En attendant la grande Fête nationale du Québec, Claude Dubois a offert un moment de grâce au cœur de Montréal. Un concert à la fois introspectif et généreux, mené par l’une des plus belles voix de la francophonie.
Claude Dubois entre à petits pas, cheveux gris, dos légèrement recroquevillé, vêtu d’un chandail ample noir, d’un veston noir, jeans et bottes de cow-boy. Ce n’est plus le boxeur bondissant de l’époque Sortie Dubois au Forum. Mais dès Le Labrador, cette voix bénie des dieux, ce timbre, cette sonorité, celle d’une vieille âme, prend toute son ampleur. Dubois incarne quelque chose de plus grand que lui-même. Et la salle, le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, accueille cette présence avec ferveur.Le spectacle est généreux, fluide, bien dosé. Certaines chansons se répondent, comme Infidèle suivie de Femmes de rêve. Dubois reste concentré derrière son micro, duquel il recule parfois de deux ou trois pieds, comme pour mieux projeter cette puissance nue.
Il est accompagné de The Twenty-Nines, le couple Julie Lamontagne (clavier, piano, avec un solo jazzé ovationné) et Tony Albino (batterie), rejoints par Richard Deschênes (basse) et l’hendrixien Kaven Girouard (guitares). L’ensemble navigue entre jazz, rock, pop, chanson française et même reggae.
Parmi les moments marquants, Pauvre Rutebeuf, poème du XIIIe siècle mis en musique par Ferré. La langue française est immortelle, glisse Dubois. Plus tard, Au bout des doigts, précédée d’un aparté sur les drogues d’hier, moins dangereuses dit-il, clin d’œil à l’ère du fentanyl et des zombies urbains.
Et puis les classiques. Il les dégaine un à un. Depuis que je suis né. Si Dieu existe, Le blues du businessman… Ovations. Élan. Communion.
Il aurait pu continuer encore une demi-heure.
Bref, on a revu un Claude Dubois calme et fragile, souverain et heureux. Comme on l’aime.
Photo : Victor Diaz Lamish