PAN M 360 a sollicité des acteurs et activistes de la scène musicale montréalaise pour proposer en exclusivité un mix inspiré de ce qui est tendance à leurs yeux. En espérant que ce chassé croisé de regards sur la musique vous immerge dans leur univers, PAN M 360 vous souhaite bonne écoute !
GRONDINI est versatile et créatif. Une énergie bouillonnante, en effervescence constante, au rayonnement rassembleur: Mathieu Grondin est DJ, Directeur Général de MTL24/24 -une organisation qui soutient le développement de la vie nocturne à Montréal- et il fut également monteur/réalisateur de vidéos, films et publicités. Pour PAN M 360, GRONDINI nous dévoile une sélection rafraîchissante, pétillante et éclectique. L’expérience est à vivre au Datcha et au Système aux soirées Cozmique.
PAN M 360: Peux-tu me décrire rapidement la musique que tu aimes écouter? Ou ce qui fait la tendance en ce moment pour toi?
Mathieu: La première fois que je suis allé dans un rave j’avais 15 ans; c’était en 1995. Quand je suis entré, Tiga jouait Rollin’n’Scratchin’ de Daft Punk et ce fut une révélation. À l’époque, j’écoutais de l’industriel et des trucs comme Nine Inch Nails. Ça c’était différent, plus dance, mais ça gardait un esprit punk. Cela m’a pris plusieurs mois avant de découvrir ce qu’était cette chanson. Il n’y avait ni Shazam ni internet alors il fallait aller dans les boutiques de disques spécialisées pour les DJs; souvent il n’y avait que quelques copies en vente que le vendeur gardait pour les DJs qui jouaient en boîtes de nuit. Ça m’a pris 15 ans je pense avant de trouver cette chanson de Daft Punk en vinyle (usagé!), mais la piqûre est arrivée immédiatement. Mon père était disc jockey de rock à la radio. J’ai grandi entouré de vinyles. Là, j’avais l’occasion de vivre ma rébellion adolescente et mon trouble d’opposition en aimant la techno plutôt que le rock, mais ça se faisait dans la continuité des disques vinyles que mon père affectionnait.
Mon premier idole était Jeff Mills alors j’essayais de répliquer son style de techno rapide et rythmique joué à trois tables. J’étais pas mauvais mais je n’avais pas encore trouvé mon style. Puis, au début 2000, les raves sont devenues moins populaires alors j’ai commencé à jouer du dance rock dans des bars comme la Rockette et le Salon Officiel. C’était moins mon truc mais ce que j’ai toujours préféré au-delà de la musique, c’était de faire danser les gens. Ma soirée préférée à cette époque, c’était les jeudis de DJ MINI au club Parking. Elle jouait de l’électro et y’avait le petit côté punk/new wave que j’aimais beaucoup. Y’avait pas beaucoup de filles qui mixaient à l’époque; ça prenait du cran pour s’imposer dans le boys club et MINI l’avait. Les soirées aux Parking rassemblaient les lesbiennes, les gays, les straights, les anglos et les francos. C’était très Montréal!!
Puis, dans les années 2000, tout le monde voulait du disco. On buvait de la Pabst à 5$ dans les after illégaux. J’avais réussi à faire quelques soirées avec Thomas Promise et Adam Wilcox; j’avais même booké Elle Barbara pour mon anniversaire à l’époque, mais les policiers finissaient toujours par fermer ces espaces et nous coller des amendes. C’est un peu ce qui a mené à la création de MTL 24/24; j’en ai eu ras-le-bol un moment donné et je voulais que ça change.
PAN M 360: Confie-nous les motivations qui ont guidé ta sélection musicale pour notre série MIX Spécial PAN M 360.
Mathieu: J’ai essayé de rendre hommage à ce son que MINI et le Parking avaient à l’époque, mais en le réactualisant. Je suis connu comme un DJ d’Italo Disco, mais le terme est réducteur pour décrire ce que je mixe. J’ai tellement joué de styles depuis 25 ans que j’aime me promener d’un genre à l’autre. En soixante minutes, c’était pas facile alors je me suis concentré sur l’expérience que Christian Pronovost et moi essayons de faire vivre lors de ma soirée Cozmique qui a lieu à peu près mensuellement au Système et au Datcha: un son très club (qui détonne avec la techno rave très lourde qui prévaut actuellement – j’ai donné dans les années 90 je n’y retournerai pas désolé haha!) Inspiré des sonorités Italo Body Music et Neo Goa avec une touche de fromage pop – je ne peux jamais m’en empêcher !
PAN M 360: Et pourquoi donc faudrait-il s’en empêcher ?!
Mathieu: Ma motivation principale c’est de faire danser une masse de gens; c’est niché comme son mais ça reste très accessible aux masses. Je considère que c’est underground parce que ça ne se joue pas souvent à Montréal, mais c’est très populaire en Europe auprès d’artistes comme Cormac, Kendal et Jennifer Cardini, et aussi les étiquettes Polaris, Correspondant, Ritmo Fatale ou Italo Moderni. On entend ça au Panorama Bar à Berlin, au Sub Club à Glasgow, au Nitsa à Barcelone et partout aux Pays-Bas ou en France. Je pense qu’on n’a pas beaucoup de clubs à Montréal, on est très rave et événements. Ça manque ici; les clubs permettent de bâtir des communautés et de sortir du DJ comme superstar qu’on met sur un stage. Au club, on ne sait pas toujours qui va jouer. On fait confiance, on découvre. En espérant que ce mix plaise et fasse découvrir ce son à des gens d’ici !