Par une fraîche nuit d’automne, les adeptes du punk du Centre-Ville se sont rassemblés à guichets fermés au MTELUS, vêtus de leurs plus beaux t-shirts noirs, pour assister à l’avènement du quintette post-punk anglais IDLES, avec l’appui d’English Teacher.
Ma connaissance préalable de ces groupes provient d’une écoute rapide de leurs discographies et de quelques conversations avec des fans d’IDLES au fil des ans, qui m’ont laissé entendre que ce groupe avait une base de fans passionnés. Du genre « je les ai vus cinq fois et je me suis fait tatouer leurs paroles ». English Teacher est plus récent sur la scène, mais il fait déjà forte impression, puisque son premier album This Could Be Texas, sorti cette année, a remporté le très estimé Mercury Prize.
English Teacher était un plaisir à avoir en classe, pour ainsi dire. Je ne qualifierais normalement pas un groupe de rock d’élégant, mais beaucoup de groupes de rock n’ont pas de piano et de basse droite, n’est-ce pas ? La chanteuse Lily Fontaine navigue gracieusement entre le spoken word et le chant à gorge déployée, oscillant entre la crudité et la clarté de son timbre. « Nearly Daffodils » met en valeur toute cette gamme de flexibilité vocale, ainsi que des rythmes 7/8 aux cordes qui créent une atmosphère à la fois tendue et énergique. La légèreté des accords de piano et des arpèges de guitare qui complètent les paroles percutantes et les lignes de basse chaudes m’a rappelé de manière inattendue la chanteuse indie-pop britannique Kate Nash (qui, soit dit en passant, sera à Foufounes Electrique en octobre).
La foule est alors devenue complètement folle de IDLES. J’ai été témoin d’au moins deux murs de la mort et d’un nombre incalculable de sweat-shirts et d’appendices volants de la part des surfeurs de la foule. L’énergie de la foule et des artistes était à la hauteur : le guitariste Mark Bowen faisait tournoyer son instrument comme un hula hoop, le batteur Jon Beavis n’hésitait pas à lancer des blast beats sur la grosse caisse, et le chanteur Joe Talbot a maintenu une voix hurlée et débridée pendant une heure et demie. On a l’impression que ces chansons ont été conçues pour être jouées en live ; elles sonnent plus complètes avec des centaines de voix rauques qui soutiennent les déclarations du chanteur aux accents épais sur des morceaux comme « Gift Horse », criant « LOOK AT HIM GOOOOO » dans une ferveur béate et unifiée. C’est comme si l’on écoutait « Seven Nation Army » sur YouTube et que l’on entendait un stade de football hululer et brailler sur l’infâme ligne de basse.
J’ai le plus vibré avec IDLES lorsqu’ils s’aventuraient sur des morceaux plus groovy avec des rim-clicks de caisse claire et des rythmes syncopés comme sur « Samaritans » et « POP POP POP » de leur dernier album TANGK. Au pire, j’ai trouvé que des chansons comme « Car Crash » traînaient en longueur avec un bourdon monotone et un rythme pesant, plus comparables à un pneu qui se dégonfle qu’à une explosion. Néanmoins, il est indéniable que l’intensité et le dynamisme d’IDLES sont restés inébranlables tout au long du concert, et que le public s’est montré à la hauteur de leur enthousiasme.