Que valent vraiment 100 millions $ de plus pour aider les médias traditionnels, gracieuseté d’un géant du web? Que valent 125 millions $ de moins chez CBC / Radio-Canada ?
Voilà que cette somme de 100 millions $, récemment obtenue d’Alphabet / Google au Canada et arrachée de haute lutte au géant du web, est relativisée par les coupures de CBC/Radio-Canada: 125 millions $. Le budget annuel du diffuseur public était de 1,3 milliard $ avant les coupures impliquant 800 postes répartis dans les services anglais et français de la société d’État.
Compare-t-on des pommes avec des oranges ? NON. Cet alléchant paquet cadeau de 100 millions de Google n’a rien d’une panacée et nous permet d’évaluer la grosseur réelle de la tarte à partager entre tous les médias canadiens, dont les revenus fondent comme neige au soleil.
Après que les médias écrits ont essuyé les premières baffes, voici la toute puissante télé traditionnelle qui plie les genoux. Cet automne, TVA a réduit considérablement son personnel, la Coopérative nationale de l’information indépendante en a fait de même il y a quelques semaines au tour de CBC/Radio de connaître une journée noire ce lundi 4 décembre. Une baisse de revenus de 44% depuis l’an dernier ont conduit les gestionnaires à couper kif kif chez les anglos et les francos. Plusieurs experts considèrent cela inéquitable car les parts de marché de Radio-Canada sont de 24% et celles de CBC le sont de 4%. À cela, la direction de la société d’État réplique que la portée des deux services sur le web sont à peu près égales. Sur le fond… on devine que la direction de CBC n’aurait pu supporter le poids politique d’admettre les scores trop bas de la CBC dans la sphère traditionnelle.
Alors retournons à Google, dont les compensations sont beaucoup trop minces pour inverser la tendance. La posture monopolistique des GAFAM est loin, très loin d’être ébranlée avec cet octroi, somme toute beaucoup trop modeste si on le met en perspective. Selon des économistes américains de l’université Columbia cités lundi à RDI, Google devrait plutôt octroyer 750 millions$ au Canada plutôt que 100 millions. Hypothèse progressiste pour l’instant…. Car il y a loin, très loin de la coupe au lèvres.
Qu’on le veuille ou non, les médias traditionnels se dirigent de moins en moins lentement et de plus en plus sûrement vers ce changement de paradigme. La crise des médias traditionnels est-elle un cancer incurable ? Poser la question…
Inéluctable, ce déclin de l’écosystème médiatique traditionnel se poursuivra, la descente aux enfers ressemble étrangement à celle de l’industrie de la musique dans les années 2000. Depuis lors, les revenus de la musique ont été progressivement concentrés dans les portefeuilles d’une infime minorité de pop stars qui dominent outrageusement les plateformes d’écoute en continu. L’immense majorité se partage des miettes et les métiers de la musique ne progressent plus depuis deux décennies… sauf pour Taylor Swift et consorts, bien évidemment.
Avec les traumatismes de plus en plus sévères vécus à la télé traditionnelle, un portrait comparable se dessine et il est beaucoup plus considérable que celui de la musique: des géants du web indélogeables, l’écroulement des anciens géants des écosystèmes nationaux et… une foule de petites initiatives qui poussent sur le web et qui cherchent à opposer de nouveaux modèles aux monopoles, américains pour la plupart. Inutile d’ajouter que les plateformes comme PAN M 360 font humblement partie de la solution à long terme.