Un 4 juillet au FIJM: Marisa Monte, The Weather Station, Mezerg, The Bad Plus, black midi, Makhathini …

par Rédaction PAN M 360

Au Festival International de Jazz de Montréal, les experts de PAN M 360 assistent aux concerts qui secouent les mélomanes. Suivez notre équipe !

The Weather Station at FIJM / Benoit Rousseau

The Weather Station offre un climat merveilleux au FIJM

Accompagnée de son groupe, vêtue de bleu acidulé, Tamara Lindeman alias The Weather Station, a apporté la chaleur émotionnelle et la pluie au FIJM avec sa pop baroque jazzy et sa voix de sirène. En fait, sa voix peut passer d’un registre grave et conversationnel à un soprano lumineux en quelques secondes, hypnotisant le public en un clin d’œil. Son groupe est également une merveille, portant l’instrumentation à un autre niveau avec des solos de saxophone, des riffs de guitare délavés et retardés, et une section rythmique qui fait se balancer les corps. L’album Ignorance semblait faire partie de la setlist principale et peu du morceau complémentaire, How Is It That I Should Look At The Stars. Une partie de moi voulait vraiment entendre des morceaux plus anciens, mais je suis arrivé en retard, et c’est parfois le propre du showbiz.

Mais une fille sur le côté de la scène, qui, je pense, était la fille d’un membre invité du groupe et ne devait pas avoir plus de 12 ans, a exécuté de fantastiques mouvements de danse non chorégraphiés pendant les tubes Robber et I Tired To Tell You, ajoutant de la légèreté à des chansons aux sujets lourds comme les changements climatiques et la structure géopolitique mondiale qui s’assombrit. Je pense que c’est là l’attrait extraordinaire de la musique de The Weather Station ; peu importe à quel point elle est sombre ou triste, on peut toujours danser dessus.

Stephan Boissonneault

La grand messe sensuelle de Marisa Monte (avec Rommel en prime)

Mardi soir, au Théâtre Maisonneuve, nous étions quelque part entre Montréal et Montrecife. Un public très majoritairement brésilien, surexcité, habillé à quatre épingle s’était rassemblé pour accueillir Marisa Monte.

Beaucoup d’entre eux ont été surpris par l’arrivée sur scène  du brésilécois-allons-y d’un autre néologisme-Rommel, qui assurait la première partie.

L’auteur-compositeur né dans l’État du Maranhao au nord du Brésil et installé chez nous, a conquis le public rapidement. Dans la mouvance de Chico Cesar et, jusqu’à un certain point, du Lenine des premières années, il a présenté des extraits de Karawara, son sixième album, qui rend hommage aux autochtones du monde entier. C’était une formidable vitrine offerte par le FIJM, en première partie d’une grande étoile brésilienne . Et Rommel n’a pas raté sa chance. Il s’est fait beaucoup de nouveau amis. Ses créations sont de plus en plus originales. 

La salle était déjà chauffée à bloc, quand Marisa Monte a fait son apparition sur scène, sur une musique très atmosphérique pinkfloydienne.

Puis elle s’est lancée à fond dans l’interprétation de Portas, son premier disque original en dix ans.

Une fois de plus, ce mélange de sophistication et de musique populaire nous saute aux oreilles. Les arrangements du trio de vents-cuivres, du tromboniste Antonio Neves, sont hyper savants et s’harmonisent fabuleusement à la voix de Marisa. On croirait parfois entendre du Steve Reich. 

Et quelle voix! C’est vraiment en concert qu’on réalise l’étendue de son registre vocal, puisque la dame a fait longtemps du chant classique. 

Autre surprise: elle a fait toutes ses présentations de chansons en français. Même devant une salle essentiellement lusophone. Bravo madame!

Après la section consacrée au nouveau disque, la rayonnante chanteuse et compositrice s’est lancée dans l’interprétation de nombreux succès passés. 

Entre chaque chansons, elle présentait longuement un de ses musiciens avant de lui faire un câlin. Pour montrer l’importance de l’équipe.

Quand j’ai quitté , peu de temps avant la fin, le Théâtre Maisonneuve était en transe.

Marisa Monte, c’est l’intelligence, la sensualité, l’ouverture.

Par contre, Marisa, laisse tomber ta robe de première partie qui clignote et fait mal aux yeux. 

Mezerg at Rio Tinto Stage / Benoit Rousseau

Mezerg transforme la scène extérieure Rio Tinto en boîte de nuit

Si vous êtes comme moi et que vous suivez un tas de musiciens sur Instagram après avoir observé leur virtuosité pendant quelques vidéos, vous connaissez peut-être déjà Mezerg, une machine techno française, one-man band qui n’utilise que des instruments live comme le clavier synthé, le thérémine et le kick pour créer une fête dansante endiablée.

Il est intéressant d’observer Mezerg en action, lorsqu’il décide quelle ligne de synthétiseur mettre en boucle ou quel coup de pied de batterie pour commencer sa chanson. Cet homme est construit sur l’improvisation, affiné par ses talents de thérémine qui défient les profondeurs et submergent complètement le public, comme s’il nous ordonnait à tous de partir en guerre. Le jeu d’éclairages était également grandiose, parfois synchronisé avec le kick de Mezerg, que je suis presque sûr qu’il contrôle le tout via MIDI, mais qui sait ? Mezerg est probablement plus apte à jouer à MUTEK Montréal qu’au FIJM, mais la foule était en admiration devant ses talents de techno-jazzman et plus qu’heureuse de se déplacer dans le club extérieur qu’il a créé.

Stephan Boissonneault

The Bad Plus en tant que quartette

Photo Benoît Rousseau

Deux décennies plus tôt ou peut-être un peu plus, The Bad Plus avait été qualifié de « trio acoustique le plus pesant du jazz ». On aimait alors The Bad Plus pour ses reprises jazzifiées de musiques cool du moment, de l’indie rock à l’électro. De surcroît, on appréciait leurs propres compositions, très en phase avec les tendances jazzistiques du dernier quart de siècle.

On se souviendra aussi d’une collaboration magnifique avec le saxophoniste Joshua Redman, au milieu des années 2010. Puis le trio acoustique s’est transformé après le départ du pianiste Ethan Iverson. La contrebasse (Reid Anderson) et la batterie (Dave King) ont dû conclure d’autres alliances. Et celle devant laquelle nous nous sommes retrouvés,  mardi soir au Monument National, était tout à fait distincte de l’ancienne mouture. Sous étiquette Edition, un album homonyme en témoigne, sorti en 2022.

Reid Anderson n’a pas manqué d’humour, notamment en présentant sa pièce Motivation 2 et rapportant les appréhensions  de certains, à savoir si cette œuvre était plus motivante que Motivation 1. Ou encore cette pièce You Won’t See Me Before I Come Back où il indique s’être rendu au Tim Hortons. Haha!

Grande différence dans l’instrumentation : Ben Monder est clairement un maître de la guitare jazz de notre époque, tant pour son articulation virtuose que ses orientations créatives en tant que compositeur ou improvisateur. Au saxo (ténor dans ce contexte), Chris Speed roule sa bosse depuis longtemps dans l’écosystème du jazz new-yorkais, sa réputation n’est plus à faire, sa haute virtuosité ne fait nul doute. 

Au programme du Monument-National , on mise désormais davantage sur le répertoire original que sur une exécution singulière des vieux et nouveaux standards. À savoir si l’identité ou la marque The Bad Plus est absolument nécessaire à la réussite à long terme de ce quartette fort intéressant (et moins spectaculaire)  on vous le donne en mille.

Alain Brunet

black midi at FIJM / Frédérique Ménard Aubin

black midi mène le Club Soda au feu de l’enfer

Devant une salle comble au Club Soda, black midi a offert un spectacle digne de son nom. Avec son post-punk frénétique, leur math rock et leur indie jazz, le tout enveloppé d’un manteau d’expérimentation avant-gardiste, la foule de jeunes spectateurs a eu droit à une soirée spectaculairement chaotique.

Après que l’auditoire eut été chauffé à blanc par Joseph Shabason, le quatuor britannique est entré sur scène avec un air de confiance nonchalante, ressemblant à une équipe hétéroclite de savants fous sur le point de se mettre au travail. Geordie Greep, l’énigmatique frontman du groupe, s’accroche à sa guitare avec une intensité qui confine à la possession. Son regard perçant et ses propos schizophréniques sur scène suggèrent un conduit vers un royaume éthéré qui se trouve juste au-delà de la portée de l’entendement des mortels. Le batteur Morgan Simpson s’est avéré être une véritable force de la nature, et j’ai passé le concert à être envoûté par son athlétisme.

Jouant beaucoup de morceaux de l’album Hellfire, le groupe s’est également fait plaisir avec quelques classiques de Shlagenheim. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’un mosh pit débauché se forme sur le devant de la scène, et j’ai parfois eu l’impression que le groupe ressemblait à des sénateurs romains commandant leurs légions dans une œuvre de Hieronymus Bosch.

Varun Swarup

Makhathini… ça frappe fort !

J’ai commencé ma soirée musicale du 4 juillet avec un trio de jazz, je l’ai terminée avec un autre, bien différent.

Le trio du cubain québécois Rafael Zalvidar, accompagné du saxophoniste alto Luis Deniz, a offert un jazz savant, un peu scolaire pour moi , mais a comblé la foule, qui était en grand nombre au studio TD, à 18h 00.

En revanche, le Sud-Africain Nduduzo Makhathini ont offert une performance beaucoup plus iconoclaste au Pub La Traversée Molson Export. L’Esplanade Tranquille était tout sauf tranquille. 

Certains appellent ça du jazz spirituel, d’autres pourraient dire du jazz destructeur. Je suis arrivé à mi-chemin du concert de 22 H 00. Makhathini, son bassiste Zwelakhe-Duma Bell et son batteur Francisco Mela étaient déjà en sueur.

Ces jeunes loups du jazz tapent fort sur leurs cordes, sur leurs peaux ou sur les ivoires. Mais transpire de tout cela une urgence de vivre, une énergie folle.

Ça joue fort, mais ça demeure acoustique et jazz, avec des passages free. 

Un jazz imparfait, mais très parlant, susceptible de joindre un jeune public. Et le vieux que je suis a apprécié se faire brasser.

J’ai toutefois eu un peu peur pour l’état du piano à la fin du concert…

Michel Labrecque

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