Le 2 avril dernier, un concert de découvertes et d’affirmation féministe a eu lieu à la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal. La soprano montréalaise, d’origine iranienne, Bahar Harandi était accompagnée d’Amir Eslami au ney (flûte traditionnelle iranienne), Saba Yousefi au violon et Hooshyar Khayam au piano. À travers un répertoire constitué d’oeuvres contemporaines écrites par autant de compositrices irano-canadiennes, c’est tout un univers inspiré des racines persanes et de sa richesse historique qui nous a été présenté. Quelques pièces traditionnelles arrangées pour ney et piano ont débuté le concert, plongeant les spectateurs dans un décor sonore exotique mais aussi relativement près de la musique de Gurdjieff/Hartmann, du début du 20e siècle. Les autres pièces au programmes, de Parisa Sabet (née en 1980), Aida Shirazi (née en 1987) et Mina Arissian (née en 1979) ont démontré un très bon niveau de savoir-faire, allant du consonant de Sabet à l’expressionnisme plus exigeant de Shirazi, avant de revenir aux inspirations scriabiniennes de Arissian.
Les textes, plusieurs de Rumi, sont utilisés de façon symbolique dans le contexte de ce concert, même si leur prémisse initiale n’avait pas ces velléités. Par exemple, Be still, de Parisa Sabet (sur un texte de Rumi) nous dit :
Assieds-toi, reste tranquille et écoute,
parce que tu es saoul
et nous sommes en bordure du ciel
On n’a pas été surpris que la force expressive donnée à la voix se soit concentrée sur la première strophe. Bahar Harandi y a mis beaucoup d’intensité et il était impossible de penser à autre chose qu’un homme ordonnant cela à une femme dans l’Iran moderne (ou même ailleurs). Il y avait d’ailleurs plusieurs moments de puissante force dramatique un peu partout dans un programme assez varié en termes de texture musicale, de rythmes et d’atmosphère.
Harandi a chanté avec une voix belle et très bien équilibrée, alliant maîtrise technique et beaucoup de caractère émotionnel. La soprano a su également démontrer un bon jeu dramatique, accentuant certains passages de façon ici mordante, ailleurs plus cynique, ou encore avec une grande douceur.