Depuis des années, rarissimes sont les artistes purement jazz qui attirent les publics de masse. Qui d’autre que Kamasi Washington est capable d’y parvenir? Poser la question, c’est y répondre.
Ainsi, ce à quoi ont eu droit samedi les dizaines de milliers de festivaliers et autres curieux massés au pied de la scène TD, Place des Festivals, était purement jazz.
Certes, la prestation impériale de l’imposant ténorman californien et sa bande était relativement similaire à celles données à deux reprises au MTelus avant la pandémie, mais ce passage d’un auditoire important à un public de masse demeure un exploit en soi. Qui se formalisera de cette redondance ? Bien peu d’observateurs.
Personnel comparable, deux batteurs d’enfer (Mike Mitchell, notamment ), le paternel à la flûte et au sax soprano (papa Washington est très chanceux de tourner avec fiston), un tromboniste, une choriste bien en voix, un pianiste hors du commun (Cameron Graves, wow ! ), et bien sûr n leader à la stature monumentale.
Ambiance paroxystique du début à la fin, esthétique totalement black américaine, approche parfois équarrie à la hache mais toujours fervente, esthétique jazz 1955-1965 sans actualisations tangibles mais une ferveur des plus contagieuses pour galvaniser les foules venues enfin à la rencontre du jazz.
Oui, il a fallu que le génial MC Kendrick Lamar propulse ces musiciens dans l’espace, mais ils sont toujours là depuis des années ! Kamasi Washington et sa tribu patrouillent le firmament de leurs prédécesseurs pour ainsi faire exploser les nuages de notes bleues.