte salle d’Edmonton, Wunderbar, jusqu’au spectacle de son album, maintenant presque à guichets fermés, dans l’historique salle La Sala Rossa de Montréal. Elle commençait à devenir quelque peu  » célèbre à Edmonton  » sur la scène musicale vers 2016-17 avec les chansons de son album GAZE, comme le banger grungy absolu 24 Hour Drug Store.

Toutefois, on peut certainement défoncer un plafond bien connu à Edmonton et que ce soit cela, une pandémie mondiale, l’amour – ou les trois – qui aient influencé sa décision de déménager à Montréal. Au plus fort de la pandémie, elle lance Pay Attention, Be Amazed, la suite de GAZE, où elle joue moins de la guitare et se concentre sur la voix, semant peut-être les graines de son rôle actuel de chanteuse puissante accompagnée d’un groupe d’accompagnement spectaculaire.

Nous voici donc à la sortie du nouvel album Because You Love Everything (via le sous-label de Bonsound, Session) et Marlaena a l’air d’une héritière – vêtue d’une robe de cocktail étincelante et de longs gants, elle tue avec les tuyaux d’une déesse, et son groupe est en train d’écraser leurs rôles respectifs. Moore a le genre de voix qui peut vous arrêter net et commander rapidement une salle. Sa voix planante consume le paysage, même par-dessus la foule des bavardages au bar. Cela me rappelle la dernière fois que j’ai vu Angel Olsen en concert, qui a la même allure mystique.

Le groupe, composé de grands talents de la scène musicale de Montréal et du Canada, est l’arme pas si secrète de Moore. Les guitares de son partenaire musical, Scott « Monty » Munro (Preoccupations, Land of Talk) et Mischa Dempsey (Knitting) sont lumineuses, haletantes et magiques. La basse de Chrissy Lawson (Dresser, girl with dream) est épaisse, funky et serrée, et la batterie d’Andy Mulcair (également Knitting) est jazzy et parfois complètement folle. L’ensemble est aussi solide qu’un péché et propulse les interprétations live de Because You Love Everything dans la stratosphère.

À un moment donné, Marlaena fait une dédicace sincère et magnifique à son ancienne amie, qui lui a envoyé un message du monde des esprits sous la forme d’un flamant rose. Ce sont ces moments qui rendent la performance de Moore vraiment captivante ; elle est complètement authentique, trébuchant sur ses mots et devenant un peu émotive lorsqu’elle raconte l’histoire de son amie. Honnêtement, avec un talent comme le sien, elle pourrait avoir un ego démesuré et personne ne sourcillerait, mais elle reste aussi fantaisiste et réelle qu’à l’époque où elle se faisait les dents dans la bonne vieille Berta.

Vers la fin du spectacle, les rideaux se ferment et Marlaena commence à chanter sur une musique d’accompagnement lo-fi. C’est peut-être parce que j’ai pensé à David Lynch (RIP), mais l’éclat lumineux des rideaux dorés, associé à la lumière des projecteurs, au look et à la gravité de Marlaena, me donne l’impression d’assister à un spectacle au Slow Club dans Blue Velvet.

Les rideaux s’ouvrent à nouveau et le groupe est de retour. Le spectacle se termine par un rappel intime d’une chanson inédite (appelons-la « I’ve Never Been Good At Guitar » pour l’instant) où Marlaena prend la hache et gratte quelques accords.

Qu’elle ait ou non craint de  » percer  » à Montréal, Marlaena Moore y est arrivée et elle est toujours une force avec laquelle il faut compter et qui ne cesse de s’améliorer.

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