La Britannique Arlo Parks s’est retrouvée devant un Théâtre Beanfield (autrefois Corona) plein à craquer.
Montréal découvre Arlo Parks sur scène, 23 ans, fragile, mélancolique parfois, touchante toujours, festive et rockeuse quand, en fin de show, elle s’accroche la guitare au cou et jamme avec un plaisir contagieux avec l’excellent trio qui l’accompagne, portée par le groove précis, irrésistible, de sa section rythmique.
Quand elle interprète Cola, la chanson qui l’a révélée en 2018, le Beanfield devient chorale et entonne I loved you to death and now I don’t really care.
Parks a grandi à Londres, mais ses racines nigérianes, tchadiennes, creusent aussi un sillon côté français, sa mère étant parisienne. La richesse de ses origines et de ses influences, expliquent la profondeur de sa création. On cherchera à la catégoriser indie-pop, néo-soul, sa palette est plus large; elle découvre King Krule à 13 ans, s’inspire de Hendrix, Bowie et Sufjan Stevens. En cours de show, elle salue au passage Radiohead, la filiation s’entend.
La poétesse explore les blessures de l’enfance, celles de l’amour brisé. Et les dangers de la vulnérabilité; dans Devotion, on tremble quand elle chante sur fond de guitare acérée: “Your eyes destroying me, I’m wide open, all yours baby, flood me with your nervous love”. Les méprises sentimentales y passent aussi, vous connaissez peut-être Eugene. Non? Remédiez-y rapidement.
Parks s’émeut de ce premier concert à guichets fermés en Amérique, on ne se surprendra pas que cet arrêt du Soft Machine American Tour soit le début d’une histoire d’amour entre elle et MTL. Ce ne serait pas la première fois que les mélomanes d’ici auraient créé une relation profonde et durable avec des artistes britanniques novateurs.
Précédée en première partie par une Chloé George à fleur de peau, craquante et inspirée, Arlo Parks offre en 75 minutes une prestation dont on sort ému. Sa poésie nous éloigne-t-elle de la lourdeur de l’époque? Elle en est tout près, plutôt, de cette lourdeur, si près qu’elle ne nous laisse plus à voir et sentir qu’une profonde humanité. On sort du Beanfiled l’esprit léger.